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Joachim habite la région liégeoise. Il est le propriétaire d’une voiture de marque premium dont il prend particulièrement soin. Via notre bouton orange Alertez-nous, il nous raconte sa mésaventure : « Mon véhicule, déposé pour une réparation, a été utilisé à des fins privées durant la nuit par un membre du personnel du garage sans mon autorisation. »
Ce matin-là, un vendredi, Joachim laisse sa voiture chez son concessionnaire de confiance. Comme elle dispose des dernières technologies, elle est reliée à son smartphone via une application. Mais pendant la nuit, surprise : « L’app m’a averti par notification que ma voiture avait été déverrouillée vers 1h du matin. »
Inquiet, il la géolocalise : « Je ne la vois plus du tout au garage. Elle était localisée dans un autre parking qui n’avait rien à voir. J’ai attendu le lendemain matin et en me levant, j’ai constaté qu’elle avait encore bougé et qu’elle se trouvait désormais dans le parking d’un appartement. »
Son garagiste lui répond que c’est une pratique normale
Outré, il appelle alors son garagiste. « Ils m’ont répondu que j’avais demandé un test et donc voilà. Alors oui, le garage m’avait demandé par téléphone l’autorisation pour des essais de roulage le samedi, mais dans un cadre strictement professionnel. Là, l’usage nocturne observé dépasse clairement ce cadre et constitue une utilisation abusive et non autorisée de mon bien », estime-t-il.
D’autant plus que sa voiture dispose tout de même d’un peu plus de 200 ch… « On voit qu’ils se sont amusés : la consommation était au-delà des 15 litres aux 100 km quand je l’ai récupérée » dès le lendemain matin, sale et avec entre 15 et 20 km de plus au compteur. Quand il fait part de sa colère au responsable du garage, sa réponse « a été surprenante : il considère cette pratique comme normale », dénonce-t-il.
Il dépose une première plainte auprès de la marque de son concessionnaire, « qui a très bien réagi » et s’est dit surprise d’entendre ça. Il reçoit dans la foulée une lettre d’excuse de son garage… dans laquelle « ils m’ont avoué qu’un de leurs techniciens devait se rendre chez des amis ce soir-là et en a profité pour faire le test de ma voiture. »
L’utilisation du véhicule à des fins privées n’est pas autorisée
Est-ce bien normal d’utiliser les voitures de clients à des fins privées et que dit la législation ? La réponse du porte-parole de Traxio, la fédération belge du secteur automobile, est sans appel : « L’utilisation du véhicule à des fins privées ou sans lien direct avec la mission confiée n’est pas autorisée, sauf accord exprès du client », explique Filip Rylant. Car « si l’essai excède ce qui est strictement nécessaire, comme un trajet long, un essai nocturne ou un usage répété, il doit faire l’objet d’un accord préalable, de préférence écrit ».
Ce qui n’a pas été le cas pour Joachim. Pour lui, c’est clair : « On voit qu’il y a eu un abus et le garage se dédouane de tout. » Il a donc également porté plainte auprès de sa police locale.
Aujourd’hui, il veut sensibiliser les clients car selon lui, la pratique serait habituelle, ce que conteste Traxio. « Un usage du véhicule en dehors du cadre strictement professionnel demeure très rare », insiste le porte-parole.
Mais selon divers forums sur lesquels la problématique est discutée tant par des particuliers que des professionnels du métier, il semblerait que le fait de rentabiliser les essais des voitures des clients, par exemple en en profitant pour aller chercher une pièce chez un fournisseur, soit relativement habituel, tout en restant dans un cadre professionnel.
En cas d’accident, votre assurance peut être amenée à payer
En cas d’accident qui arriverait pendant ces essais, tout est très clair : « Le professionnel est tenu d’une obligation de résultat : il doit restituer le véhicule dans le même état qu’au moment où il lui a été confié, sous réserve bien entendu du défaut signalé », explique Filip Rylant. Donc « s’il cause un dommage, il en assume la responsabilité ».
Concrètement, « en cas d’accident lors d’un essai, la couverture dépend du dommage », détaille-t-il. « Vis-à-vis du client, pour les dommages causés à son propre véhicule, c’est la RC (responsabilité civile, NDLR) exploitation du garagiste qui joue, à condition que son contrat d’assurance couvre bien la conduite et les essais de véhicules confiés. »
Par contre, « vis-à-vis des tiers, par exemple un autre automobiliste, c’est la RC Auto du véhicule du client qui intervient », sauf pour les professionnels qui « utilisent des plaques professionnelles V, permettant que la responsabilité civile liée à cette plaque couvre le risque. »
Voilà pourquoi il est important de correctement baliser les conditions des essais avec votre garagiste avant de signer le contrat qui détermine les prestations qui seront effectuées sur votre véhicule.


















