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Le confinement a nettement fait grimper le nombre de divorces: "Il n'a fait qu'accentuer quelque chose qui était déjà présent avant"

C'est l'une des conséquences négatives du confinement que nous venons de vivre: certains couples n'ont pas résisté aux journées passées 24/24h ensemble à la maison et le nombre de demandes de divorce est en train de grimper en flèche, a notamment constaté la Fédération des notaires de Belgique. Pour en parler et donner des pistes de réflexions, la psychologue et sexologue Marie Tapernoux était l'invitée du RTL info Bienvenue de ce mardi.

C'est le constat est dressé officiellement par la Fédération des notaires de Belgique. "On voit en fait une augmentation de 25% des divorces au niveau de la deuxième partie du mois de mai. Evidemment, ce sont des divorces par consentement mutuel donc on ne parle pas de divorces conflictuels", a précisé Maître Sylvain Bavier, notaire, lors de son passage dans le RTL info Bienvenue de ce mardi. "On peut constater qu'on a 1 divorce sur 2 qui se situe entre 36 et 50 ans. Après ça, on va au-delà de 25% pour les divorces entre 50 et 65 ans. Pour le reste, cela reste négligeable".

"Des tensions étaient présentes mais masquées..."

Est-ce que ces couples qui décident de se séparer étaient des couples qui n'allaient déjà pas bien avant le confinement? "A mon niveau, j'observe vraiment que le confinement n'a fait qu'accentuer quelque chose qui était déjà présent avant", a indiqué Marie Tapernoux, psychologue et sexologue. "Un peu finalement comme un miroir grossissant qui cristallise en fait des tensions qui étaient présentes avant mais qui étaient masquées parce qu'on travaille, parce qu'on se voit moins, parce qu'on a une vie sociale. Et donc, le fait de se retrouver ensemble non-stop finalement a mis vraiment en évidence qu'il y avait un dysfonctionnement au niveau de la dynamique de relations".

"Les couples qui viennent me voir me disent que là, ça ne va plus du tout. Avec le confinement, on s'est rendu compte qu'il y avait des choses qui n'allaient pas et on ne se supporte plus. Donc, à partir du moment où ils viennent, c'est déjà positif, c'est qu'il y a quand même un espoir et une envie de travailler là-dessus. Maintenant, évidemment, il y a d'abord une prise de distance à avoir par rapport à ce qui s'est passé pendant le confinement car ce n'est quand même pas le reflet de la réalité et puis, ensuite, il faut remettre en place des bases pour pouvoir réinvestir cette relation".

Attendre le retour à la vie normale

Prendre la décision de se séparer ou de divorcer est donc un peu trop précipité. Ne faut-il pas attendre un retour à la vie normale? "Moi, c'est ce que j'ai envie de conseiller. Maintenant, pour certains, ça a peut-être été la goutte qui a fait déborder le vase mais je trouve dommage d'en arriver à prendre une telle décision dans une période qui est hors réalité d'une certaine manière. Et puis, j'ai tendance à dire qu'on n'a jamais rien à perdre a tout tenter finalement. Au moins, on n'a pas de regrets si on a tenté de mettre en place une autre dynamique de couple sauf pour ceux qui en période de confinement se sont dit qu'on arrêtait là et qui n'ont plus envie finalement de tenter encore quelque chose".

"Prendre soin du couple"

Que peut-on dire aux couples qui ont eu du mal mais qui ont tenu? "Le plus important, c'est de réaliser qu'en fait la relation de couple on doit en prendre soin un peu comme on prend soin d'une personne, d'un enfant. On doit préserver cette relation de couple. En période de confinement, on a mis d'une certaine manière le couple de côté donc, là, c'est indispensable de vraiment le réinvestir. Et concrètement, en reprenant du temps à deux en amoureux". Comme par exemple retourner au restaurant et de faire des choses comme ça. "Tout à fait. Il faut s'aérer, il faut sortir de cette maison dans laquelle on on pense très vite aux côtés pratico-pratiques et aux taches à réaliser. Il faut prendre l'air à deux, mais c'est aussi important de prendre l'air seul parce que finalement pendant cette période on n'a vu personne, certains ne sont pas sortis du tout chez eux. Et donc, du coup, c'est vraiment important d'en même temps s'aérer mais pour mieux se retrouver".

"La base pour être bien avec l'autre, c'est d'abord d'être bien avec soi-même "

Le confinement a été la preuve que pour qu'un couple fonctionne il a besoin d'air. "La base pour être bien avec l'autre, c'est d'abord d'être bien avec soi-même et donc il faut pouvoir prendre du temps pour soi, pour ensuite mieux aller vers l'autre et mieux se retrouver. Donc, je pense que le plus important c'est vraiment la dimension de la qualité. La qualité avec l'autre, la qualité avec soi-même. On peut avoir une quantité de moments comme il y a eu pendant ce confinement mais finalement ce n'étaient pas des moments de qualité. Donc, c'est très important de finalement pouvoir se retrouver soi-même, retrouver l'autre et puis d'une certaine manière reprendre un rythme qui convient ou pas. Mais, en tout cas, c'est le cas de se poser la question de savoir quel est le rythme qui nous convient".

"La thérapie brève"

Combien de temps peut durer une thérapie de couple? Peut-il y a voir des résultats rapidement ou c'est forcément long? "Il y a différents types de psychothérapie. Maintenant, je trouve que celle qui est la plus pratico-pratique, c'est ce qu'on appelle 'la thérapie brève' qui donne vraiment des outils concrets. Dans ce genre de situation, on n'est pas prêt à faire une thérapie qui dure des années, il y a un peu urgence, il faut désamorcer des bombes qui sont prêtes à exploser et donc à travers quelques séances on arrive déjà à désamorcer, à donner des clés notamment en termes de communication qui vont permettre d'apaiser et puis éventuellement après s'ils veulent ils peuvent poursuivre plus loin la thérapie".

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