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Des salles de consommation de drogue pourraient voir le jour en Belgique: voici leurs avantages

Le débat est relancé. Plusieurs grandes villes, Bruxelles, Liège, Charleroi, voudraient pouvoir aménager des salles de consommation de drogues.

Liège, Charleroi et Bruxelles ont toutes le projet d'ouvrir des salles de consommation de drogues à moindre risque. Malgré la demande et les avantages constatés à l'étranger en matière de santé, le gouvernement fédéral affirme que ce n'est pas une priorité pour cette législature.

Des salles de consommation de drogues ne devraient donc pas ouvrir en Belgique avant quelques années.

Une étude sur la faisabilité technique de salles de shoot dans 5 grandes villes du pays (Bruxelles, Charleroi, Liège, Anvers et Gand) vient d'être menée par l'UCL et l'Université de Gand. Elle a été présentée cette semaine à la Cellule générale de politique en matière de drogues. 

L'étude présente les avantages de l'encadrement pour les personnes dépendantes qui utilisent les lieux. Ses avantages seront analysés dans les prochaines semaines.


Qu'entend-on par "salle de consommation de drogues" ?

Aussi appelés "salle de shoot" ou "drug room", ces lieux accueillent les personnes dépendantes. Elles peuvent consommer, s'injecter de la drogue en toute sécurité et dans de bonnes conditions sanitaires. Il existe différents modèles : soit les consommateurs viennent avec leurs propres produits, soit la salle fournit de l'héroïne médicale.

Pour Cédric, 26 ans et ancien toxicomane, ces salles de consommation seraient bénéfiques. "Ça aurait été dix fois mieux, on aurait été encadré et au moins, ce n’était pas dehors. Les déchets auraient été mis à la poubelle. Il faut des salles, il le faut", témoigne-t-il au micro de Céline Praile.


Quels sont les avantages de ces dispositifs ?

En matière de santé, cela permet une diminution des overdoses fatales. Les infections, risques de transmission du sida ou de l'hépatite C sont eux aussi diminués. De plus, ces salles permettraient de réduire les risques liés à la consommation. Les substances, 50 à 100 fois plus dangereuses que l'héroïne, peuvent être repérées et analysées. Enfin, les consommateurs sont pris en charge par des professionnels de la santé.

Ces salles de shoot ont également pour but de mettre fin aux "scènes ouvertes", autrement dit, les lieux où les toxicomanes consomment à la vue de tous. Ces dernières, qui peuvent choquer les passants et riverains, provoquent de nombreuses nuisances. "Quand on doit enlever notre manque, on doit l’enlever. Que les gens nous voient ou pas, on s’en fou !", confie Karim, 48 ans et ancien toxicomane, au micro de Céline Praile.

D’un point de vue social, ces salles ont pour but de créer du lien et reconnecter les consommateurs à la société.


Aucune salle de ce type en Belgique 

Enfin, le dispositif présente également un avantage économique. Investir dans ce genre de salles permet de réaliser des économies dans d'autres domaines. On compterait ainsi moins d'intervention des forces de l'ordre dans les lieux de consommation.

Pour l'instant, il n'existe pas de salles de ce type en Belgique. Liège avait mené Tadam, une expérience scientifique, il y a quelques années. Une fois l'expérience terminée, les locaux avaient été fermés.


"La salle ne vise pas à faciliter la consommation"

La loi de 1921 sur les stupéfiants pénalise la facilitation de l'usage de drogues. Il peut donc y avoir des projets pilotes mais aucune solution pérenne. "Cette loi n’est plus du tout en accord avec la réalité d’aujourd’hui (…) La salle de consommation à moindres risques ne vise pas à faciliter la consommation mais facilite la reconnexion sociale et de santé d’une personne grandement précarisée", assure Sébastien Alexandre, directeur de FEDITO, la fédération bruxelloise francophone des institutions pour toxicomanes.

Actuellement, les associations distribuent des seringues propres mais les consommateurs doivent les utiliser en rue, dans des squats, des parkings, soit dans des conditions sanitaires déplorables.

Le CD&V et la N-VA sont opposés aux salles de consommation. Il y a donc peu de chance que la loi évolue sous cette législature.

Ailleurs en Europe, ces salles de consommation sont largement répandues. Il en existe notamment en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Allemagne, en Suisse, en Espagne et au Danemark.

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