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Francis dénonce les nouvelles règles de parking à Charleroi pour les personnes à mobilité réduite: "C'est discriminatoire"

Cet habitant de Marchienne-au-Pont a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer le nouveau plan de stationnement mis en place à Charleroi depuis le 1er janvier 2022. En tant que personne à mobilité réduite, il pouvait stationner gratuitement sur n’importe quelle place du centre-ville de Charleroi, moyennant une inscription préalable auprès de la régie en charge des parkings. Depuis la mise en œuvre de ce nouveau règlement, le nombre de place PMR a augmenté mais il n’est désormais plus autorisé de se garer partout gratuitement...

"La ville de Charleroi a mis en application un nouveau plan de stationnement. Dans l’ancien règlement, nous, les PMR, pouvions bénéficier de la gratuité du stationnement sur n’importe quelle place disponible. Avec ce nouveau règlement, seules 120 places nous sont réservées. En-dehors de ces places, nous devons nous acquitter du prix du stationnement comme n'importe quelle personne valide. Si toutes les places PMR sont occupées, est-ce normal que la ville se permette de nier notre handicap en nous relayant parmi les personnes valides ?", s’interroge Francis, qui a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer ce qu’il qualifie de "discriminatoire".

Cet habitant de Marchienne-au-Pont est considéré comme personne à mobilité réduite depuis 2018, suite à une greffe de rein. Il doit aujourd’hui prendre certains médicaments spécifiques pour éviter un rejet mais il doit systématiquement s’approvisionner dans la même officine. "Je dois avoir une pharmacie de référence qui doit toujours avoir au moins une boîte de médicaments disponible", dit-il. La pharmacie en question se trouve sur le boulevard Joseph Tirou, dans le centre de Charleroi. "Il s’agit d’une artère importante de la ville, sur laquelle se trouvent encore quelques commerces", nous détaille notre interlocuteur.

On dispose de moins de places que quand on pouvait utiliser toutes les places et on doit payer le stationnement comme n’importe quelle personne valide

Mais depuis le 1er janvier 2022, Francis nous explique rencontrer des difficultés pour stationner sur ce boulevard. En cause selon lui ? La mise en application d’un nouveau plan de stationnement. "Avant le 1er janvier de cette année, les PMR pouvaient se garer sur n’importe quel emplacement gratuitement si toutes les places réservées aux PMR étaient occupées. Il fallait simplement s’inscrire auprès de la régie qui gère les parkings à Charleroi pour être encodé dans leur base de données", raconte-t-il.

Aujourd’hui, avec le nouveau plan de stationnement, les règles ont quelque peu changé : la ville de Charleroi a décidé d’augmenter le nombre de places destinées aux personnes à mobilité réduite, passant ainsi de 69 à 151 places, dont une trentaine sont actuellement inaccessibles pour cause de travaux. En contrepartie, ces personnes ne peuvent désormais plus stationner gratuitement sur les autres places de parking lorsque toutes les places PMR sont occupées. C’est ce qui fait bondir Francis, qui estime que cette décision est "aberrante". "Ils font des grandes annonces pour dire qu’ils ont plus que doublé le nombre de places mais c’est un faux calcul, dénonce-t-il. Maintenant, on dispose de moins de places que quand on pouvait utiliser toutes les places et si on se gare sur ces places, on doit payer le stationnement comme n’importe quelle personne valide."

Son souhait ? Revenir à l’ancien système

Dans les faits, ce n’est pas tellement le prix du parking qui embête Francis mais plutôt le principe même de ce nouveau règlement. "Si on nous octroie une carte PMR, ce n’est pas une faveur que l’on nous fait. Si je pouvais ne pas être handicapé, je serais quand même beaucoup plus heureux. Ce n’est pas pour les 4 ou 5 euros que je râle mais pour le principe. Je ne demanderais pas mieux de devoir les payer mais ne pas souffrir de toutes mes pathologies…", confie notre interlocuteur. Outre sa greffe de rein, Francis souffre en effet également de lymphœdème au niveau des membres inférieurs. Ses douleurs et gonflements l’empêchent de se déplacer à pied sur de longues distances. C’est ce qui lui pose problème au niveau du stationnement à Charleroi. "J’ai aussi des problèmes cardiaques donc je suis très essoufflé. C’est pour ça que, dans la mesure du possible, j’essaie de me garer au plus proche", glisse-t-il.

Mais avec cette nouvelle politique, il ne parvient justement aujourd’hui plus à se garer tout près de son lieu de destination. "L’autre jour, je devais absolument aller chercher mon médicament à la pharmacie. J’ai fait plusieurs fois le tour pour trouver une place PMR mais il n’y en avait plus de disponible. Donc, je me suis mis sur une autre place pour être tout près mais j’ai reçu une redevance de 25 euros, malgré la présence de ma carte PMR sous mon pare-brise", poursuit ce Carolo. Francis a contesté l’amende qui a finalement – à titre exceptionnel – été annulée. "La deuxième fois que c’est arrivé, j’ai payé mais je trouve cela lamentable de la part de l’administration communale de Charleroi de vouloir récupérer de l’argent sur notre dos."


© RTL INFO

En poussant notre bouton orange Alertez-nous, Francis souhaite simplement pointer du doigt ce règlement qui, selon lui, n’est pas "respectueux des personnes à mobilité réduite." Il voudrait que les personnes soient traitées au cas par cas, selon leur situation. "Quand le responsable de la régie dit qu’il y autant de cartes PMR encodées dans leur base de données pour autant de places de parking, en tant qu’informaticien, je me dis qu’il y a forcément des doublons ou des données obsolètes. Ils n’expliquent pas comment lutter contre les éventuelles fraudes. Plutôt que de rechercher les abus des gens ou nettoyer leur base de données, ils pénalisent tout le monde", lance-t-il.

Dans l’idéal, ce Carolo voudrait revenir à l’ancien système qui était, selon lui, "bien plus simple". Mais ce n’est clairement pas les plans de la ville de Charleroi, ni même dans ceux de la régie communale autonome (RCA) en charge des parkings dans la ville. "Cela ne sert à rien de dire aux personnes à mobilité réduite qu’elles peuvent se garer partout sans payer car il n’y a de toute manière aucune place disponible", note Antoine Tanzelli, directeur de la RCA avant d’illustrer ses propos : "C’est vrai au boulevard Tirou : il y avait deux places PMR et elles étaient tout le temps occupées. Mais toutes les autres places étaient aussi prises. Donc une personne à mobilité réduite qui devait se rendre sur ce boulevard n’avait aucune chance de trouver une place gratuite." Pour lui, ce nouveau système passe aujourd’hui "d’une gratuité sympathique mais théorique" à "une vraie accessibilité pour les personnes à mobilité réduite."


© RTL INFO

Lorsque Francis parle de discrimination, il a l’impression que le but de ce nouveau règlement est d’empêcher les usagers de la route d’accéder au centre-ville en voiture. "La politique de Charleroi, c’est de faire une ville sans voiture mais ce n’est pas toujours possible selon les personnes", regrette-t-il. Mais d’après le directeur de la régie communale autonome, il n’est pas du tout question de ça. "Il y a une volonté de discrimination positive, souligne-t-il. L’idée est de dire que nous allons réserver plus d’espace public uniquement aux personnes à mobilité réduite pour qu’elles trouvent une solution adaptée à leurs besoins. Et à côté de ça, on va créer plus de rotation sur les autres places pour que les personnes plus mobiles ne viennent se garer à proximité du centre que lorsqu’elles en ont vraiment besoin."

Du côté de la ville de Charleroi, les arguments sont identiques : "Il y a des zones, comme au boulevard Tirou, où il y a une forte pression de stationnement. Les personnes à mobilité réduite ne trouvaient quand même pas de place donc la gratuité ne leur apportait pas d’aide. L’important, pour ces personnes, c’est qu’elles trouvent des places à proximité de leur lieu de destination et qu’elle ait une garantie de trouver une place libre. C’est pour cela qu’on a presque triplé le nombre de stationnements PMR en centre-ville", développe Xavier Desgain, échevin de la Mobilité à Charleroi.

L’ancien système était, selon lui, beaucoup plus compliqué. "Il fallait s’abonner pour avoir la gratuité partout. Donc, quelqu’un qui n’est pas de Charleroi, quand il venait ici, il ne trouvait pas de place PMR. Il se garait sur un stationnement payant, payait sa redevance ou parfois même ne payait pas mais alors il prenait une prune. Donc, il devait dire qu’il est PMR et on annulait sa redevance, en lui demandant de s’abonner… C’étaient des formalités particulièrement complexes qui donnaient un très grand nombre d’abonnements. Il y avait plus d’abonnés PMR que de nombre de places de stationnement disponibles dans le centre-ville. C’est un système qui ne fonctionnait pas", poursuit le politicien.


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L’échevin de la Mobilité prétend qu’à l’heure actuelle, seules 70% des places PMR sont effectivement occupées durant la journée. "Donc, il y a de la marge", remarque-t-il. Mais il concède qu’à certains endroits, la fréquentation est tout de même un peu plus importante. "Aujourd’hui, les personnes à mobilité réduite signalent qu’à certains endroits, ils ont encore des difficultés pour trouver du stationnement réservé. On va donc utiliser les retours que les usagers nous font pour améliorer le système. On est en train de collationner toutes ces demandes pour affiner et on va rajouter des places supplémentaires aux différents endroits mis en évidence", assure Xavier Desgain.

Des contrôles sont également régulièrement effectués via l’Observatoire du stationnement de Charleroi. "S’il faut, on montera à 200 places réservées aux personnes à mobilité réduite", conclut le directeur de la régie communale autonome.

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