Accueil Sport

De la province à la Coupe du Monde: quelles sont les étapes à franchir pour un arbitre belge?

Comme les joueurs, de jeunes arbitres avec qui ils partagent les pelouses chaque semaine, ont des rêves de sommets. Ceux-ci s'appellent Euro et Coupe du Monde. Mais quel est le chemin à parcourir? Comment un arbitre belge qui enfonce ses crampons dans la boue d'un terrain de patates hivernal d'un championnat provincial va-t-il arriver à galoper sur le billard vert immaculé d'un stade de prestige pour diriger Neymar, Messi ou encore Cristiano Ronaldo lors d'une rencontre de Coupe du Monde sous le soleil de juin? Nous avons posé la question à la personne sans doute la mieux placée du Royaume, Johan Verbist qui est, depuis juillet 2016, le chef des arbitres de l'Union belge de football.


Flamands et francophones choisissent les meilleurs arbitres de leurs provinces

Nous l'avons annoncé, tout commence sur les terrains amateur du pays, et comme il se doit en Belgique, c'est chacun sa région linguistique. Chaque année, les fédérations francophones et néerlandophones du foot amateur, après avoir observé leurs hommes en noir gazouiller du sifflet chaque week-end, établissent une liste des plus prometteurs. Le document abouti à l'Union belge, au département de monsieur Verbist. "Au niveau de la formation en province, je ne décide de rien", confirme-t-il. Mais la crème de cette crème provinciale, c'est lui qui va la sélectionner, en allant se rendre compte de ses propres yeux. De la touche ou des gradins (quand il y en a), il va disséquer les aptitudes de ces espoirs directement lors des matchs. "Ces visionnages commencent lors de la deuxième partie de saison, dit-il, l’année passée, j’ai par exemple vu quatre arbitres néerlandophones et quatre arbitres francophones." Vient l'heure du choix. "C’est à moi de décider s’ils peuvent rejoindre notre groupe pro ou non", dit-il.


Un groupe national à haut potentiel

Les jeunes arbitres sélectionnés par le "chef" vont intégrer un groupe appelé "high potential" (haut potentiel) et pouvoir officier au meilleur niveau en Belgique, dans les deux championnats professionnels, la D1B (Proximus League) et la D1A (Jupiler League).  Leur nombre est limité. "Je recrute des arbitres en fonction du nombre de places disponibles. Je ne dévoile jamais à l’avance le nombre d’arbitres dont j’ai besoin. Mais la saison passée, par exemple, il y a trois arbitres qui sont montés en pro", raconte le boss des referees. Des places se libèrent lorsque par exemple des arbitres ne satisfont plus aux tests physiques ou n'obtiennent plus une moyenne suffisante de leurs évaluations en match. Ils sont alors rétrogradés de catégorie. Et les meilleurs arbitres ne sont jamais à l’abri. En 2015, on se rappelle que Jérôme Efong Nzolo, élu à quatre reprises ces dernières années, meilleur arbitre du championnat de Belgique de football, avait dû mettre un terme à sa carrière après avoir été recalé par trois fois aux tests physiques obligatoires.


Pas de limite d'âge mais un test physique et des cotations des prestations lors des matchs

Le règlement fait primer le test physique et les compétences montrées en match sur l'âge. Il n'y a en effet plus de limite d'âge. "Un arbitre de 64 ans peut toujours arbitrer mais il doit passer ses tests physiques et il faut être réaliste, ce n’est pas si facile que ça. Il faut réussir un examen écrit et un test physique et ensuite lors de chaque match, l’arbitre reçoit une cotation et il doit avoir la moyenne pour rester dans sa catégorie. Dans le foot pro, il y a deux tests par saison et dans le foot amateur, c’est minimum une fois. Pour moi le niveau de difficulté est toujours le même sauf qu’ils se déroulent sur un terrain synthétique au centre national de Tubize."


Rejoindre le groupe "Elite"

Les meilleurs arbitres belges peuvent ensuite gravir les échelons européens. L'objectif ultime est le groupe "Elite" (la D1 des arbitres), le Saint des saints qui ouvre les portes du Graal, un championnat d'Europe ou du Monde. Si la Belgique se cherche toujours un successeur à Frank De Bleeckere (dernier arbitre belge à avoir officié dans un grand tournoi), Johan Verbist ne s’inquiète pas. "Certains arbitres belges ont des possibilités mais tout dépendra de leurs prestations à l’étranger dans les prochains mois. Avant de pouvoir participer à un championnat d’Europe ou du Monde, il faut avoir quelqu’un dans le groupe "Elite". Actuellement, Sebastien Delferière est dans le groupe 1 en Europe, juste en-dessous. Il a reçu des bonnes cotations cette saison-ci et il faudra attendre la fin de saison pour savoir s’il y aura une promotion."


L'assistance vidéo fait perdre des minutes? "Aucune importante, la décision doit être correcte"

Quant à l’arrivée de l’assistance vidéo en Belgique, le patron des arbitres tire un bilan positif.

"C’est toujours une période de test pour l’instant mais si on voit l’évolution depuis le début de saison, je trouve qu’on va dans la bonne direction. Il faut essayer de ne plus avoir de phases litigieuses mais on peut s’améliorer dans tous les domaines avec le VAR", juge Johan Verbist. "Il a parfois fallu plusieurs minutes pour prendre une décision? Pour moi, cela n’a aucune importance. La décision doit juste être correcte. Le système restera le même l’année prochaine et si tout va bien, on l’utilisera lors de chaque match la saison prochaine."

Le 14 décembre dernier, l'assemblée générale de la Pro League a en effet pris la décision de mettre l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) à disposition de toutes les rencontres de la Jupiler Pro League la saison prochaine. Cette saison, l'Union Belge (URBSFA) s'était portée volontaire, avec entre autres les Pays-Bas et l'Allemagne, pour tester le projet pilote VAR.

Une équipe d'experts sous les ordres du professeur Werner Helsen est chargée d'évaluer le VAR "d'un point de vue indépendant et scientifique" et sera amené au printemps prochain à livrer des conclusions sur bases de ce qui aura été observé dans les championnats ayant adhéré au projet pilote. La Pro League, qui défend les intérêts des 24 clubs professionnels belges, a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'attendrait pas ce verdict et a donc approuvé l'intégration définitive de l'assistance vidéo à l'arbitrage.

À lire aussi

Sélectionné pour vous