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Après avoir passé près de quatre mois à la barre de son voilier, Denis Van Weynbergh, le skipper belge du Vendée Globe, est revenu en Belgique. L'occasion d'évoquer son parcours, ses mésaventures, mais surtout sa fierté d'avoir participé à un tel challenge.
Denis Van Weynbergh a passé près de quatre mois seul en mer, sans aucune assistance. Il est revenu dernier du Vendée Globe, mais pour lui, ce n'est pas la performance qui compte, mais l'expérience et l'enrichissement qu'il en tire.
Comment s'est passé le retour sur la terre ferme ?
La première nuit a été aussi agitée qu'une nuit de Vendée Globe parce qu'on a fait beaucoup la fête forcément (rire). Je n'ai pas le mal de terre, mais c'est vrai que j'avais du mal à marcher les premières 24 heures parce qu'on n'a pas les points de repère. On n'a rien qui bouge, tout est fixe, même pour la vision, donc c'est un peu compliqué à gérer.
Ce qui est un peu particulier, c'est que vous dites que vous avez perdu du muscle, du poids pendant ces quatre mois en solitaire.
J'ai pas mal perdu au niveau des jambes en fait. Je viens de chez mon médecin et on voit sur les images que j'ai perdu pas mal de muscles au niveau de mes quadriceps et de mes mollets, donc on va retravailler tout ça. On va refaire beaucoup de vélo, beaucoup courir, beaucoup marcher et puis ça va revenir.
La malchance, ça peut faire la différence quand on est en mer ?
Je pense que plutôt la chance elle sourit aux audacieux et finalement elle nous a souri puisqu'on a pris des risques pour terminer. On a eu l'occasion d'abandonner plusieurs fois et on n'a pas lâché. On a pris des risques au niveau du bricolage - j'ai dû faire pour ma grand-voile - et ça pouvait faire tomber le mât, mais ça a tenu. Finalement, on a quand même eu de la chance puisque la mer nous a laissés passer in fine.
Est-ce que vous aviez déjà pensé à abandonner ?
Il y a plein de moments où on se dit qu'on va abandonner. Mais on se dit "Non ce n'est pas possible, ça fait six ans que je travaille pour ça", et puis de toute façon, on ne peut pas s'arrêter du jour au lendemain, on ne peut pas.
Il n'y a pas d'hélicoptère qui vient vous chercher. On remet tout en question et puis on se dit qu'on va continuer, on va faire petit à petit et puis finalement, on progresse.
Quand vous êtes isolé au milieu de l'océan, qu'est-ce qui vous manque le plus ?
Le contact humain, c'est ce qui manquait le plus. On a pas mal de contacts via réseau satellite, mais ça ne remplacera jamais les vrais contacts humains et on l'a vu aussi pendant le confinement finalement, c'est ce qui a manqué le plus aux gens et qui a créé des dépressions, des problèmes psychologiques chez certaines personnes. Le fait de discuter avec les gens, de pouvoir rire et prendre du recul par rapport à certaines situations, c'est vraiment ça qui manque.
Qu'est-ce qui a changé après le Vendée Globe ?
J'espère rien pour le moment (rire). J'espère ne pas attraper le melon, comme on pourrait l'avoir en France. Et puis ça permet aussi de se rendre compte que finalement, on a beaucoup, beaucoup de ressources qui sont insoupçonnées et qu'on a sans doute tous un petit Vendée Globe dans le cœur et qu'il faut y aller un moment.
Vous le referiez ?
Je ne sais pas si je le referais, mais en tout cas... Tous les quatre ans, je pense. En-tout-cas, j'aimerais bien mettre mon expérience au profit de certains.
Suite à son retour sur la terre ferme, Denis Van Weynbergh ne réalise pas encore ce qu'il a vécu et l'engouement que son aventure a suscité : "Je m'en rends compte seulement maintenant parce que j'ai été sur les réseaux, j'ai vu qu'il y avait des groupes Facebook, il y avait plus de 10. 000 personnes".
Comme d'autres grands sportifs belges, le skipper sera mis à l'honneur sur la Grand-Place de Bruxelles le 22 mars prochain. "Ça va être un grand moment", a-t-il conclu.