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Des médecins fâchés de ne plus pouvoir proposer des consultations privées plus chères : « Certains estiment que leur travail mérite plus »

Par RTL info avec Charlotte Simonart, Amélie Bailly, Audrey Michotte et Steve Damman
Lundi 7 juillet, une grève inédite aura lieu dans le monde médical. Un arrêt de travail de très nombreux médecins qui dénoncent les projets de réforme du ministre de la Santé. Et parmi les points qui fâchent, il y a la fin annoncée du conventionnement partiel des professionnels. Autrement dit, la possibilité pour un médecin d’être par exemple conventionné dans un hôpital mais de proposer aussi sur le côté des consultations privées et souvent plus chères à son cabinet.

Cette fois, c’en est trop pour Aurore Dony, médecin généraliste. Le 7 juillet prochain, elle participe à la grève, comme ses confrères, un mouvement inédit. « C’est quand même des conditions de travail qui nous concernent et finalement en fait ce sont des décisions qui se décrètent dans des bureaux où on est piloté à distance, on est de plus en plus contrôlé », déplore-t-elle. Objet de leur colère notamment, la fin des déconventionnements partiels des médecins. C’est-à-dire ces deux jours et demi par semaine prévus par la loi durant lesquels le médecin peut vous facturer des suppléments d’honoraires. Une consultation privée en somme, une question de survie financière, estime cette généraliste.

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« Il faut savoir qu’il y a toute une partie de la médecine qui n’est pas rémunérée. Il y a le contact patient, il y a la consultation qui dure une vingtaine de minutes. Il y a tout le travail administratif qu’on fait à côté, où on en demande encore plus, qui n’est pas rémunéré », égrène Aurore Dony. « Et donc là vient la question du déconventionnement, explique-t-elle. parce qu’il y a des médecins qui estiment que leur travail mérite plus par rapport à ce qui est proposé dans la convention qui correspond uniquement au contact patient, à la consultation en elle-même. »

En Belgique, parmi les médecins généralistes, plus de 9 sur 10 sont conventionnés. 8 médecins spécialistes sur 10. Seuls, un peu plus de 3 % ne le sont que partiellement. C’est cette infime partie que le ministre souhaite supprimer. Ces médecins vont devoir choisir leur camp.

« Le bon sens va disparaître quand on a toujours quelqu’un avec un bâton dirigé vers vous, estime Stan Politis, président du groupement belge des médecins spécialistes. On voit le bâton du ministre au niveau commun, au niveau des tarifs d’accord et au niveau individuel du médecin. On n’a pas besoin de ça. »

Le patient ne comprend pas que le prestataire soit conventionné le matin, ne soit pas conventionné l’après-midi.

La mutualité chrétienne soutient cette mesure au nom de la transparence. « Le patient ne comprend pas que le prestataire soit conventionné le matin, ne soit pas conventionné l’après-midi. Il prend un rendez-vous, il pense qu’il aura un tarif et finalement il a des suppléments », raconte Élise Derroitte, vice-président des mutualités chrétiennes. « C’est vraiment illisible ce conventionnement partiel, martèle-t-elle. On plaide pour que les personnes conventionnées soient pleinement conventionnées. » Injustifié, estime ce radiologue, lui-même déconventionné en dehors de l’hôpital, comme la plupart de ses collègues. « On doit mentionner le jour où on est conventionné, les heures où on n’est pas conventionné. On doit l’introduire sur le site de l’INAMI. C’est quelque chose qui est complètement transparent », argue Frédéric Alexis, membre du CA de la société belge de radiologie.

Une manière aussi de désengorger les hôpitaux. « Le fait de pouvoir consulter en dehors de l’hôpital, ça veut dire que quand les ressources de l’hôpital ne sont plus utilisables, par exemple le soir après 18h, le week-end, on peut le faire à l’extérieur. Ça réduit quand même aussi dans une certaine mesure les listes d’attente. L’accessibilité aux soins s’en trouve améliorée, contrairement à ce qu’on dit. » » , ajoute-t-il.

Ces nouvelles mesures annoncées par le ministre pourraient entraîner à terme un déconventionnement massif. C’est ce que craignent les médecins du pays.

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