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La compagnie aérienne Air Belgium cesse son activité passagers, les syndicats sont inquiets: "La crainte reste la faillite"

La compagnie aérienne Air Belgium annonce lundi cesser son activité passagers en propre, "chroniquement non rentable" en raison notamment de la concurrence sur le marché. La compagnie axera désormais son développement exclusivement sur le fret (cargo) et l'ACMI (l'affrètement d'avions pour d'autres compagnies aériennes) qui lui offrent des perspectives de croissance.

Le conseil d'administration de la compagnie a également introduit auprès du tribunal de l'entreprise une procédure de réorganisation judiciaire par accord amiable, afin de faire face à sa dette, de renouer avec la rentabilité et de lui permettre de se réorganiser. Le tribunal examinera la demande dans les jours à venir. En cas de feu vert, la compagnie pourra notamment négocier des accords avec ses créanciers pour réduire sa dette.  

"La procédure de réorganisation judiciaire vise à assurer la pérennité de la société et en aucun cas l'entité juridique n'est vouée à être impactée", précise la compagnie.  

Air Belgium indique que les employés liés à l'activité passagers restent actifs durant la procédure "et au-delà". La direction veut les réaffecter graduellement aux autres activités.  

Réaction des syndicats

Les syndicats se disent actuellement inquiets de la situation. "Les leasings, j'espère qu'il y aura des contrats", indique Nicolas De Commer, permanent syndical SETCa Brabant Wallon."S'il n'y en a pas, on fait quoi du personnel? On le met au chômage économique? On le licencie? Est-ce qu'on va vers un plan Renault? Je n'en sais rien. A priori, je suis sceptique. Je ne sais pas du tout vers quoi on va. La crainte reste la faillite."

"On a déjà eu affaire à ces remaniements temporaires et passagers", affirme Mikaël Bonneau, secrétaire permanent CGSLB. "Là, on est dans une situation un peu plus lourde, plus inquiétante. On sera vigilant bien évidemment."

"Affaiblissement de l'entreprise à cause d'événements externes"

La révision de la stratégie de développement s'explique par un affaiblissement de l'entreprise à cause d'événements externes comme la pandémie de coronavirus, la guerre en Ukraine, la flambée des prix des carburants ou encore l'inflation, explique la compagnie. En mars, face à l'impossibilité de répercuter la hausse des prix des coûts fixes sur le prix des billets, elle a d'ailleurs supprimé les vols vers des destinations non-rentables comme les Caraïbes et les Antilles françaises. Air Belgium a alors concentré ses activités sur l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice, tandis que la capacité des avions libérés a été allouée aux activités charter et ACMI (cargo et passager).  

Ces obstacles ont "sévèrement affecté" la rentabilité de l'activité passagers et la trésorerie de la compagnie, souligne Air Belgium. "Si les prévisions budgétaires d'Air Belgium anticipaient un retour à la rentabilité à l'automne 2023, les difficultés financières du passé, liées à l'environnement actuel incertain et difficile, poussent Air Belgium à changer de stratégie."  

Le conseil d'administration de la compagnie considère que des investissements complémentaires significatifs, en plus de ceux réalisés ces dernières années, seraient nécessaires pour rendre bénéficiaire l'activité passagers.  

Quelles conséquences pour les réservations?

Pour les clients qui ont déjà acheté un billet, les vols programmés avant le 3 octobre seront assurés et les vols retour seront pris en charge par Air Belgium, en propre ou par le biais d'autres compagnies aériennes. Ceux programmés après cette date et déjà payés seront annulés et remboursés.  

Environ 20.000 voyageurs sont concernés par la fin des vols passagers vers l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice après le 3 octobre, a-t-on appris auprès de la compagnie aérienne.

Née en 2016, la compagnie aérienne occupe quelque 500 collaborateurs.

 

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