Accueil Actu Belgique Economie

« Nous risquons un scénario à la grecque » : les notes de la Belgique et de Bruxelles revues à la baisse, qu’est-ce que ça implique ?

Par RTL info avec Agence Belga
L’agence Standard & Poor’s abaisse la note de Bruxelles, évoquant l’absence de gouvernement régional. Résultat : des crédits futurs potentiellement plus chers et un risque accru pour la viabilité financière. La Belgique aussi rétrogradée, cette fois par Fitch.

En deux mots :

  • Standard & Poor’s abaisse la note de Bruxelles, citant l’absence de gouvernement régional stable.
  • Sophie Rohonyi, présidente de DéFI, souligne l’impact financier négatif pour chaque Bruxellois.
  • Fitch dégrade la note de la Belgique, évoquant une détérioration des finances publiques.

L’agence de notation américaine Standard & Poor’s a revu à la baisse vendredi son évaluation de la notation de la Région de Bruxelles-Capitale. L’absence persistante de gouvernement régional inquiète l’agence de notation.

À terme, cette décision pourrait avoir pour effet de rendre l’accès aux crédits plus onéreux pour la Région de Bruxelles-Capitale. S&P a abaissé la note de Bruxelles de A+ à A avec perspective négative, sur une échelle allant de AAA à D, tout en continuant à considérer la Région comme intéressante pour les investisseurs.

Une note A indique « une forte capacité à remplir ses obligations financières », mais signifie également que S&P estime que Bruxelles est quelque peu vulnérable aux changements économiques.

L’absence de gouvernement mise en cause

S&P se dit particulièrement préoccupée par l’absence d’un nouveau gouvernement régional depuis les élections de juin 2024 et l’absence de perspectives fiscales pluriannuelles qui en découle.

« Nous pensons que l’absence d’un gouvernement doté des pleins pouvoirs a entravé la capacité de la Région à faire face aux pressions budgétaires, en particulier en réduisant les coûts », peut-on lire. « Le déficit budgétaire de 2024 a entraîné une augmentation significative de la dette. Ce chiffre est nettement plus élevé que ce que S&P avait prévu », a fait valoir l’agence de notation.

Cette dégradation aura un coût accru pour chaque Bruxellois
Sophie Rohonyi, Présidente de DéFI

En mars 2024, Standard & Poor’s avait déjà abaissé la note attribuée à la Région-capitale à A+, assortie d’une perspective stable, contre AA- auparavant. Cette note était sous la menace d’une dégradation depuis septembre 2022 : S&P avait, à l’époque, assorti le rating AA- d’une perspective négative.

« Une perte de crédibilité »

« Cette dégradation marque une perte de crédibilité financière pour Bruxelles, mais aussi un coût accru pour chaque Bruxellois en raison de l’augmentation des taux d’intérêt sur les emprunts. Cela réduira les moyens disponibles pour les services publics et les investissements nécessaires », a commenté la présidente de DéFI, Sophie Rohonyi.

Pour DéFI, Bruxelles est sanctionnée pour son « incapacité, depuis des mois, à présenter une coalition gouvernementale stable, fondée sur une majorité solide ». Le parti appelle MR et PS à un sursaut.

Le chef de groupe des Engagés au Parlement bruxellois Christophe de Beukelaer s’est inquiété de la dégradation de la note, évoquant « un cercle vicieux qui met en péril la viabilité financière » de la Région. Le député bruxellois du CD&V Benjamin Dalle parle pour sa part d’un « signal d’alarme indéniable ».

Selon Christophe de Beukelaer, cette dégradation de la note bruxelloise « contribue à alourdir encore davantage le coût de notre dette ». « Bruxelles se trouve sur une pente dangereuse sur le plan financier », ajoute Benjamin Dalle.

« Avec une telle perspective négative, d’autres dégradations nous menacent si nous ne faisons pas preuve de fermeté. (…) Sans correction, nous risquons un scénario à la grecque au cœur de l’Europe », estime l’élu CD&V.

Si la N-VA ne se dit pas surprise par la dégradation de la note, le parti estime que cette décision est « la conséquence logique de plusieurs années de politique budgétaire catastrophique et de mauvaise gestion ». Cette annonce « prouve l’échec total du gouvernement » Vervoort III, a commenté le chef de groupe de la N-VA au Parlement bruxellois, Gilles Verstraeten.

« Pas une catastrophe », selon cet économiste

Nous avons interpellé l’économiste Philippe Ledent au sujet de ce déclassement. Selon lui, il faut être attentif mais pas trop alarmiste : « Dans les niveaux dans lesquels on est, ce n’est pas une catastrophe, ça a un coût, c’est un signal qu’on aurait bien tort d’ignorer, mais ce n’est pas une catastrophe. Les finances publiques, une économie, c’est comme un énorme paquebot, vous ne changez pas de trajectoire du jour au lendemain et donc même quand vous faites des efforts, vous risquez effectivement encore de payer le fait qu’on était sur une mauvaise trajectoire précédemment. »

La Belgique également déclassée

C’est l’agence de notation américaine Fitch qui a dégradé la note de la Belgique. Elle est désormais notée « A+ », contre « AA- » auparavant. Cette nouvelle note s’accompagne de perspectives stables.

Une note A+ indique que Fitch continue de juger le risque de défaut de paiement « faible » et la capacité à honorer les engagements financiers « solide ». Le fait que la Belgique soit désormais classée dans cette catégorie signifie toutefois que l’agence considère notre pays comme plus vulnérable à des conditions économiques défavorables.

Il fallait s’y attendre
Bart De Wever, Premier ministre belge

Cette décision pourrait entraîner une hausse du coût de l’emprunt pour la Belgique. Fitch évoque notamment la détérioration des finances publiques pour justifier la baisse de la note.

« La position budgétaire de la Belgique s’est structurellement affaiblie ces dernières années », indique l’agence, tout en anticipant une nouvelle hausse du taux d’endettement.

À cela s’ajoutent des dépenses importantes liées au vieillissement de la population, ainsi qu’un effort d’investissement accru dans la défense. La note de la Belgique n’avait plus été abaissée par Fitch depuis décembre 2016, lorsqu’elle était passée de AA à AA-.

Le Premier ministre « pas surpris »

« Il fallait s’y attendre après les deux avis négatifs que notre pays a reçus sous le gouvernement précédent. C’est suivi invariablement d’un abaissement de la note », selon M. De Wever.

« Cela montre une nouvelle fois l’urgence de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Le moment est venu d’aller jusqu’au bout et de mettre en œuvre les réformes contenues dans l’accord de gouvernement le plus vite possible. Il n’y a pas d’alternative ».

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

La surexposition des enfants aux écrans inquiète : que peuvent faire les parents ? Voici quelques conseils

Le Conseil supérieur de la santé met en garde : dans son dernier rapport, il énumère les risques réels liés à une surexposition, des enfants et des jeunes, aux écrans. Au-delà du constat, le Conseil aborde aussi les solutions. Comment protéger les plus jeunes ? Pour la plupart des experts, il ne faut pas forcément interdire totalement les écrans, mais il est important de bien en limiter l’accès.