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Des jeunes dealers arrêtés puis libérés peu de temps après : « Ça donne un sentiment d’impunité », reconnaît une magistrate

Par RTL info
Lors de notre enquête diffusée dimanche, plusieurs suspects de trafic de drogue ont été arrêtés puis rapidement relâchés. Un juge et une magistrate expliquent les raisons de ces remises en liberté.

Suite à l’enquête de notre rédaction diffusée dimanche 14 septembre dans le RTL info 19H, la question du suivi judiciaire des suspects interpellés se pose. En effet, dans ce reportage, plusieurs arrestations liées au trafic de stupéfiants ont été filmées, mais une partie des personnes arrêtées ont été relâchées très rapidement, suscitant l’incompréhension des policiers.

Pas assez de places disponibles en IPPJ

Interrogé sur le cas d’un jeune de treize ans interpellé dans le cadre de ce trafic et aussitôt remis en liberté, Denis Goeman, un juge, a pointé le manque structurel de places dans les Institutions publiques de protection de la jeunesse (IPPJ). « C’est l’expression de ce que le tribunal dénonce depuis de nombreux mois », explique-t-il, soulignant que les centres fermés destinés aux jeunes ayant commis des faits graves, qu’il s’agisse de trafic de drogue, de braquages ou même de viols, sont saturés. « Le juge de la jeunesse doit parfois renvoyer un jeune en famille, même pour des faits très graves, car aucune place n’est disponible », déplore-t-il. Selon lui, environ 100 mineurs restent aujourd’hui en attente d’un placement en IPPJ.

Rym Kechiche, substitut du procureur du roi au parquet de Bruxelles, va dans le même sens. « Les juges se voient contraints de devoir les relâcher », dit-elle. « Evidemment, ça donne un sentiment d’impunité. Mais c’est faute de moyens. Et là, ce n’est plus la responsabilité de la justice. Tous les regards se portent alors vers le politique. Ces jeunes qui ne sont pas adéquatement pris en charge s’installent dans la criminalité récidive. »

Concernant l’exemple d’un autre suspect, lui aussi relâché après quelques heures seulement, le magistrat a rappelé que la détention préventive répond à des critères stricts : « La question est de savoir s’il y a une absolue nécessité pour la sécurité publique de placer ces personnes en détention préventive. » Denis Goeman a aussi insisté sur la surpopulation carcérale, estimée à environ 3.000 détenus en trop en Belgique. Il souligne que la libération ne signifie pas impunité : « Ce n’est pas parce qu’une personne est libérée après son interpellation qu’il n’y a pas de sanction. Dans le mois, vous avez des personnes qui sont poursuivies pour vente de stupéfiants, qui sont condamnées très régulièrement devant le tribunal, que ce soit des peines de travail ou même des peines de prison. »

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