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"On va vers le crash si l’on ne réagit pas ": plusieurs magistrats s’insurgent contre le système et passent à l’action

Chez nous, du côté de la justice, c’est la colère des magistrats qui domine en ce moment. Celle-ci prend de plus en plus d’ampleur. Les parquets dénoncent toujours un manque de moyens et de personnel, et désormais, le projet de réforme de leurs pensions. Pour se faire entendre, les magistrats reportent certains dossiers. C’est aussi ce qu’a annoncé ce matin le parquet de Charleroi.

"Un parquet de plus rejoint le mouvement à partir d’aujourd’hui", annonce le procureur du roi de Charleroi. Sauf exception, le parquet devrait demander le report des audiences des tribunaux correctionnels, de police, de la jeunesse et de la famille.

Vincent Fiasse, procureur du roi de Charleroi, explique : "En ce qui concerne les affaires qui ne sont pas urgentes, les dossiers seront soit pris, parce que le juge estime qu’ils doivent quand même être traités. À ce moment-là, le parquet demandera simplement l’application de la loi pénale. Et si l’affaire est remise, elle le sera d’ici quelques mois".

La justice tourne au ralenti. Le mouvement s’étend et concerne désormais la quasi-totalité du territoire wallon. Des reports d’audience sont sollicités par les parquets de Charleroi, Liège, Mons, Luxembourg et Brabant wallon. À Namur, les juges de paix et de police reportent l’examen de certains dossiers.

"Si on pouvait ne pas impacter le justiciable et toucher le politique, on le ferait, bien entendu. Il se trouve que, malheureusement, bien souvent, c’est le mode d’action le plus efficace. C’est celui dont on parle", ajoute Vincent Macq, président de l’Union Professionnelle de la Magistrature.

Les magistrats réclament des engagements de la part du gouvernement fédéral sur la question de leur pension et sur le financement de la justice. À Bruxelles, aussi, ils se mobilisent. Sauf exception, le parquet n’assiste plus aux audiences du tribunal de l’application des peines. Quant au parquet fédéral, il sollicite lui aussi des reports.

Au nord du pays, les parquets de Flandre occidentale et orientale demandent l’ajournement de la plupart des affaires devant les tribunaux de police.

"Je pense que c’est inédit, parce qu’à un moment donné, on se dit : ça suffit. Le système atteint ses limites, et donc on va vers le crash si on ne réagit pas", ajoute Vincent Fiasse.

Autre mesure de protestation : en différents endroits du pays, des magistrats ne suspendent plus l’exécution des courtes peines, une suspension pourtant réclamée par le gouvernement. Aujourd’hui, la ministre de la Justice préfère ne pas commenter l’évolution du mouvement et dit se concentrer sur la concertation en cours avec le secteur.

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