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La ministre Van Bossuyt a annoncé samedi qu’elle mettait fin au financement annuel du gouvernement fédéral, qui représentait 65.000 euros pour les CPAS de Bruxelles, Gand, Anvers, Charleroi et Liège. On craint donc que davantage de personnes sans-abri ne se retrouvent dans les rues de Bruxelles, alors qu’elles sont déjà 10.000 à y survivre.
Le plan grand froid sera activé dans un peu plus d’un mois. Ce plan hivernal permet de venir en aide aux sans-abri de novembre à mars et d’ouvrir des lits supplémentaires. Les places sont ouvertes aux familles, aux couples sans enfants ou encore aux femmes isolées. Le dispositif était en partie subsidié par le fédéral dans cinq grandes villes. Ce ne sera désormais plus le cas.
Cette annonce a été accueillie froidement par les partis de l’opposition, mais aussi par certains membres de la majorité Arizona, puisque pour les Engagés, il y a eu un manque cruel de concertation.
Mécontentement bruxellois
La députée bruxelloise PS et ancienne ministre de l’Intégration sociale Karine Lalieux (PS) et le bourgmestre Philippe Close (PS) désapprouvent la décision de la ministre fédérale Anneleen Van Bossuyt (N-VA) de mettre fin au soutien fédéral au Plan grand froid dans les grandes villes. « C’est une honte », estime Karine Lalieux.
Par ailleurs, le Samusocial a annoncé début septembre avoir déjà dû refuser l’accès à l’accueil à 400 familles avec femmes et enfants en raison de la mesure fédérale selon laquelle les demandeurs d’asile qui ont déjà obtenu une protection dans un autre pays ne peuvent plus bénéficier d’un accueil en Belgique.
« Je suis extrêmement choquée par la fin de cette subvention pour l’accueil des sans-abri dans les grandes villes, du jamais vu, surtout à l’approche de l’hiver », s’est indignée Karine Lalieux. Selon la mandataire PS, Bruxelles est doublement touchée par les mesures d’austérité fédérales. La ministre Van Bossuyt a déjà économisé 350.000 euros sur une subvention d’1.350.000 euros accordée sous le mandat de l’ex-ministre socialiste pour l’accueil des sans-abri à Bruxelles, rappelle-t-elle. Pour le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close, il est clair que le gouvernement fédéral « semble traiter Bruxelles comme une poubelle ».
A priori, c’est la ville de Bruxelles qui devrait compenser le financement fédéral. La Région bruxelloise dépense déjà chaque année 75 millions d’euros pour lutter contre le sans-abrisme.
Le plan Carolo déjà sous-financé
Le plan grand froid Carolo est financé à hauteur de 120.000 euros par la région Wallonne et 65.000 par le gouvernement fédéral. Mais l’incertitude plane sur ce dernier montant après la décision du gouvernement fédéral. Or la demande de logement est plus forte en hiver et le secteur est déjà sous pression.
Une situation que déplore Orazio Strazzeri, responsable pédagogique chez Le Triangle ASBL : « On fait face à des pertes d’emplois par manque de subsides, etc. Et donc, on a une demande qui continue d’augmenter avec une présence de travailleurs par moments qui diminue. On essaye de réfléchir à des stratégies pour éviter d’impacter les personnes dans leur quotidien. »
Un impact direct
Sur la question de savoir si les personnes sans-abri seront impactées par décision, le coordinateur général du relais social de Charleroi, Laurent Ciaccia, est clair : « 65.000 euros c’est un tiers du budget du plan grand froid Carolo qui est déjà sous financé à la base, l’ensemble des partenaires doivent travailler ensemble pour trouver des solutions. Donc ça va avoir des conséquences importantes, des places d’accueil qui n’ouvriront peut-être pas, un accompagnement des personnes sans-abri qui ne pourra pas avoir lieu. Ça va clairement avoir un impact direct sur les personnes sans-abri. »
On va essayer de maintenir notre dispositif, quitte à leur envoyer la facture
Si la Région wallonne assume les 130.000 euros de budget pour les villes de Charleroi et Liège, les CPAS regrettent néanmoins le manque de concertation et le timing. Selon Philippe Cauwenberghe, président du CPAS de Charleroi, « à un moment donné prendre des décisions à une échéance si proche du recrutement et de la période hivernale, ça ne va pas. On ne va plus savoir bricoler pendant des mois et des mois. À un moment donné, il faut qu’ils prennent leurs responsabilités ». Ce dernier conclut sans hésiter : « On va essayer de maintenir notre dispositif, quitte à leur envoyer la facture. »


















