Partager:
Bart De Wever, nouveau Premier ministre belge, participe à son premier sommet européen, consacré à la défense, quelques heures à peine après son entrée en fonction.
Premier ministre depuis à peine deux heures, Bart De Wever participe ce lundi à un sommet européen informel consacré à la défense. Après un bref échange avec son prédécesseur Alexander De Croo en matinée, c'est un "plongeon dans la grande profondeur de la piscine", a commenté le N-VA à son arrivée au Palais d'Egmont.
"C'est spécial d'être Premier ministre depuis deux heures et d'immédiatement participer à un sommet européen. C'est un défi", a livré Bart De Wever. S'il connaît déjà certains participants, dont la Première ministre italienne post-fasciste Giorgia Meloni, d'autres lui sont inconnus.
"La question qu'on m'a posée à mon arrivée, c'est 'qui êtes-vous?', donc je suppose que mes collègues sont curieux aussi de faire ma connaissance."
Un sommet informel sur la défense
Le sommet informel organisé à l'initiative du président du Conseil européen, Antonio Costa, est centré sur le thème de la défense, une première.
La Belgique a promis depuis longtemps d'atteindre l'objectif des 2% du PIB consacrés à des dépenses militaires, sans respecter cette promesse, a souligné Bart De Wever. L'accord de gouvernement conclu ce week-end par les partis de l'Arizona prévoit des moyens pour atteindre cet objectif au cours de la législature, a-t-il ajouté.
Bart De Wever espère avant tout instaurer de la "crédibilité" lors de son premier sommet européen. Vu la situation budgétaire "difficile", "nous ne pouvons pas faire de miracles, mais j'espère que nous serons convaincants avec l'augmentation de notre budget et l'assainissement de notre déficit", a déclaré le nouveau Premier ministre.
Il a estimé que l'Europe avait été "paresseuse" en matière de défense, et que Vladimir Poutine l'avait "réveillée".
Position budgétaire et relations transatlantiques
Interrogé sur la manière de financer la défense européenne, il ne s'est pas montré favorable à l'émission d'obligations européennes. "L'accord de coalition stipule que nous devons trouver des solutions à l'intérieur du cadre budgétaire européen", a-t-il dit.
La rencontre informelle est la première depuis l'entrée en fonction du président américain Donald Trump. Ce dernier met l'Union européenne sous pression en lui demandant de davantage prendre en charge sa propre défense.
Pour autant, Bart De Wever s'est défini comme un "atlantiste" désireux de préserver les relations avec Washington. "C'est une erreur de penser que l'UE peut ou devrait se défendre toute seule. Je sais que la situation est compliquée." L'arrivée du nouveau président américain constitue "un défi" pour l'Europe, mais Bart De Wever appelle à observer la problématique "sur le long terme". Ceci dit, il souhaite également voir la position de l'UE renforcée au sein de l'Otan.
Le secrétaire général de l'Alliance, Mark Rutte, devait d'ailleurs rejoindre les dirigeants européens pour le temps de midi.
En soirée, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, les retrouvera pour le dîner. Bart De Wever a dit avoir "hâte" d'un échange avec son homologue du Royaume-Uni. Cinq ans après le Brexit, l'Anversois considère que le moment est venu de créer un nouveau cadre bilatéral. Pour la Belgique, entretenir des liens avec ce voisin reste crucial, d'autant plus que les deux pays connectent actuellement leurs réseaux électriques.
Une vision européenne pragmatique
Interrogé sur les critiques de la N-VA à l'encontre de l'Union européenne, Bart De Wever a rejeté l'étiquette d'eurosceptique. "Nous voulons nous concentrer davantage sur les tâches clés de l'Europe", a-t-il affirmé, citant comme exemple la compétitivité des économies européennes et le retour à une proportion de règles "plus réaliste".
"Ce ne sont pas des positions anti-européennes, bien au contraire", a-t-il relevé.
"Au niveau européen, je pense que tout le monde doit collaborer et aller au-delà des frontières politiques et partisanes. Je suis ouvert à collaborer avec tout le monde, certainement avec les grands pays voisins qui sont nos amis et nos alliés", a encore commenté M. De Wever.
Premiers pas prudents
Le nouvel occupant du "16, rue de la Loi" a écarté certaines questions, notamment sur la Syrie : "Je suis Premier ministre depuis deux heures, je ne peux pas encore vous fournir la position officielle de la Belgique, mais nous soutenons toutes les initiatives visant à garantir la sécurité de chaque groupe en Syrie et à promouvoir la consolidation des États démocratiques au Moyen-Orient."
Lorsqu'un journaliste européen lui a posé une question technique, il a répliqué avec sarcasme : "Épargnez-moi cela, je serai déjà heureux de survivre à cette journée."