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Carnet de campagne épisode 11. Et on commence avec la démission de la semaine, celle de Conner Rousseau. Après l’ascension fulgurante, c’est la gamelle dans le fossé de l’insulte et du racisme ordinaire.
Remontons un peu le temps. Vendredi 17h30: bureau de parti extraordinaire chez les socialistes flamands, le Vooruit. Deux heures plus tard, en plein pendant les journaux du soir, conférence de presse. 8 minutes, montre en main, pour arriver à ça:
"C'est pourquoi j'ai décidé que ce combat allait se poursuivre, mais sans moi, en tant que président du Vooruit. Dès cet instant, je démissionne de la présidence de Vooruit", déclare Conner Rousseau devant les journalistes.
Mon immeuble est raciste et je le comprends
Remontons encore plus loin. Il y a un peu plus d’un mois, l’affaire éclate et viennent les premières excuses. Complètement ivre, Conner Rousseau s’était confié à des agents de police à la fin d’une soirée arrosée. Mais pas de chance, leur body cam a tout enregistré. Cette semaine, on apprend grâce au Nieuwsblad ce qu’il a exactement dit cette nuit-là:
"Mon immeuble est raciste et je le comprends. Il faut être honnête, ce sont toujours ces hommes basanés, ces roms sont là chaque putain de jour avec leur friteuse, leurs matelas, à proximité de la bulle à verre. Vraiment, il faut s'en débarrasser. On ne peut pas déconner avec ces gars-là. D'après moi, vous devriez vous attaquer à eux plus durement. Vous devriez utiliser votre matraque beaucoup plus souvent. Je ne peux pas dégager toutes ces racailles basanées".
La suite, c’est la démission et la désignation de celle qui est désormais la présidente des socialistes flamands: Mélissa Depraetere, 31 ans. Elle était jusqu'alors cheffe de groupe à la chambre.
Eau et PFAS: une démonstration infaillible
Dans l’actu politique cette semaine, il a aussi un scandale, celui de la pollution de l’eau de distribution dans le Hainaut et d'une pollution au PFAS.
La ministre wallonne de l’Environnement s’est défendue face au parlement wallon. Pendant 1 an et demi, les habitant de 12 villages de Chièvres ont bu de l’eau qui contenait 5 fois la norme autorisée en PFAS, poétiquement surnommé les produits chimiques éternels.
Céline Tellier (Ecolo), s'est exprimée plusieurs fois cette semaine, extraits:
- "J'ai entendu, vous avez raison monsieur Maroy (député MR auquel la ministre répond) qu'il y avait encore des soucis", dit la ministre au parlement.
- "Quand on n'est pas alerté, on ne sait pas, évidemment, prendre position", dit-elle à notre micro.
- "Si j'avais été d'une façon ou d'une autre alertée par des chiffres dangereux pour la santé des personnes… J'aurais évidemment pris l'initiative de demander que les communes soient contactées", déclare-t-elle au micro de Bel RTL.
- "Le mail reste dans la boîte mail de mon conseiller… Je ne suis à aucun moment alertée directement de cette situation", nous dit-elle dans une autre interview.
Ce serait donc un problème de communication, de remontée d’information, de transmission de données, d’échange de résultats. Bref, un truc à la Belge qu’on a réglé en virant un fonctionnaire. Reste plus qu’à créer une task force et une commission d’enquête parlementaire…
Mais rassurez-vous, bonnes gens, il n’y a aucun risque! C'est ce qu'a essayé de démontrer Philippe Boury, l'un des membres du comité de direction de la SWDE passé devant le Parlement. "L'eau est-elle potable? On peut répondre sans ambages oui. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle l'est, potable".
L'eau est donc potable parce qu'elle est potable. La démonstration est implacable. Nous voilà rassurés! Conclusion: pas de démission et des résultats d’analyse qu'on attend encore.
Un film à voir ou non?
Passons enfin à la polémique de la semaine: faut-il diffuser les images des atrocités commises par le Hamas au parlement belge? Les avis divergent. "Quand on doit se positionner dans un conflit, on n'accède pas forcément aux demandes d'une ambassade, qui de plus est Israël. Nous ne pouvons pas donner l'impression que nous soutenons Israël en tout cas", déclare Sofie Merckx, députée fédérale du PTB-Go, parti d'extrême gauche. "Il me semblait important que ces images soient vues comme dans d'autres parlements, comme au Parlement européen, à l'Assemblée nationale en France. Je n'ai pas compris ce refus qui ne venait pas d'un seul parti", réagit de son côté Georges Dallemagne, député fédéral du parti Les Engagés (ex-CDH).
En France, justement, l'Assemblée nationale a diffusé les images en laissant le choix aux députés d’assister ou pas à la séance. Chez nous, que ce soit dans la majorité ou dans l’opposition, il n’y a pas d’accord. Et sans accord des partis, pas de diffusion. Eliane Tillieux, présidente de la chambre, le constate et s’attire les foudres du ministre israélien des Affaires étrangères. Il déclare: "La présidente du parlement belge ferme les yeux sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par le Hamas".
Dans la foulée, badaboum. Et voilà que le sénateur coopté Georges-Louis Bouchez réagit. "Tout groupe politique peut réserver des espaces au sein du parlement. Moi-même, je suis sénateur, et donc à ce titre-là j'ai réservé une salle de réunion, tout simplement, qui permettra la diffusion du film", a expliqué le sénateur coopté et président du Mouvement réformateur. Le film devrait donc être diffusé dans un local du Sénat pour tous les parlementaires qui désirent le voir.
Allez, je vous laisse… c’est la fin du carnet de campagne. Petit rappel: on vote dans 203 jours.


















