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Ancien détenu, Sam a du mal à remonter la pente à cause d'une peine de CONFISCATION

Dix ans après être sorti de prison, il tient à dénoncer les difficultés de réinsertion en Belgique. Contraint de payer aujourd’hui une somme importante à l’Etat, il risque de perdre sa maison.

"J’ai eu très difficile à me remettre sur les rails, à oublier la prison et à vivre normalement. Mais cela ne finit jamais", témoigne un ancien détenu via notre bouton orange Alertez-nous. Pour préserver son anonymat, nous l’appellerons Sam. À la suite d’"erreurs de jeunesse", il a été condamné pour trafic de stupéfiants en 2011. Pendant plusieurs années, Sam a donc passé sa vie derrière les barreaux. "Pour moi, la prison laisse à chaque détenu un traumatisme à vie".

Aujourd’hui, il a décidé de s’exprimer pour dénoncer les conditions de réinsertion en Belgique. D’après lui, sortir de prison est un calvaire."Déjà, quand vous sortez de prison, les gardiens à la sortie vous disent : "Allez, à bientôt". Ils ont l’habitude de voir les gens venir. Cette phrase m’avait choqué quand je suis sorti de prison. Elle reste dans la tête. Je suis tombé plusieurs fois depuis ma sortie de prison. Quand je dis "tombé", j’ai trébuché. Pour moi, on ne cherche pas la réinsertion. C’est mal fait. C’est pour cela que la récidive explose en fait", assure-t-il.

Pour moi, c’est pousser quelqu’un à faire des délits. Même pire

Sam a lui-même déjà pensé à récidiver avant de se raisonner. Après sa peine de prison et une amende de 15.000 euros payée, il doit aujourd’hui faire face à une peine de confiscation. Concrètement, la justice évalue la somme perçue par une infraction. Par exemple, le butin d’un braquage ou les revenus d’un dealer.

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Dans le cas de Sam, l’ancien prisonnier doit payer près de 60.000 euros dans un délai court. Les autorités menacent de saisir sa maison, achetée récemment. "Pendant qu’ils me parlent, je pense à faire un coup. C’est normal. Est-ce que je dois remettre la cagoule ? Revendre de la drogue ? Pour moi, c’est pousser quelqu’un à faire des délits. Même pire. On pourrait se suicider avec ça", déplore-t-il.

J'aime mes enfants, c’est pour cela que je ne replongerai pas

Ce qui le retient de plonger à nouveau, c’est sa famille. Sam tient plus que tout à ses proches. "J’ai ma famille. J’aime mes enfants. J’ai connu des détenus qui ont perdu leurs parents quand ils étaient en prison. J’ai vu quel choc cela faisait. C’est pour cela que je ne replongerai pas en fait. Mais j’avoue clairement que si je n’avais pas des facteurs protecteurs, c’est clair que je n’aurais pas chipoté", avoue Sam.

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L’argent réclamé par l’Etat s’appelle donc une peine de confiscation. Pour un avocat pénaliste, l’exécution de cette peine pose question. "C’est une bonne chose vis-à-vis de qui ? Les gros trafiquants qui ont le moyen de payer ou ce jeune détenu qui sort de prison et qui effectivement a peut-être gagné quelques milliers d’euros. Mais là, il y a de la disproportion", estime Denis Bosquet.

Un taux de récidive estimé à 60% en Belgique 

Et les aides existantes sont peu nombreuses. Des associations tentent d’épauler les détenus à se réinsérer. Mais elles sont régulièrement dépassées par les demandes. Certains prisonniers sont donc refusés, malgré les besoins manifestes.

"La grosse difficulté, c’est de trouver immédiatement quand ils sortent de prison les conditions dont ils ont besoin pour mettre en place ce qu’ils ont imaginé comme étant leur plan de reclassement et leur plan de réinsertion. C’est comme si du jour au lendemain, on les lâchait et qu’il faut tout réapprendre en un minimum de temps. Ce sont toutes ces petites difficultés les unes derrière les autres qui font que cela complique sérieusement la situation", souligne Josette Bogaert, coordinatrice de l’asbl CAP-ITI à Bruxelles.

Dans notre pays, on estime le taux de récidive à 60%. Le plus souvent, les anciens détenus replongent moins de deux ans après leur libération.

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