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"C'est bluffant": qui est JDLF, le rappeur plus vrai que nature créé par intelligence artificielle?

L'intelligence artificielle fait craindre le pire aux professionnels des métiers artistiques, en particulier les acteurs et chanteurs. Une technologie avec laquelle des étudiantes de l'IHECS jouent aussi... et le résultat est stupéfiant. 

Il est mort il y a plus de 300 ans, mais grâce à l'intelligence artificielle, Jean de La Fontaine a pris aujourd'hui les traits d'un rappeur prénommé JDLF. Il aura fallu trois mois à des étudiantes bruxelloises de l'IHECS (Institut des hautes études de communication sociale) pour donner une seconde carrière au célèbre poète français.

"On a repris la peinture de base de Jean de La Fontaine et on s'est surtout attardé sur des caractéristiques physiques, notamment son nez, les yeux, les cheveux bouclés, pour créer notre personnage final", explique ainsi Cristina Sousa Ribeiro, étudiante en Master relations publiques (IHECS).

"Pour la voix, il y a un programme sur lequel on peut générer une voix de toute pièce. Et pour ça, on s'est basé sur la voix de Grand Corps Malade", dit Sita Vervaecke, étudiante.

Tout a été géré par l'intelligence artificielle (IA), image par image. "Finalement, quand on arrive au résultat final, on se dit que c'est bluffant. Parce que si je ne l'avais pas créé moi-même, je n'aurais pas su dire que c'était créé à l'intelligence artificielle", ajoute Zazie Dorchy, étudiante. 

Le projet est né dans le cadre d'un cours destiné à mettre en avant la puissance de l'outil technologique et ses potentiels dérives. Selon Hadrien Hanse, professeur de nouvelles technologies créatives : "Il y a ceux qui accueillent cette technologie en disant ce que ça peut nous apporter créativement en plus, comment ça peut bouleverser nos manières de travailler et d'amener d'autres idées. Et puis on a le côté tout à fait légitime des personnes qui se disent que leur métier est en danger, leur pratique est en danger, leur artisanat ou leur façon de faire est en danger".

L'intelligence artificielle est-elle une menace ?

Nathalie Stas est comédienne, elle double des films et des séries. Plus qu'une voix, l'exercice lui demande d'incarner le personnage, de transmettre des émotions. Une dimension artistique et humaine qu'une voix synthétique n'est pas capable, selon elle, de restituer : "Ce n'est pas parce qu'on est derrière un micro qu'il n'y a que la voix. Il y a tout le corps parce que toute l'énergie respire". 

Et pourtant, les technologies de synthèse vocale remplacent progressivement les comédiens professionnels. La voix de Sylvester Stallone, telle qu'on la connaît, a été remplacée par l'intelligence artificielle dans son dernier film, à la mort de l'acteur français qui effectuait son doublage.

L'affaire soulève d'importantes questions relatives aux droits d'auteur et à la propriété intellectuelle. "Une intelligence artificielle ne peut pas créer une voix de nulle part. Forcément, elle puise, elle prend, transforme et redonne. Ça reste du vol", affirme Nathalie Stas. 

60% de la chaîne de production audiovisuelle ou cinématographique serait impactée par l'intelligence artificielle. Les créatrices du faux rappeur JDLF sont bien conscientes des dérives.

"J'avoue que ça me fait un petit peu peur parce que même avec les cours, avec tous les outils que j'ai pu avoir, il y a des images encore sur Internet que même moi, je ne peux pas déceler si c'est de l'IA ou pas", s'inquiète Emma Delanghe. "On peut faire beaucoup de choses avec l'intelligence artificielle. C'est impressionnant ce qu'on peut faire en très peu de temps et ce qu'on peut apprendre en très peu de temps. Mais je retiens aussi qu'il est important d'être éduqué sur ce sujet", souligne Zazie Dorchi. 

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