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Déportations de 25.000 Juifs et Tziganes vers les camps de la mort: la SNCB appelée à "présenter des excuses"

La SNCB est appelée à présenter des excuses pour son rôle dans les déportations durant la Seconde Guerre mondiale, selon les recommandations d'un groupe d'experts.

La SNCB doit présenter des excuses pour le rôle qu'ont joué les chemins de fer belges dans la déportation vers les camps de la mort durant la IIe Guerre mondiale, recommande un groupe de sages mis en place dans le sillage d'une étude historique.

Entre 1942 et 1944, le SNCB a déporté plus de 25.000 Juifs et Tsiganes. Et pendant l'occupation allemande, elle a reçu plus de 50 millions de francs belges de la part de l'Allemagne, révèle une étude bouclée fin 2023 par le Centre d'Étude Guerre et Société "Cegesoma". Un groupe de diverses personnalités a été mis sur pied pour donner une suite au rapport.

"En ce qui concerne la reconnaissance des victimes, la SNCB doit non seulement exprimer des regrets mais aussi présenter des excuses officielles pour le rôle joué par les Chemins de fer belges de l'époque dans l'organisation des convois ferroviaires de déportation",  énonce l'une des recommandations du groupe dirigé par la juriste, professeure émértie à l'UCL, Françoise Tulkens.

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La société de chemins de fer est également invitée à mettre en oeuvre diverses initiatives mémorielles et à organiser une journée du souvenir afin de rappeler le drame des déportations, par exemple par une annonce dans les gares. Elle a fait elle-même plusieurs propositions dont une exposition au musée "Train World" ou l'élaboration de paquets éducatifs destinés aux jeunes.

Une recommandation vise par ailleurs le gouvernement fédéral et l'ensemble des administrations et organismes publics afin d'intégrer dans la formation des managers, fonctionnaires, magistrats, policiers et militaires les dilemmes moraux auxquels les acteurs de l'époque ont été confrontés.

"C'est une question plus actuelle que jamais", a souligné vendredi Mme Tulkens lors d'une présentation au Sénat. "On a été frappé dès le départ par le fait que c'était le moment opportun, avec ce qu'on constate actuellement, les signes de déclin des démocraties, des atteintes à l'Etat de droit. C'est par de petites étapes invisibles que cela se fait. Il faut rendre les gens attentifs et vigilants."

S'agissant de la reconnaissance des traumatismes ainsi que des réparations matérielles et morales, le groupe demande au gouvernement d'améliorer le statut des victimes. S'il s'est engagé dans la voie de la réparation, il n'a en revanche pas demandé d'indemnisation des victimes, 80 ans après les faits.

Le groupe a examiné la question en comparant les mesures prises aux Pays-Bas et en France. Il n'y a pas eu d'indemnisations supplémentaires liées aux montants perçus par les chemins de fer, affirme le groupe, qui a donné sa préférence au financement d'actions mémorielles. Des indemnisations ont déjà eu lieu pour le rôle collectif de l'Etat belge à la suite de la loi Flahaut de 2003.

"Une indemnisation, ce n'est pas une réparation car elle vise le passé, c'est donner une somme d'argent pour ramener dans une situation antérieure. Quatre-vingts ans après les faits, cela n'avait pas de sens de s'engager dans cette voie. Quasiment toutes les victimes ont disparu. Nous nous sommes orientés vers une réparation qui vise le futur", a expliqué le groupe.

Ce choix n'a pas été cautionné par tous les sages. L'un d'eux, Sydney Berneman, conseiller honoraire à la Cour de cassation, a refusé d'approuver le rapport. Il s'en est expliqué dans une opinion dissidente qui n'a pas été publiée.

Le rapport a été remis vendredi au ministre de la Mobilité en affaires courantes, Georges Gilkinet.

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