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Les deux agents pénitentiaires et l’infirmier qui travaillaient à la prison de Haren et qui sont soupçonnés de trafic de stupéfiants dans l’établissement, sont passés devant la chambre du conseil. Nous avons rencontré Marc, un agent pénitentiaire qui travaille désormais à la prison de Mons, qu’il a rejoint après avoir passé neuf mois à Haren. Pour lui, la situation au sein de l’établissement bruxellois est une véritable bombe à retardement, notamment à cause de l’organisation à l’intérieur des murs.
« Une bombe à retardement »
« C’était une bombe à retardement et d’office que ça allait arriver parce que c’est un peu un régime de détention assez libre. Les détenus sont un peu plus libres que dans d’autres prisons. Il y a un manque de rigueur et un manque de discipline. Sans cette rigueur, sans cette discipline, ça allait arriver tôt ou tard. On ne peut pas viser la réinsertion du détenu en le laissant continuer à être à l’intérieur de la prison comme ils sont à l’extérieur », nous a confié Marc Elia, délégué sypol – epi. « On a ouvert cette prison très tôt. On a fait tourner à plein régime cette prison alors qu’on était déjà en manque de personnel. On a dû trouver des agents le plus rapidement possible ».
Des jeunes agents sous pression
Parmi les problématiques qu’il relève, il y a le fait qu’à Haren, le personnel surveillant est souvent très jeune et sous pression, car il manque de formation et d’encadrement. « Ces jeunes sont livrés à eux-mêmes. Je dis jeunes, c’est en termes d’expérience. Du coup, ils arrivent, on les met sur une section avec une trentaine de détenus, sans pour autant leur expliquer comment ça fonctionne, comment peut réagir un détenu face à telle situation… Et ça peut faire peur la première fois. Il y a les cellules qui donnent directement sur l’arrivée des agents. Dès l’arrivée, on entend des menaces, des insultes », poursuit notre témoin.
Trop de nouveaux, trop rapidement
La prison ultramoderne de Haren a été inaugurée en grande pompe en 2022. Mais la structure n’a pas le temps de faire ses maladies de jeunesse au niveau de l’organisation et il faut très rapidement remplir le cadre d’agents pénitentiaires pour que l’établissement puisse accueillir des détenus. « Ils ont fait un système d’engagement où il n’y a pas eu beaucoup de contrôles, on engageait tout de suite. Le bâtiment de Haren était construit, il fallait des agents tout de suite, donc ça a été trop vite. Ça a été à la va-vite. Il fallait remplir le cadre. Et voilà, on voit ce qui se passe maintenant », explique Jérôme Michez, vice-président sypol-epi.
D’après les syndicats, l’administration aurait récemment accéléré le rythme des formations destinées aux nouveaux agents. Quant à Marc, il regrette que le scandale qui touche la prison de Haren entache sa profession.



















