Accueil Actu Belgique Société

Enseignants « fainéants » ou « besogneux » ? Une étude révèle enfin combien d’heures ils travaillent par an

Par Charlotte Simonart et Benjamin Vankelst
La ministre de l’Enseignement, Valérie Glatigny souhaite que les enseignants du secondaire supérieur passent de 20 à 22 heures de cours sans revalorisation. Cette mesure passe mal et a été largement décriée lors du rassemblement des profs ce lundi dans les rues de Bruxelles et de Wallonie. Mais alors, que représente le temps de travail d’un enseignant, préparation et corrections comprises ?

L’une des principales revendications actuelles des enseignants concerne l’augmentation des heures de cours dans le secondaire supérieur, désormais fixées à 22 heures par semaine au lieu de 20. Cette modification, annoncée sans revalorisation salariale associée, suscite une vague de mécontentement. Elle intervient dans un contexte où la profession est déjà perçue comme exigeante, tant sur le plan du temps investi que de l’énergie demandée. Pour les enseignants, ce changement ne représente pas seulement deux heures supplémentaires dans leur emploi du temps, mais alourdit une charge de travail qui va bien au-delà des heures passées en classe.

Les voyages, les réunions de parents, les corrections…

Frédéric Lescrenier, enseignant depuis dix ans après une reconversion professionnelle, illustre cette problématique : « On a un métier où on doit faire preuve de flexibilité, donc j’ai jamais passé mon temps à calculer. Mais il y a tout le reste : les voyages, les réunions de parents, tous les projets qu’on mène au sein de l’école. » Pour lui, l’enseignement est bien plus qu’un emploi à temps plein. Ce travail, souvent invisible, englobe une multitude d’activités annexes et une implication émotionnelle considérable. « Une école, c’est tout ça, c’est l’énergie qu’on met, c’est le cœur qu’on met et c’est ça qu’on devrait compter, par le temps », insiste-t-il.

Être inventif et créatif, cela demande du temps

Julie Gobelet, enseignante depuis 17 ans, partage un constat similaire. Avec un emploi de 18 heures de cours hebdomadaires et quatre heures de coordination, elle reconnaît ne pas pouvoir comptabiliser précisément ses heures de travail : « Non, je ne sais pas calculer le nombre d’heures que je travaille, mais par contre, ça ne se réduit pas à 18 fois 50 minutes en classe. » Son objectif principal : maintenir l’intérêt de ses élèves à travers des approches pédagogiques créatives et dynamiques. Julie tente en effet de passionner des adolescents d’une quinzaine d’années pour son domaine : l’histoire. « J’essaye d’aller chercher à gauche, à droite des choses qui vont pouvoir dynamiser », confie-t-elle, précisant que cette réflexion occupe aussi une grande partie de son temps. « J’y pense tout le temps », décrit-elle.

Un volume d’heures plus important que la moyenne

Les chiffres issus d’une étude menée par la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et corroborés par d’autres enquêtes européennes offrent une perspective intéressante. Un enseignant francophone dans le secondaire supérieur travaillerait environ 1 872 heures par an, en tenant compte des cours, des corrections, des réunions et des préparations. En comparaison, un employé lambda effectue 1 824 heures de travail annuel, basé sur une semaine de 38 heures et une vingtaine de jours de congé. Ces données montrent que les professeurs, souvent perçus comme bénéficiant de nombreuses vacances, accomplissent en réalité un volume horaire plus important que la moyenne.

« Au moins 40 heures par semaine »

Pour la direction du collège Da Vinci, ayant participé à ces évaluations, ce constat est une évidence : « Il y a des semaines qui sont peut-être un peu plus calmes, mais souvent un professeur va effectuer plus ou moins 40 heures par semaine. Pour moi, il y a beaucoup de mépris et de méconnaissance du travail de l’enseignant. », explique Gaetane Dubois, directrice adjointe. Ce sentiment d’incompréhension face à leur quotidien se retrouve fréquemment dans les discours, en particulier dans un contexte de tensions sociales liées aux réformes.

À ce jour, la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a pas commandé d’étude spécifique pour évaluer précisément le temps de travail des enseignants, contrairement à la Flandre qui a investi dans une analyse détaillée.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus