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La grève des médecins, qui a débuté ce lundi 7 juillet, se fait sentir dans les hôpitaux bruxellois. Au CHIREC, sur le site Delta, l’impact est majeur : « 80 % des consultations sont reportées », confirme Jean-François Annaert, médecin directeur du CHIREC site Delta à Bruxelles.
Cependant, l’hôpital veille à maintenir les services essentiels. « Comme par exemple les consultations d’oncologie ou certaines consultations de cardiologie. Tout ce qui pourrait impacter de façon délétère un patient si la consultation était reportée », précise le docteur Annaert, soulignant que les opérations vitales ne sont pas annulées.
Pour faire face à cette situation inédite, le CHIREC Delta a renforcé ses équipes. « Nous avons des équipes de garde pour prendre tout type d’urgence immédiatement si nécessaire. Nous avons renforcé l’équipe de tri au niveau du service des urgences pour que ce service, en cas d’affluence, ne soit pas débordé et puisse vraiment assurer sa mission première qui est de prendre les problèmes aigus en charge », explique Jean-François Annaert.
Un lourd coût financier et logistique
Au-delà de l’impact direct sur les rendez-vous des patients, cette grève a des conséquences financières et logistiques importantes pour les établissements de soins. « C’est d’abord une perte financière évidente pour le médecin, mais pour l’hôpital également, puisque tous nos frais généraux restent fixes », déplore le médecin directeur. « Nous payons évidemment tout notre personnel, mais également une charge logistique très importante. Parce que réorganiser autant de consultations et d’interventions chirurgicales, c’est énorme. »
Jean-François Annaert donne des chiffres concrets pour illustrer l’ampleur de la tâche : « Il faut savoir que nous avons environ 1700 consultations par jour. Donc, voyez combien ça fait de patients reportés pour qui on doit trouver des rendez-vous dans un délai raisonnable. Donc c’est effectivement quelque chose au niveau de la logistique, de très lourd. »
Suppléments d’honoraires
Cette grève, qui met les hôpitaux sous tension, s’inscrit dans un bras de fer autour de la réforme des suppléments d’honoraires, voulue par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke. Cette réforme vise à plafonner les montants supplémentaires perçus par les médecins pour les soins ambulatoires et hospitaliers, fixés respectivement à 25 % et 125 %.
Selon le ministre, ces limitations visent à « garantir une meilleure accessibilité aux soins » pour les patients et à « éviter la flambée des coûts pour les citoyens ».
Cependant, la profession médicale s’inquiète des répercussions financières. Pour Frédéric Alexis, membre de la Société Belge de Radiologie, ces suppléments sont « un pilier du financement alternatif » des hôpitaux. « Si l’on enlève ces suppléments, cela représente environ 20 % du budget de fonctionnement d’un hôpital. Ces suppléments sont principalement utilisés pour de l’innovation, pour mettre à l’équilibre le budget d’un hôpital », détaille-t-il, précisant qu’ils permettent de financer du matériel médical de pointe, notamment pour des examens complexes comme l’imagerie cardiovasculaire.
Au-delà de l’aspect financier, le débat soulève une question idéologique pour les médecins. « En aucun cas, la qualité des soins et donc de la prise en charge du patient ne change, que vous soyez en chambre commune ou en chambre individuelle. Cela nous est d’ailleurs interdit par le code de déontologie », défend Frédéric Alexis.

















