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Imposer à la vue d’autrui ses organes génitaux dénudés, c’est la définition de l’exhibitionnisme. Et le nombre de plaintes déposées ne reflète clairement pas la réalité du phénomène. Vingt minutes passées à la sortie du marché de Noël à Liège ont suffi pour récolter deux témoignages de victimes.
Il y a deux ans, Clara se promenait avec son fils. Un homme en voiture s’est approché pour demander son chemin. « Quand j’ai regardé de plus près, il avait son pénis à l’air et il se touchait en me demandant une rue spécifique. J’ai été choquée. J’ai peut-être pas réagi de la bonne manière, j’ai pas relevé sa plaque, mais j’ai quand même appelé la police pour donner les infos du véhicule », regrette-t-elle.
Pour Catherine, c’est sur internet que cela s’est passé. « Des gestes indécents, on voit des parties du corps qu’on aimerait pas voir. Moi, ça me met en état de choc. Je suis beaucoup anxieuse et voir ça, ça me rend mal », avoue-t-elle.
Regards forcés, intrusions, effractions : ce sont les mots des psychologues pour qualifier ces comportements, parfois lourds de conséquences. « Ça peut aller jusqu’à un syndrome de stress post-traumatique, parce que ça peut mettre en très grande insécurité. La personne qui se trouve face à quelqu’un qui se dénude peut aussi penser qu’il va aller beaucoup plus loin et tenter peut-être d’avoir un contact physique. »
C’est toujours une question de domination en quelque sorte
Les auteurs sont le plus souvent des hommes. Les motivations qui les poussent à se dénuder sont multiples. Mireille Monville, psychologue et chef de clinique du trauma au CHU de Liège nous donne quelques explications : « Ça peut être lié à une forme de perversité : on impose les choses à l’autre, c’est toujours une question de domination en quelque sorte. Mais ça peut être aussi une forme d’immaturité, où les limites n’ont pas été introjetées, par l’éducation par exemple », explique-t-elle.
Des peines sont pourtant prévues par le Code pénal : un an de prison pour exhibitionnisme, trois ans si la victime est mineure ou en situation de vulnérabilité. Encore faut-il que le processus judiciaire aboutisse.
« Bien souvent, les victimes ne connaissent pas les auteurs de ce type d’infractions. Il y a rarement la présence de caméras de vidéosurveillance ou ce genre d’éléments qui peuvent identifier un auteur assez rapidement », regrette Alexandre François, procureur de division f.f. au parquet de Liège. « Ce qu’on a régulièrement dans les dossiers, c’est un témoin ou l’autre qui a peut-être noté une plaque d’immatriculation d’un véhicule utilisé par l’auteur pour prendre la fuite juste après les faits », continue-t-il.
Après avoir été contraintes à regarder ce qu’elles ne voulaient pas voir, ni Catherine ni Clara n’ont porté plainte.

















