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Enola, 20 ans, étudiante en première année de droit à l’UMons, vit cette rentrée sous haute tension. « J’arrive à un point où je ne dors pas ou je ne mange pas. Je n’ai pas le choix de réussir et ça impacte même ma vie personnelle. » Isolée, sans plan B, elle confie étudier nuit et jour, coupée de ses amis : « Je vis dans la peur qu’on m’interdise d’étudier ce que j’aime. »
Le décret Paysage, source d’angoisse
Depuis la réforme du décret Paysage, poussée par l’ancienne ministre libérale Valérie Glatigny, les critères de finançabilité se sont durcis. Un étudiant doit valider les 60 crédits de sa première année en deux ans maximum, au risque de perdre le soutien financier de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À défaut, il doit se réorienter. L’objectif affiché était de raccourcir la durée moyenne des études, mais la réforme provoque une vague d’angoisses sur les campus.
Mathis, étudiant et délégué en économie à Solvay, en témoigne : « Parfois en fin d’examens, je vois des étudiants en pleurs ou les larmes aux yeux… Quand les dernières notes tombent et qu’ils n’ont pas réussi, ils se demandent : qu’est-ce que je fais ? »
Des parcours fragilisés
Pour Soufiane, également étudiant à Solvay, l’incertitude plane à chaque session. « Ça dépendra des autres examens. Si je ne suis plus finançable, je vais devoir introduire un recours. Et si le recours ne passe pas, je vais devoir m’inscrire autre part, où la vie me mène. »
Ces trajectoires scolaires en suspens illustrent l’impact concret de la réforme : une épée de Damoclès permanente pour ceux qui n’atteignent pas les moyennes exigées, souvent à cause d’un échec ponctuel ou d’une période personnelle difficile.
« Une catastrophe », selon la FEF
La Fédération des étudiants francophones (FEF) dénonce une « catastrophe ». Son président, Adam Assaoui, estime que la règle ne prend pas en compte les réalités sociales et la précarité étudiante. Selon la FEF, près de 70.000 étudiants risquent de devenir non finançables et de devoir être réorientés. Des chiffres contestés par l’administration, mais qui illustrent l’ampleur des inquiétudes.
Pour Mathis, le problème dépasse l’idée de sanctionner les étudiants qui « ne font rien » : « Ce sont tous les étudiants qui sont pénalisés », conclut-il, appelant à repenser une réforme dont les effets déstabilisent massivement les parcours académiques.


















