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La Belgique, paradis des syndicats ? Notre pays est plus laxiste que ses voisins, mais tout n’est pas permis

Par RTL info avec Dominique Demoulin
La liberté syndicale est particulièrement étendue en Belgique. Cependant, quelques régulations et condamnations notoires interpellent.

La Belgique se distingue par une liberté syndicale qui dépasse de loin celle de ses voisins immédiats, comme l’explique Dominique Demoulin lors d’une analyse des spécificités du cadre juridique belge en matière de grèves et d’actions syndicales.

Avec environ 40 % de la population syndiquée, la Belgique affiche un chiffre impressionnant qui reflète la puissance des syndicats. « Dans notre pays, comparé à d’autres, la liberté syndicale est très grande », explique l’experte judiciaire. Contrairement à des pays comme la France ou les Pays-Bas, où le droit de grève est réglementé de manière plus stricte, les syndicats belges peuvent organiser des grèves sans l’obligation de déposer un préavis. Cette flexibilité permet l’apparition de grèves dites « émotionnelles » ou « de solidarité » qui ne nécessitent pas d’annonces préalables, un phénomène peu commun ailleurs en Europe.

Cependant, cette grande liberté n’est pas synonyme d’absence totale de restrictions. Dominique Demoulin rappelle un cas emblématique qui a marqué l’opinion publique en 2015 : lors d’une grève générale, des syndicalistes de la FGTB ont bloqué une autoroute à Cheratte, provoquant un embouteillage de cinq heures. Dans une voiture, un chirurgien était attendu à l’hôpital pour réaliser une opération. Sa patiente est décédée. Les responsables de ce blocage, ainsi que le président de la FGTB Thierry Bodson, ont été condamnés à plusieurs reprises, en correctionnel, en appel et en cassation. Cette affaire a également été portée devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui a confirmé les décisions prises par la justice belge.

Ce jugement a ouvert un débat sur l’équilibre nécessaire entre la liberté d’action syndicale et ses potentielles répercussions sur autrui. En Belgique, bien que la liberté syndicale soit protégée, elle est encadrée par des lois qui autorisent, dans certains cas, les entreprises à solliciter des huissiers de justice pour intervenir lors de blocages causés par des grévistes. « Dans certains cas, effectivement, s’ils ont l’aval du juge, ils peuvent faire lever le piquet de grève avec l’aide de la police », précise Dominique Demoulin. Les huissiers ont également un rôle de constatation, afin de documenter les faits pour de potentielles actions judiciaires ultérieures.

En conclusion, si la Belgique est souvent citée comme un modèle de liberté syndicale, cette dernière n’est pas absolue et s’accompagne de régulations encadrant son exercice. L’affaire de Cheratte en reste l’exemple le plus marquant, rappelant que la défense des intérêts syndicaux doit aussi composer avec le respect des droits des tiers et des impératifs légaux.

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