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"Le problème reste les rats": comme Florine, 19.387 personnes sont sans-abri en Wallonie, le dernier recensement révèle des chiffres interpellants

À 22 ans, Florine vit dans un squat à Charleroi, faute de logement décent. Comme plus de 19.000 personnes en Wallonie, elle subit l’exclusion. Le sans-abrisme explose, touche aussi les enfants, mais les moyens manquent cruellement.

Florine et son compagnon se rendent à l'abri de jour, situé dans le centre de Charleroi. Elle fait partie des 19.387 personnes en situation de sans-abrisme en Wallonie. Âgée de 22 ans, elle est à la rue depuis deux années.

Dans ce centre, elle peut se restaurer avec quelques tartines et un bol de soupe. Elle nous explique qu'elle n'arrive pas à trouver de logement. "Je suis à la rue, en gros, parce qu'on a eu un logement insalubre. On aurait dû être relogés, on n'a jamais été relogés. Et du coup, depuis ça fait deux années qu'on est à la rue. Nous, on a de l'argent de côté, mais les propriétaires, ils font chier. Soit il faut un garant, soit c'est non parce qu'on est au CPAS et que c'est pas une source de revenu sûre. Je crois que c'est comme ça qu'ils nous disent."

Dans le détail, 1.904 adultes et 611 enfants ont été recensés dans l'arrondissement de Charleroi pour un total de 2.515 personnes en situation de sans-abrisme ou sans chez-soi. L'arrondissement de Namur comptait, lui, 1.479 adultes et 594 enfants pour un total de 2.073 personnes sans-abri ou sans chez-soi. Quant à l'arrondissement de Verviers, on y a dénombré 833 adultes et 376 enfants pour un total de 1.209 personnes concernées.

Il y a énormément d'enfants qui sont dans une situation de sans-abrisme

Selon le récent dénombrement, le sans-abrisme et l'absence de chez-soi touchent 14.183 adultes et 5.204 enfants. "Ça, c'est un grand constat qu'on va retrouver à la fois dans les zones urbaines et dans les communes périphériques", commence Jérémy Wilmot, coordinateur du Relais Social de Charleroi. "C'est qu'il y a énormément d'enfants qui sont dans une situation de sans-abrisme. Mais ce sont des enfants qui sont généralement accompagnés de leurs parents. Leurs parents sont sans-abris, donc ils le sont."

Ces enfants se retrouvent pour 46% dans des hébergements temporaires ou d'urgence. 27% chez des proches ou des amis. 10% dans des logements menacés d'expulsion immédiate.

Certaines personnes habitent dans des espaces non-conventionnels, comme une tente ou une voiture. Florine, elle, habite dans un squat. "C'est une cabine électrique abandonnée. On dirait une petite maison comme ça. Mon copain, il la nettoie tout le temps. Mais le problème reste les rats dans les squats. On ne peut pas garder de la nourriture, c'est compliqué."

"Les personnes que nous voyons dans l'espace public ne constituent que la partie émergée de l'iceberg (environ 5%). Dormir à la rue, dans un hébergement d'urgence ou dans un espace non-conventionnel (tente, voiture, squat, etc.) est une réalité en Belgique et en Wallonie. Bien que cela soit plus fortement le cas dans les grandes villes, ce phénomène est présent partout", a souligné, au cours d'une conférence de presse, Martin Wagener, professeur à l'UCLouvain.

Une hausse des chiffres, mais peu de moyens

Le dénombrement montre une augmentation des chiffres. Mais le secteur s'inquiète de l'absence de moyens. "On a énormément de subsides facultatifs. C'est quelque chose qui est remis en réflexion actuellement avec le nouveau gouvernement. On s'attend en 2026 à avoir des subsides qui vont être impactés", précise Alexandre Culin, coordinatrice de l'ASBL "Comme chez nous".

Pour Jérémy Wilmot, il faut accentuer la prévention au bon moment. "Leur proposer un accompagnement social. Leur proposer une série de dispositifs qui permettent d'éviter de s'enfoncer dans la grande précarité."

Près d'un tiers des personnes dénombrées présentent des suspicions de problèmes de santé mentale ou d'addiction.

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