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Le meurtre du gendarme Eric Comyn lors d'un contrôle routier à Mougins met en lumière la dangerosité croissante du métier de policier, révélant une diminution des vocations et des défis importants en matière de sécurité et de conditions de travail pour les forces de l'ordre en France et en Belgique.
C’était un banal contrôle routier. Lundi soir, à Mougins, le gendarme Eric Comyn a perdu la vie, renversé violemment par un automobiliste qui refusait d’obtempérer. Un multirécidiviste qui condamne une épouse et deux enfants de 16 et 12 ans au chagrin à perpétuité. Un drame qui émeut la France et la Belgique.
Cet accident tragique rappelle que le métier de policier n'est pas sans danger. De quoi décourager les potentiels candidats ? Y a-t-il une crise des vocations ?
On dirait bien que oui, les chiffres d'Eddy Quaino de la CGSP police, vont dans ce sens. Dans les années 2017-2018, il y avait 12.000 candidats pour devenir policier. En 2023, le chiffre est tombé à un peu plus de 8.000.
Un métier devenu trop dangereux
Selon Eddy Quaino, on peut expliquer ce recul par la violence. Il le reconnaît : policier n'est plus un métier très sûr. On vient de le voir en France, avec ce gendarme tué lors d'un contrôle à Mougins. L'affaire rappelle à nos policiers d'autres dossiers tragiques dans lesquels des policiers ont été abattus.
Avant, nous explique Eddy Quaino, les criminels avaient tendance à se laisser arrêter. Aujourd'hui, leur réponse est plus violente, comme si la vie n'avait plus de prix. Un policier débarque et on tire sur lui. C'est presque devenu la règle.
Un exemple chez nous : à Lodelinsart, en mars dernier, les unités spéciales débarquent dans une maison pour une perquisition. Le suspect, sans crier gare, a immédiatement tiré
et causé la mort d'un policier.
La violence, donc, à laquelle s'ajoute le terrorisme et les menaces directes contre les policiers, pourrait expliquer cette baisse des vocations.
Trop de pression pour pas assez de rémunération
Eddy Quaino de la CGSP avance aussi le salaire, qui n'est, d'après lui, pas aussi attractif qu'il devrait l'être, surtout si on le compare avec celui d'autres métiers de la sécurité.
Autre explication : la pression liée à la charge de travail. Celle-ci est déjà importante et ça ne risque pas de s'arranger.
Pour pallier le manque de policiers, à la police intégrée, il en manque 5.500, la solution qui a été trouvée, c'est de faire passer les tranches horaires de travail, de 8 à 12 heures. Même certains chefs de zone ont décidé de ne pas appliquer cette mesure, histoire de ne pas rajouter encore un peu plus de pression sur leurs hommes. C'est ce qu'explique Eddy Quaino.
Face à la hausse de la violence, la CGSP police préconise l'augmentation des séances d'apprentissage des techniques de maîtrise de la violence avec armes à feu. Il n'y en a que 4 par an. Pour cela, il faudrait construire de nouveaux sites d'entraînement. Il en faut 34 ou 35 et il en manque 20.
Si on pouvait s'inspirer de site dernier cri de Gossoncourt, près de Tirlemont, la CGSP serait enchantée.