Partager:
En Wallonie, la population de grand gibier connaît une progression continue. En huit ans, les prélèvements de chasse ont augmenté de 42 % pour le cerf et de 24 % pour le sanglier, selon les chiffres des autorités régionales. Une tendance qui inquiète les spécialistes de la faune sauvage.
« En cas de forte densité de sangliers, on a une disparition de tous les fruits forestiers, ce qui empêche que les graines ne germent et finissent par former les arbres du futur », explique Alain Licoppe, coordinateur de la cellule ‘faune sauvage’ au sein du Service public de Wallonie (SPW). « Si on parle du cerf ou typiquement du chevreuil, en cas de surdensité, on a aussi ce problème de surconsommation de jeunes arbres », poursuit-il.
Des hivers plus doux… et des pratiques contestées
Si les hivers plus cléments contribuent à une baisse de la mortalité naturelle chez ces espèces, plusieurs associations estiment que certaines pratiques de chasse accentuent le phénomène. « Certains territoires de chasse, qui développent une chasse qu’on peut appeler ‘chasse business’ essaient de développer des densités de sangliers et de cervidés intéressantes pour le chasseur qui loue très cher une journée de chasse. »
Maxime Rigo, porte-parole du collectif « Stop dérives chasse », qui rassemble 80 associations, dénonce notamment le détournement du nourrissage dissuasif. « Il a été complètement dévoyé pour devenir, dans certains territoires, un nourrissage très très abondant », affirme-t-il. Il pointe également la réticence à abattre les laies en début de saison, car elles représentent le « capital reproducteur ».
Des objectifs de régulation parfois ignorés
La régulation des populations de gibier fait partie des objectifs de la chasse, mais elle n’est pas toujours pleinement assurée. Alain Licoppe souligne : « Un territoire de chasse, ça se loue cher et vilain, et donc c’est clair qu’on ne va pas demander à un chasseur de mettre par terre sa population de sangliers la première année de son bail. On chasse assez peu et on conserve comme ça des gros effectifs de population pour assurer les rares journées de chasse où l’on chasse, des gros tableaux de chasse. »
Ces mêmes personnes nous reprochent à certains moments de tirer trop d’animaux et dans d’autres circonstances de ne pas en tirer assez.
Cette logique, selon lui, compromet les efforts de gestion durable des écosystèmes forestiers.
Les chasseurs rejettent les accusations
Les représentants du monde cynégétique, eux, récusent toute responsabilité exclusive. « On observe que ces mêmes personnes nous reprochent à certains moments de tirer trop d’animaux et dans d’autres circonstances de ne pas en tirer assez », réagit Benoît Petit, président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique. Il rappelle que la régulation incombe bien aux chasseurs, mais estime que « si ça augmente, c’est notamment parce que les animaux sauvages et le grand gibier comme le cerf, comme le sanglier, sont en train d’occuper d’autres places qu’ils n’occupaient historiquement ».
Pour répondre à ces déséquilibres, le collectif « Stop dérives chasse » plaide pour une concertation renforcée entre les autorités, les chasseurs et les associations environnementales, notamment dans la fixation des quotas de gibier à prélever sur chaque territoire.


















