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Que se passe-t-il au sein de la chaîne d'hypermarchés Cora ? Ce jeudi matin, de nombreux travailleurs ont décidé de bloquer le dépôt du magasin, conséquence d'une longue période d'incertitude. En effet, Louis Delhaize, groupe auquel appartient Cora, démembre la chaîne.
La chaîne d'hypermarchés Cora ne va pas bien, et ses travailleurs non plus. À tel point que, ce jeudi matin, ils ont décidé de bloquer le dépôt d'approvisionnement des magasins situé à Heppignies, dans le Hainaut, afin de rencontrer la direction. "Cela fait un moment que nous essayons d'avoir des contacts avec la direction. Cela fait également deux ans que Cora démantèle son groupe. Les travailleurs veulent des informations sur leur avenir. Que va-t-il se passer ? Que vont devenir les galeries ? Ce sont des questions qui restent sans réponse de la part de la direction", a déploré Myriam Delmée, présidente du syndicat SETCa.
On va travailler avec la boule au ventre
Ce jeudi matin, un représentant de la direction est venu sur place. "On sait encore très peu de choses. Tout ce qu'ils disent, c'est qu'il n'y a, pour le moment, pas de faillite. Nous, ce que l'on veut savoir, c'est qui va nous racheter et à quelles conditions ? Ça, on ne le sait pas encore", a confié Johan Sabatini, délégué syndical SETCa. "On va travailler avec la boule au ventre. En tant que délégué syndical, c'est frustrant, car on a aucune réponse à donner à nos collègues", a-t-il ajouté.
La présidente SETCa, Myriam Delmée, a confirmé ce sentiment de malaise : "Ils nous disent que nos mouvements aggravent la situation, cela ne fait que monter l'insatisfaction des travailleurs. On va chaque jour travailler avec la boule au ventre, dans un magasin laissé à l'abandon. Nous, ce que l'on veut, c'est un avenir et le construire avec la direction. Si elle arrête de faire l'autruche".
Une réunion avec la direction est prévue ce lundi. Le blocage est terminé depuis 9h30 ce jeudi. Pour la suite de la journée, les employés avaient le choix de continuer à travailler, ou non. "Nous allons nous rendre vers les magasins pour donner l'information aux collègues et après, c'est à eux de décider."
Darlène Frigo, déléguée syndicale, a prévenu ses collègues de l'hypermarché de Châtelineau : "Les gens en ont marre, ils viennent travailler avec les pieds de plomb. Et on a vraiment cette atmosphère anxiogène au Cora où les gens ne savent pas à quoi s'en tenir."
Des actions ne sont pas à exclure dans les magasins durant les prochains jours.
Démantèlement du groupe
En Belgique, il ne reste que sept hypermarchés Cora. La chaîne, qui appartient au groupe Louis Delhaize, connaît des difficultés depuis plusieurs années. Louis Delhaize s'est séparé de nombreuses filiales à travers l'Europe : les Cora en France, en Roumanie et au Luxembourg, ainsi que les supermarchés Match en France. Ces derniers ont été repris par Carrefour, tandis qu'en Belgique, les enseignes Match et Delitraiteur ont été cédées à Colruyt.
On a vraiment l'impression de vivre la chronique d'une mort annoncée
Malgré une recapitalisation d'environ 30 millions d'euros, l'avenir des sept hypermarchés reste incertain, plongeant les 2.000 travailleurs dans l'incertitude. "On voit que les magasins se dégradent, que les rayons ne sont pas remplis. Il y aurait aussi de plus en plus de problèmes avec les fournisseurs. On a vraiment l'impression de vivre la chronique d'une mort annoncée, mais sans qu'on nous dise rien", a ajouté la présidente du SETCa. "Il y a une quinzaine de jours, nous avons demandé à la direction une réunion d'urgence. La seule réponse reçue, c'est qu'il pourrait y avoir une réunion la semaine prochaine, à savoir mi-mars, mais cela n'a toujours pas été confirmé. Les travailleurs en ont assez, et ils ont donc décidé d'agir".
Depuis 2015, les plans de restructuration et les départs "naturels" se succèdent chez Cora. Après l'annonce de la fermeture des magasins Casa ce mercredi, quel sera le sort des sept hypermarchés Cora et de ses 2.000 travailleurs, manifestement très inquiets ?


















