Accueil Actu

Brésil: Lula joue une de ses dernières cartes pour éviter la prison

Le Tribunal supérieur de Justice (STJ) du Brésil a commencé à juger mardi une demande d'"habeas corpus" qui éviterait une incarcération à l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, condamné à plus de 12 ans de prison pour corruption.

S'il obtient gain de cause, Lula, 72 ans, qui est en tête des intentions de vote pour la présidentielle d'octobre, devrait pouvoir rester en liberté jusqu'à ce que tous les recours soient épuisés, y compris devant des instances supérieures.

Dans le cas contraire, l'icône de la gauche pourrait être incarcérée d'ici quelques semaines, dès le jugement d'un autre recours, cette fois contre sa condamnation en appel à 12 ans et un mois de prison par un tribunal de deuxième instance de Porto Alegre (TRF4).

Ainsi, la défense de Lula a présenté la demande d'"habeas corpus" pour éviter qu'il se retrouve derrière les barreaux en cas de décision défavorable du TRF4. Mais le jugement attendu mardi en fin de journée ne concerne aucunement la nature de la condamnation.

En 2016, un jugement de la Cour suprême (STF) a déterminé qu'une peine de prison pouvait être appliquée dès l'épuisement des recours en deuxième instance, ce qui serait le cas pour Lula en cas de rejet du recours devant le TRF4.

Ses avocats argumentent qu'il devrait être maintenu en liberté tant qu'il peut encore faire appel de sa condamnation devant des instance supérieures, comme le STF ou le STJ.

- 'Procès' -

Au début du jugement du STJ mardi, le juge rapporteur du dossier, Felix Fischer, a considéré que la peine devrait être appliquée de façon immédiate en cas de décision défavorable pour Lula du TRF4, suivant la recommandation du parquet.

En début d'après-midi, deux des cinq magistrats devant voter s'étaient prononcés, pour un rejet de l'"habeas corpus".

L'avocat de Lula, Sepulveda Pertence, a dénoncé au début de la séance un "procès kafkaïen" et considéré qu'une incarcération avant les recours aux instances supérieures "violerait la présomption d'innocence".

Lula est accusé d'avoir accepté un luxueux appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de construction impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras, ce qu'il nie farouchement.

"Ce procès, c'est comme si nous étions encore au temps de l'inquisition, sans nécessité de preuves, juste des convictions", a déclaré l'ex-président mardi matin, dans un entretien à la radio Metropole de Bahia (nord-est).

"Le jour où la police ou le parquet prouvera que j'ai touché un seul réal (monnaie brésilienne), j'abandonnerai la vie publique", a-t-il conclu, affirmant qu'il se considérerait comme un "prisonnier politique", s'il devait se retrouver derrière les barreaux.

Si le STJ refuse de lui concéder l'"habeas corpus" mardi, il pourra encore tenter de l'obtenir auprès de la Cour suprême.

Jeudi dernier, dans un entretien exclusif à l'AFP, Lula a affirmé qu'il pensait à la prison "tous les jours", mais s'est montré convaincu qu'il parviendrait à prouver son innocence et à briguer un nouveau mandat, après avoir présidé le Brésil de 2003 à 2010.

"Une peine de prison peut être très longue, comme celle de Mandela (...) 27 ans, ou très courte comme celle de Gandhi. Je ne suis pas inquiet et ma seule préoccupation est de prouver mon innocence", a-t-il affirmé.

À lire aussi

Sélectionné pour vous