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Clémence ou lourde peine? L'heure de vérité pour Michael Cohen, l'ex-avocat de Trump

L'heure du jugement est venue pour Michael Cohen: l'ex-avocat personnel de Donald Trump saura mercredi si son retournement contre le président américain, après plus d'une décennie de très loyaux services, lui évitera plusieurs années de prison.

Des différents collaborateurs de Donald Trump épinglés par la justice ces derniers mois, Michael Cohen, 52 ans, est le seul à avoir appartenu à la garde rapprochée du président, ce qui fait planer une menace directe sur le chef de l'Etat que l'avocat a déjà directement mis en cause.

Lui qui fut dix ans durant vice-président de la Trump Organization et l'un des principaux hommes de confiance du milliardaire new-yorkais, l'accompagnant tout au long d'une ascension politique qu'il se targue d'avoir encouragée, a opéré en quelques mois un retournement de veste spectaculaire.

Après une perquisition dans ses bureaux et à son domicile new-yorkais en avril, il a fini par passer aux aveux, alors que se profilait pour lui la perspective d'une longue peine de prison et que Donald Trump prenait ses distances avec lui.

Il a reconnu en août avoir caché au fisc quelque 4 millions de dollars de revenus de ses sociétés de taxis et avoir payé 280.000 dollars à Stormy Daniels et Karen McDougal, qui menaçaient d'évoquer des liaisons supposées avec Donald Trump en pleine campagne présidentielle.

En novembre, il a aussi avoué avoir minimisé devant le Congrès l'ampleur des contacts de l'équipe de campagne de M. Trump avec Moscou.

- "Mensonges" -

Ces aveux l'ont transformé en ennemi numéro un du président américain, qui tente de discréditer l'enquête explosive sur une éventuelle collusion avec la Russie et qualifie de "mensonges" les déclarations de Michael Cohen selon lesquelles M. Trump a demandé, pendant la campagne, le paiement des deux femmes.

Mensonges uniquement destinés, selon Donald Trump, à obtenir la clémence du juge fédéral William Pauley, qui doit prononcer sa peine mercredi.

L'avocat est arrivé au tribunal fédéral de Manhattan une heure avant le début de l'audience et n'a fait aucune déclaration.

Alors que les démocrates se préparent à reprendre la majorité à la Chambre des représentants en janvier, et que les anti-Trump cherchent comment neutraliser ou écourter sa présidence, M. Cohen est devenu un anti-héros ultra-médiatisé.

Toutes ses comparutions et déclarations sont considérées comme pouvant être explosives, car potentiellement embarrassantes pour Donald Trump.

Fin août, Michael Cohen a notamment affirmé que les versements à Stormy Daniels et Karen McDougal avaient été effectués à la demande de celui qui n'était encore que candidat républicain "pour influencer l'élection".

En déclarant, fin novembre, avoir menti sur le calendrier et la nature des contacts qu'il avait eus avec des Russes durant la campagne, l'avocat a également écorné la défense de Donald Trump, qui assure n'avoir rien à cacher quant à ses liens éventuels avec la Russie.

Pour Michael Cohen, une sentence clémente est loin d'être assurée: ses aveux ne se sont pas accompagnés d'un "accord de coopération" en bonne et due forme avec les procureurs, qui vaut généralement gage de clémence aux Etats-Unis.

Dans leurs recommandations au juge, les procureurs fédéraux new-yorkais, qui ont enquêté sur les volets de fraude fiscale et de paiements aux maîtresses présumées, ont estimé que l'avocat et homme d'affaires n'avait pas suffisamment coopéré avec eux pour bénéficier d'une peine substantiellement inférieure à celle recommandée pour ce type de délits, à savoir quatre à cinq ans de prison.

Selon ces procureurs, réputés parmi les plus durs des Etats-Unis, il a notamment "refusé de les rencontrer" pour être interrogé sur tout ce qui, dans son passé, pourrait constituer un délit.

Ils reprochent aussi à Michael Cohen de minimiser encore la gravité de ses actes, empreints de "tromperie systématique".

En payant pour acheter le silence de maîtresses présumées de l'ancien magnat de l'immobilier, via des sociétés-écrans, "il a trompé les électeurs en cachant des allégations dont il pensait qu'elles pourraient avoir un effet notable sur l'élection" présidentielle, et enfreint "l'un des principes fondamentaux des lois électorales américaines: la transparence".

Et s'il a fini par fournir des informations sur les contacts entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie au procureur spécial Robert Mueller, chargé de l'enquête sur ce dossier explosif, c'est moins par "conviction personnelle" que parce qu'"il savait qu'il était sous menace imminente d'inculpation" à New York, ont-ils souligné.

- "Informations pertinentes" -

Mais Robert Mueller fait valoir néanmoins que ce père de deux enfants étudiants a fait "des efforts importants" pour corriger ses déclarations mensongères au Congrès.

Et qu'il a fourni des "informations vraies et pertinentes" touchant au coeur de l'enquête russe, dont beaucoup se demandent si elle débouchera prochainement sur l'inculpation d'un membre de la famille du président, comme son fils aîné Donald Junior ou son gendre Jared Kushner.

C'est donc le juge Pauley, un magistrat réputé d'une grande indépendance, nommé il y a 20 ans par Bill Clinton, qui devra décider s'il y a lieu d'être indulgent envers Michael Cohen, qui demande la peine la plus légère possible pour pouvoir "recommencer sa vie".

L'avis de Donald Trump est, lui, déjà connu: dans un tweet début décembre, il a émis l'espoir que celui qui l'a trahi écope d'une "longue peine de prison".

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