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Le prix de la viande bovine a grimpé de 17 % au cours des douze derniers mois, un constat qui ne passe pas inaperçu chez les consommateurs belges. Plusieurs éléments viennent expliquer cette flambée, illustrant des réalités économiques et sectorielles complexes. Depuis La Roche-en-Ardenne, cœur d’une des régions agricoles de Wallonie, des témoignages et explications éclairent cette situation qui affecte aussi bien les professionnels que les familles. À commencer par une réduction significative du cheptel bovin disponible, directement liée à divers facteurs structurels et sanitaires.
La maladie de la langue bleue pointée du doigt
En Wallonie, le nombre de bovins a chuté de 22 % en une décennie, aggravant la pression sur l’offre. Parmi les crises qui ont fragilisé ce secteur, on cite la fièvre catarrhale, aussi appelée maladie de la langue bleue. Cette maladie est à l’origine de nombreux problèmes, comme l’augmentation des taux de mortalité et une baisse des naissances, perturbant ainsi l’équilibre de la production. « Ça a permis à l’ensemble des acteurs du marché de donner un coup en plus et de se dire là on va avoir un problème de pas assez de viande par rapport à la demande et donc il faut qu’on rééquilibre les prix aux producteurs », éclaire Emmanuel Grosjean, coordinateur du Collège des producteurs
Heureusement, grâce à des campagnes de vaccination, l’impact de cette maladie semble aujourd’hui limité. « On n’espère pas de nouveaux impacts de la maladie, en tout cas il n’y a pas eu trop cette année », ajoute Emmanuel Grosjean. Cependant, les répercussions passées de cette crise sanitaire continuent de se faire ressentir. Elles affectent encore les cycles de reproduction et la productivité globale, ce qui maintient une tension sur le marché et joue un rôle dans l’augmentation des prix observée.
Un métier jugé « trop difficile »
Un autre facteur réside dans la diminution progressive du nombre d’éleveurs bovins actifs. Cette tendance, particulièrement marquée en Wallonie, est attribuée à divers obstacles. « Au fur et à mesure du temps, on a toujours eu plus de contraintes, des contraintes financières, des contraintes sanitaires, des certifications (…), décrit Antoine Collin, éleveur à La Roche. Les gens se sont dégoûtés du métier pour ne pas avoir de rentabilité, ils disent on arrête. » Derrière ce constat se cache une réalité qui sape la pérennité d’une profession pourtant cruciale pour le secteur alimentaire.
Cependant, la récente revalorisation des prix de la viande offre une lueur d’espoir pour les éleveurs. Il s’agit d’un réajustement qui pourrait stabiliser une situation devenue inquiétante. Antoine Collin confirme cet optimisme : « Aujourd’hui, on a un prix de la viande qui est plus élevé, un prix plus rémunérateur pour les éleveurs (…) Ça va permettre de mettre un peu du beurre dans les épinards et de sortir la tête de l’eau. » Ces hausses tarifaires apparaissent certes pénalisantes pour les consommateurs, mais elles viennent soulager momentanément un secteur en difficulté.
À moyen terme, selon les estimations du Collège des producteurs, il est peu probable que les prix repartent à la hausse de manière significative. Après les turbulences, un nouvel équilibre semble se dessiner, offrant des perspectives légèrement plus stables pour le secteur agricole ainsi que pour les consommateurs.


















