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Le pesticide qui provoque une levée de boucliers en France est utilisé par les agriculteurs belges : « On applique les produits qu’on nous autorise, rien d’autre »

Par RTL info avec Charlotte Simonart et Gaetan Delhez 
La loi Duplomb prévoit, notamment, la réintroduction d’un pesticide, interdit en France mais autorisé en Europe. Ce qui a provoqué une levée de boucliers dans l’hexagone. Ce pesticide est utilisé chez nous. Dans quels cas de figure ? Et est-ce dangereux pour notre santé ?

L’acétamipride est un insecticide utilisé en Belgique, dans les cultures de betteraves essentiellement. « Pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse nanissante », explique Etienne Ernoux, président de la commission productions végétales de la Fédération wallonne de l’agriculture. Il est capital, selon lui, pour lutter contre l’invasion des pucerons. « Si nous ne contrôlons pas l’invasion des pucerons dans la culture de betteraves, s’installe à ce moment-là la jaunisse nanissante, explique-t-il. Ça crée des problèmes de production, de rentabilité bien sûr, mais surtout de production. Et alors on risque de manquer de sucre tout simplement. »

S’il cristallise les débats en France, l’Europe autorise bien son utilisation jusqu’en 2033. La Belgique suit donc le calendrier européen. « Nous, on n’a pas le monopole de la science, lance Etienne Ernoux. On applique les produits qu’on nous autorise à utiliser, ce n’est rien d’autre ».

Mais des associations environnementales s’alarment aujourd’hui des effets dévastateurs pour la biodiversité. Gaetan Seny, responsable politique agricole chez Natagora, met en garde : « Ce pesticide-là, qui est un néonicotinoïde, a des effets assez larges sur les insectes, bien au-delà des seuls ravageurs des cultures. Donc il va affecter notamment les abeilles. Si on associe ces produits à d’autres herbicides, à d’autres insecticides, à d’autres fongicides, eh bien parfois ça démultiplie les effets néfastes sur la biodiversité et sur la santé. Et ça aujourd’hui, les études réglementaires ne le prennent pas en compte ».

Qu’en est-il pour notre santé ? Pas encore de recul scientifique pour le déterminer. Mais des études révèlent bien la présence de cet insecticide dans le sang et le lait maternel. « Les effets potentiels, c’est une perturbation du développement du système neurologique. Donc on peut avoir des troubles du neurodéveloppement, potentiellement, des retards sans doute aussi », explique Céline Bertrand, spécialiste en santé environnementale. « Aujourd’hui, on n’a pas suffisamment de données », ajoute-t-elle. Pour cette scientifique, cette polémique cache en réalité un chantier bien plus vaste. « Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui en Belgique, on est quand même encore parmi les plus gros consommateurs de pesticides à l’hectare. Et donc on utilise quand même énormément de molécules, herbicides, fongicides, insecticides… L’acétamipride n’est qu’un parmi d’autres ».

L’acétamipride est encore utilisé dans la plupart des pays européens. En l’interdisant, la France faisait jusqu’ici figure d’exception.

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