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La ville de Genève accueille dès ce mardi une réunion de grande ampleur. Des représentants de près de 180 pays s’y retrouvent pour tenter de rédiger le tout premier traité mondial visant à réduire la pollution plastique. L’objectif est clair : s’attaquer à un fléau considéré comme une menace majeure pour l’environnement.
Devant le Palais des Nations, des centaines de militants écologistes venus du monde entier ont manifesté pour faire pression sur les négociateurs. Leur revendication principale : une réduction nette et contraignante de la production mondiale de plastique.
5e session de négociations
Parmi les voix mobilisées, celle de Joëlle Hérin, directrice de campagne chez Greenpeace Suisse. « Ce que les personnes rassemblées ici demandent aux gouvernements du monde entier, c’est de réduire la production de plastique. Nous voulons un traité fort, un traité ambitieux maintenant », a-t-elle déclaré.
Pas moins de 600 ONG sont représentées durant ces négociations, renforçant la pression sur les États pour qu’ils parviennent enfin à un compromis, après plusieurs tentatives infructueuses ces dernières années.
Cette session de négociations est la cinquième depuis le lancement des discussions il y a trois ans. La dernière, en Corée du Sud fin 2024, s’était soldée par un échec, notamment en raison du blocage de plusieurs pays producteurs de pétrole. Ces États freinent régulièrement les avancées, défendant les intérêts économiques liés à la production de plastique.
Pour Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement, les négociations ne sont pas vouées à l’échec : « La plupart des pays à qui j’ai parlé ont dit qu’ils venaient à Genève pour trouver un accord. Est-ce que les négociations vont être faciles ? Non. Est-ce qu’elles seront simples ? Non. Y a-t-il de la complexité ? Oui. Y a-t-il une voie vers un accord ? Absolument. »
« Un bloc minoritaire exerce une grande influence »
Face aux appels à une réduction drastique de la production, certains pays invoquent des arguments économiques ou sanitaires. L’industrie chimique soutient que le plastique reste essentiel dans de nombreux domaines, comme la santé – avec les masques ou les seringues – ou la sécurité alimentaire grâce aux emballages.
Mais ces positions sont vivement critiquées par des experts du droit environnemental, comme Andres Del Castillo, avocat au Centre pour le droit international de l’environnement : « Il existe un bloc minoritaire de pays qui exerce une grande influence et qui tente de faire échouer ce type de négociations. L’une des tactiques utilisées consiste également à remettre en question les principes fondamentaux, ce que la science nous dit. »
Un coût sanitaire et écologique colossal
Au-delà des enjeux diplomatiques, un récent rapport souligne l’impact dévastateur de la pollution plastique : elle coûterait chaque année près de 135 milliards d’euros à l’échelle mondiale, rien qu’en dépenses liées à la santé humaine. Un montant auquel s’ajoute un coût environnemental encore plus difficile à chiffrer.
Les dix prochains jours s’annoncent donc décisifs. À Genève, l’espoir d’un accord international demeure, mais il reste suspendu à la capacité des États à surmonter leurs divergences.


















