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« On les avait déjà mangées » : Théo découvre trop tard que ses croquettes étaient contaminées et potentiellement cancérigènes

Par Donatella Ruolo
Théo (prénom d’emprunt) nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous après avoir consommé sans le savoir des produits rappelés par le fournisseur. Les croquettes dont il est question présentaient une teneur trop élevée en huiles minérales. Notre interlocuteur s’inquiète : à quel point ces substances sont-elles nocives ?

« On a acheté plusieurs paquets de croquettes congelées il y a un mois et en allant au supermarché du coin, je vois un message à la caisse qui signale des rappels », raconte Théo. Immédiatement, le principal intéressé prend une photo pour vérifier les paquets qu’il a chez lui.

« Celui qui me restait faisait bien partie du lot, j’en ai déduit que les autres aussi mais nous les avions déjà consommés », dit-il, dépité. Les produits concernés ont été rappelés pour « teneur trop élevée en huiles minérales MOSH et MOAH ». Ni une ni deux, notre alerteur effectue quelques recherches sur ces substances et tombe des nues : « Je trouve ça un peu lamentable de retrouver ce genre de produits dans l’alimentation. »

Théo se dit « étonné » de la « communication très légère » malgré la dangerosité potentielle. Il est aussi inquiet.

Les MOH, c’est quoi ?

« Les hydrocarbures d’huile minérale (MOH) comprennent une large gamme de composés chimiques obtenus principalement à partir de la distillation et du raffinage du pétrole », explique l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments). Ces hydrocarbures sont classés en deux groupes principaux qu’on appelle les MOSH (hydrocarbures saturés d’huile minérale) et les MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huile minérale).

Un risque pour la santé humaine ne peut être exclu
EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments)

On se rend compte à partir de là que le lien avec l’alimentation n’est pas évident. Pourtant on les retrouve parfois dans certaines denrées alimentaires. « Elles peuvent pénétrer de différentes manières : contamination de l’environnement, utilisation de lubrifiant pour machine, migration à partir de matériaux en contact avec les aliments… », ajoute l’EFSA.

Cette autorité européenne a émis un avis, mis à jour en 2023, sur les risques associés à la présence de ces huiles minérales dans l’alimentation. Il semble que Théo a raison de s’inquiéter, du moins en partie.

Distinguons MOAH et MOSH :

  • « Les MOSH peuvent s’accumuler dans divers organes », avance l’avis. Toutefois, il est précisé que l’exposition actuelle « ne soulève pas de préoccupations majeures pour la santé humaine ». Il est encore stipulé que la marge de sécurité est limitée. Il ne convient donc pas de dire que ce produit est inoffensif.
  • Pour les MOAH c’est plus interpellant. « Ils peuvent endommager l’ADN, le matériel génétique des cellules, et provoquer le cancer. » L’avis distingue différents types de MOAH mais affirme que dans tous les cas, « un risque pour la santé humaine ne peut être exclu ».

Affiches, communiqués de presse, annonces sur les réseaux sociaux

Même si tout cela n’est pas très rassurant, il est important de souligner que la Belgique bénéficie d’un niveau élevé de sécurité alimentaire. L’AFSCA veille au bon respect des règles. Contactée par nos soins, l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire affirme qu’une « enquête est toujours en cours » concernant le rappel de croquettes dont parle Théo.

« Le problème trouve son origine dans une fuite d’huiles minérales chez un fabricant de produits surgelés », explique la porte-parole. Elle ajoute : « L’entreprise a immédiatement pris les mesures nécessaires. »

Mais quelles mesures ? Théo estime que la communication n’a pas été assez poussée. L’AFSCA précise comment ça fonctionne : « Il peut arriver qu’un produit ne soit pas conforme aux règles de sécurité alimentaire. S’il a déjà atteint le consommateur final, les entreprises doivent informer par le biais d’un avis de rappel. » Dans les faits, il y a des affiches dans les magasins, un communiqué est envoyé à la presse et il y a également une communication via les réseaux sociaux de l’AFSCA. Tout a donc été fait dans les règles dans le cas qui nous intéresse.

Pour éviter un quelconque danger, les entreprises sont tenues au préalable d’effectuer des autocontrôles. Et au moindre soupçon, elles doivent notifier l’AFSCA.

Communiqué affiché à la caisse du supermarché de Théo
Communiqué affiché à la caisse du supermarché de Théo - ©Alertez-nous

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