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À l'heure où les sacs à usage unique disparaissent progressivement de nos supermarchés, le public, progressivement, se familiarise au réutilisable. Si certains consommateurs résistent encore, d'autres se montrent ouverts aux changements d'habitudes. Cependant, pour l'ONG Greenpeace, les grosses multinationales ont aussi un rôle important à jouer. Quant à la grande distribution, elle doit aller beaucoup plus loin : favoriser les sacs réutilisables au rayon fruits et légumes, c'est bien mais ça ne suffit pas, estime l'ONG.
"Aujourd'hui, il y a encore dans les rayons légumes des supermarchés de nombreux légumes préemballés dans du plastique, note Jeroen Verhoeven, expert en produits à usage unique chez Greenpeace. Pour le consommateur qui veut éviter les déchets en plastique, les grandes surfaces ne leur laissent parfois pas le choix. Pourtant, les magasins en vrac prouvent que c'est parfaitement possible d'offrir une large gamme de produits sans emballages".
©BELGA
Ils mettent des emballages plastique sur le marché en disant : après c'est plus notre problème
Pour prendre le problème de pollution des océans par les sacs plastique à bras le corps, outre les interdictions visant les commerçants et particuliers, Greenpeace rappelle que les "multinationales et leurs milliards d’emballages jetables" restent responsables en produisant massivement ces déchets. Jeroen Verhoeven pointe clairement du doigt les multinationales comme Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Danone, s'appuyant sur le rapport de la coalition "Break Free From Plastic" paru en 2018. Des associations et ONG de 42 pays avaient identifié les marques figurant sur les déchets retrouvés dans la nature et ces multinationales se retrouvaient en haut de tableau.
Elles ont selon lui une responsabilité énorme quant à la présence de déchets plastiques dans les océans : "Ils mettent des emballages plastique sur le marché en disant : après ce n'est plus notre problème", explique l'expert Greenpeace.
©Pixabay
L'exemple des bouteilles recyclables
L'expert s'appuie notamment sur le constat de Go4Circle, de la fédération des entreprises d'économie circulaire qui fait face à de grosses difficultés quant au recyclage des bouteilles en PET. Elles sont recouvertes d'un fin film en plastique coloré, appelé sleeve. Mais comme il s'agit d'un autre type de plastique, cela cause de grosses difficile au moment du tri optique, qui n'identifie pas le bon type de plastique.
"Et les fabricants s'en foutent : ils disent qu'ils ont fait leur travail en utilisant du PET recyclable. Et ils font perdurer cette utilisation du plastique jetable, qu'on ne sait pas recycler à cause des étiquettes", ajoute Jeroen Verhoeven.
Et ce n'est pas parce que c'est recyclable que ce type de plastique va forcément être recyclé : la moyenne de bouteilles recyclées est seulement de 10%.
C'est à ceux qui mettent des produits sur le marché à prendre leurs responsabilités, et à ne pas mettre la responsabilité sur le dos des consommateur parce qu'ils ont acheté leur produit
L'expert de l'ONG est très critique aussi vis-à-vis de la grande distribution qui ne joue pas, selon lui, complètement le jeu de la réduction des emballages. En tout cas pas suffisamment.
"Les grandes surfaces acceptent de ne plus donner de sac, ok, c'est bien mais à côté de ça, ils bloquent l'installation des consignes sur les bouteilles en plastique", lance Jeroen Verhoeven. En principe, il devrait être possible de mettre en place un système de consigne pour les bouteilles en plastique, comme c'est le cas pour les bouteilles en verre, afin de favoriser le recyclage. Mais les grandes surfaces sont réticentes à cette idée. Raison pour laquelle les marques et les "retailers" ont un rôle essentiel à jouer, tout comme les particuliers. "Cette mentalité du tout jetable doit changer", insiste-t-il.
Pour y parvenir, tant les multinationales que les entreprises de grande distribution ont un rôle essentiel à jouer : "C'est à ceux qui mettent des produits sur le marché à prendre leurs responsabilités, et à ne pas mettre la responsabilité sur le dos des consommateur parce qu'ils ont acheté leur produit. C'est au grands groupes de ne pas mettre sur le marché des produits qui nuisent à l'environnement ", conclut-il.





















