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Écrire sur des personnages de la Seconde Guerre mondiale a été une manière, pour le scénariste de bande dessinée JDMorvan, d'entrer en Résistance, lui qui publie une BD volumineuse sur les "fusillés de l'Affiche rouge".
"Missak, Mélinée et le groupe Manouchian" paraît le 16 février aux éditions Dupuis, cinq jours avant l'entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon.
Pour Jean-David Morvan, 54 ans, c'est un nouveau titre dans une série qui ne cesse de s'allonger.
"Tout cela est de la faute d'Irena Sendler, qui est la première BD que j'ai faite sur le sujet, elle qui a sauvé 2.500 enfants du ghetto de Varsovie", explique-t-il à l'AFP. "J'ai été frustré de ne pas l'avoir rencontrée, parce qu'elle est morte en 2008 et, moi, j'ai commencé cette BD en 2014".
Il est le coscénariste d'une biographie qui a atteint cinq tomes, entre 2017 et 2020, et 344 pages dans son "édition complète".
- "Ses idoles" -
Ont suivi "Madeleine, résistante", sur Madeleine Riffaud, qui en est à deux tomes (2021 et 2023) sur trois prévus, "Simone", sur la déportée Simone Lagrange, deux tomes également (2022 et 2024), et "Adieu Birkenau", sur une autre déportée, Ginette Kolinka (2023).
Rencontre décisive, Madeleine Riffaud, 99 ans, est devenue une amie très proche. Il ne compte plus les allers-retours entre chez lui, à Reims, et chez elle, à Paris. "Mon autre grand-mère", en dit JDMorvan, car "je ne sais pas ce que j'aurais fait pendant la guerre mais, par contre, je sais que j'aurais fait la guerre avec Madeleine".
C'est elle, devenue résistante à 17 ans, qui pousse le scénariste à se lancer dans une fresque sur le groupe des Francs-tireurs partisans Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI, communiste), parce que "ces combattants étaient ses idoles".
"Chaque projet nourrit l'autre", estime-t-il.
L'idée de faire entrer au Panthéon les fusillés de l'Affiche rouge est alors défendue par une pétition. JDMorvan la signe et a la confirmation que cette BD trouvera des lecteurs. Sans s'imaginer que le président Emmanuel Macron va honorer les Manouchian.
Mais rien n'est simple avec ce groupe de résistants étrangers ou d'origine étrangère, dès qu'il s'agit de démêler légende et vérité historique.
- "Lutté pour un idéal" -
"On ne saura jamais quelle est la réalité. Comme le dit Madeleine, avec la Résistance, il n'y a pas d'archives, de papiers officiels. C'est caché, secret", selon l'auteur de "Cartier-Bresson, Allemagne 1945".
Pour cet album sur le groupe Manouchian, il a donc travaillé avec un historien, Thomas Fontaine, directeur du Musée de la Résistance nationale.
L'Occupation et la répression nazie sont rendues à hauteur de personnage.
Dans le cas de l'Affiche rouge, on comprend pourquoi la propagande allemande a dénoncé "l'armée du crime". La multiplication des attentats contre les soldats de la Wehrmacht, feldgendarmes ou SS, patiemment dessinés, a durement touché l'occupant.
"On est passé de Paris, la plus belle ville pour les Allemands qui arrivaient en permission, avec du champagne, des femmes, des spectacles, la Ville Lumière, à Paris à partir de mi-43, ville la plus dangereuse pour les Allemands", souligne le scénariste de BD.
"Parler des étrangers en France, je trouve que c'est important", poursuit-il. "Eux ont lutté pour un idéal, par patriotisme, qui n'est pas de gauche ni d'extrême droite. Pour le pays, pour la liberté, pour une idéologie... Et c'est peut-être pas mal, aujourd'hui en France, de rappeler ça".