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Les visiteurs du musée ne viennent que pour lui, le Marat assassiné de Jacques-Louis David. Considérée comme un véritable chef-d’œuvre, la peinture montre le dernier soupir de Marat, un révolutionnaire radical favorable à la décapitation de la royauté en France. Un tableau emblématique de la Révolution française.
« Le Marat assassiné est un véritable chef-d’œuvre à cause de la modernité de l’approche picturale, observe Davy Depelchin, conservateur aux Musées royaux. On est encore dans le feu de l’action ou presque, parce qu’on voit le moment où la coupable vient de partir. Le couteau est encore à côté de la victime et Marat tient encore la plume. Le meurtre vient de se passer ».
Il existe des copies mais c’est l’original que le Louvre souhaitait exposer. Prêter un tel tableau est rarissime, sa valeur est immense et confidentielle. « Il est unique, explique Davy Depelchin. Il faut savoir que David avait rendu visite à Marat juste la veille de son décès, c’était un ami à lui. Il y a toute une émotion qui est dans ce tableau qu’on ne trouve pas du tout dans les copies » Une équipe spécialisée se charge du décrochage particulièrement minutieux. Avant de rejoindre Paris, le tableau passe par l’atelier de restauration inaccessible au public. L’objectif, protéger l’œuvre des changements de température et d’humidité et lui éviter les vibrations durant son transport.
« Le travail ici ne sera pas une restauration mais plutôt ce qu’on appelle la conservation, explique Etienne van Vyve. De manière à protéger au mieux la face et le revers ». Ce restaurateur est l’heureux élu, chargé de dépoussiérer, chouchouter puis emballer le tableau. Un tête-à-tête de plusieurs jours avec Marat qu’il considère être en honneur. « Oui, c’est sûr, c’est quand même incroyable, confie-t-il. Quand on m’a confié cette mission, j’ai dit ‘bah oui, je ne peux faire que l’accepter évidemment’ ».
Etienne van Vyve découvre le revers du tableau pour la première fois. L’intimité du tableau qui révèle aussi les raisons de sa présence à Bruxelles. « Toutes les indications qu’il y a au revers sont évidemment importantes », souligne-t-il. Et le restaurateur d’y lire : « Appartenant à Jules David en 1870 ». Jules David, le petit-fils du peintre. C’est lui qui léguera le tableau aux Musées royaux en 1893 pour remercier la Belgique d’avoir accueilli son grand-père durant son exil.
La peinture est arrivée au Louvre sans encombre. Elle y est exposée dans le cadre de la grande rétrospective consacrée à Jacques-Louis David à l’occasion du bicentenaire de sa mort.
« Marat assassiné » reviendra à Bruxelles dans près de 4 mois, à l’issue de la rétrospective au Louvre. Tout comme le tout dernier tableau peint par David, de plus de 3 mètres de haut, et qui n’avait jusque-là jamais voyagé.


















