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Longtemps surnommé « la cathédrale de l’automobile », l’ancien garage Citroën de Bruxelles s’apprête à entamer une nouvelle vie. D’ici quelques mois, il deviendra l’un des plus grands musées d’Europe : Kanal – Centre Pompidou. Avec ses 40 000 mètres carrés de surface, ses 230 millions d’euros d’investissement et sept ans de transformation, le projet affiche des ambitions à la hauteur de sa démesure.
La toiture vient d’être posée, marquant une étape importante du chantier. Mais le musée n’est pas encore prêt à accueillir ses premières œuvres ni son public. « Nous créons un musée avec un nombre quasi équivalent de m² d’espace d’exposition que le Centre Pompidou à Paris, que la Tate Modern à Londres et que le MoMA à New York », explique Yves Goldstein, directeur de la fondation Kanal.

Une identité propre, malgré l’ADN Pompidou
Partenaire du prestigieux Centre Pompidou à Paris, Kanal ne sera pourtant pas une simple réplique belge. Si des similitudes existeront – notamment dans les grandes promenades intérieures, et une architecture largement inspirée du verre et de l’acier – le musée entend garder sa propre identité. « On va entrer dans Kanal comme on entre au Centre Pompidou », dit Xavier Rey, directeur du musée d’art moderne, Centre Pompidou à Paris. « Dans un espace de vie, qu’on peut traverser, dans lequel on peut flâner, dans lequel on peut travailler, aller lire, voir de l’art, discuter… Et c’est ça qui, dans le rapport à l’architecture, rapproche les deux bâtiments. »

Un musée du XXIe siècle, ouvert à tous
Plus qu’un musée, Kanal se veut un véritable lieu de vie. Librairie, boulangerie, rooftop : l’espace entend mêler culture et convivialité. Aussi vaste que le Centre Pompidou parisien, il ambitionne d’être un lieu de partage et de rencontres, pensé pour tous les publics, et pas seulement pour les amateurs d’art. « Près de 20.000 m² sur les 40.000 m² vont être des espaces publics gratuits, accessibles et inclusifs », dit le directeur. « Pour permettre aux Bruxellois, surtout ceux qui n’ont pas l’habitude d’aller dans un musée, de comprendre que le musée est pour tous. »
Des artistes déjà sélectionnés
Certaines œuvres font déjà partie de la collection du musée. Parmi elles, celles de la plasticienne Aline Bouvy, connue pour son esthétique singulière et son ton parfois irrévérencieux. Kanal a acquis l’un de ses bas-reliefs représentant des policiers dénudés, une œuvre audacieuse présentée sur des grilles métalliques.
Une reconnaissance importante pour cette artiste belgo-luxembourgeoise, déjà exposée à Londres et Berlin. « On intègre aussi un catalogue d’oeuvre qui peut être prêté d’institution en institution », dit Aline Bouvy. « Et puis voyager, être stockée dans de bonnes conditions, être chouchoutée… »

Une ouverture qui tombe à point nommé
Alors que le Centre Pompidou parisien ferme pour cinq ans de rénovation, le calendrier joue en faveur de Bruxelles. Cette fermeture pourrait permettre à Kanal d’attirer un public international en quête d’une nouvelle vitrine de l’art moderne et contemporain. « Ca offre une opportunité supplémentaire pour certaines oeuvres d’art qui ne quitte d’habitude jamais Paris », dit Yves Goldstein. « Elles pourront potentiellement venir à Bruxelles. »
Un projet sous le feu des critiques
Depuis ses débuts, le projet n’a pas échappé aux polémiques, notamment sur son coût, dans un contexte budgétaire tendu pour la culture.
Le défi est grand, mais les porteurs du projet misent sur l’impact à long terme d’une telle institution. « Je crois en l’utilité sociale des musées », dit Xavier Rey, directeur du musée d’art moderne, Centre Pompidou à Paris. « À la capacité des musées de répondre aux attentes les plus actuelles comme le développement durable, la cohésion sociale mais aussi le dialogue des cultures et la paix. La période est difficile mais je reste convaincu que la contribution d’une institution comme Kanal est déterminante pour approcher le futur avec sérénité. »
Une ambition internationale
Avec une ouverture prévue le 28 novembre, Kanal espère s’inscrire dans le réseau international du Centre Pompidou, déjà présent à Shanghai, Malaga ou Séoul. Une manière pour Bruxelles de renforcer sa place sur la carte culturelle mondiale.



















