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Plus de 16 000 livres interdits au total dans les établissements scolaires de Floride, de l’Utah, du Tennessee ou encore de l’Iowa. Impossible de trouver ces classiques de la littérature. 1984, La Ferme des animaux, Le Journal d’Anne Frank, Roméo et Juliette… la liste est très longue. « J’essaye de trouver le fil conducteur entre tous ces livres et j’irais vers la rébellion, la recherche de liberté ou la dénonciation », analyse Florence Zimmermann, libraire chez Filigrane.
Des livres qui dérangent les autorités
La mise à l’index est une pratique qui remonte à des décennies. « On peut dire qu’aux États-Unis, cela existe depuis fort longtemps, pendant l’entre-deux-guerres. On a retiré par exemple des livres de Hemingway, etc., raconte Serge Jaumain, professeur d’histoire contemporaine.
Il suffit qu’un conseil scolaire estime qu’il y a vraiment un problème. On les retire de la liste des livres dans les écoles. Et puis ça touche aussi les bibliothèques publiques. »
En Europe, les « banned books », les livres interdits, sont devenus tendance
Dans cette librairie, un rayon est consacré aux banned books pour le plus grand plaisir des lecteurs. « Ça doit rendre les gens intelligents, c’est pour ça que ça doit être interdit, parce que la lecture rend intelligent en général », estime un client. « Ce n’est pas simplement un livre, ça fait partie de la culture », souligne une jeune fille qui confie que l’interdiction ne fait qu’accroître sa curiosité. « Du coup, on se demande pourquoi ils ont été interdits ».
Pourquoi retirer des écoles des grands noms de la littérature américaine comme Toni Morrison, prix Nobel de littérature. « Tout ce qui concerne l’histoire afro américaine semble poser problème, constate Cindy Jacquemin, libraire chez UOPC. Un deuxième thème très important qu’on voit, c’est tout ce qui concerne les minorités sexuelles. C’est comme si l’Amérique reniait sa propre histoire en cassant ses récits nationaux. Donc c’est très étrange ».
Pour certains titres, la libraire est encore plus perplexe. « Il n’y a aucune raison de censurer l’appel de la forêt », tranche Cindy Jacquemin.
Une morale « extrêmement rigoriste »
L’appel de la forêt, les Trois Mousquetaires, le Malade imaginaire… des ouvrages qui font partie du programme scolaire en Europe, mais qui disparaissent des bibliothèques des États républicains. « On veut imposer une morale extrêmement rigoriste dans les États les plus conservateurs, observe Serge Jaumain, professeur d’histoire contemporaine. Ça renvoie finalement à ce qu’étaient les États-Unis au tout début de leur indépendance, où les puritains ont joué un rôle très important de ce point de vue là. »
Plus de 16 000 livres mis à l’index au total, autant d’œuvres devenues encore plus attirantes pour les lecteurs, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis.

















