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L’analyseur d’urine connecté est une réalité : on a testé le U-Scan, prochaine étape de la santé à domicile

Par Mathieu Tamigniau
Le mini laboratoire « de toilette » de Withings, entreprise française spécialisée dans la santé connectée pour le grand public, est enfin disponible, après 7 années de développement. Tout un chacun, pour un prix moyen, peut mieux connaître son métabolisme grâce à l’analyse d’un fluide très riche en informations…

La santé connectée va au-delà des gadgets pour les hypocondriaques ou les amoureux des statistiques sportives ou liées à la qualité de leur sommeil. Derrière ce marché qui est hautement considéré par de nombreux acteurs (Apple en tête avec sa Watch), il y a la prochaine révolution numérique et économique qui se profile : celles des soins de santé. La très lourde facture que les pays européens n’arrivent plus à payer pourrait être en partie réduite, à long terme, avec la « prévention à domicile », suivie d’une téléconsultation, avant d’encombrer des salles d’attente impayables. Gérer et surveiller ses paramètres physiologiques à distance, et en cas de souci discuter avec un médecin qui aurait une vue détaillée de ceux-ci, c’est déjà possible.

Et Withings, pionnier français dans le domaine, vient de lancer un produit qui va encore plus loin : l’analyse d’urine chez soi, avec les résultats visibles dans son application. On l’ignore souvent, mais l’urine constitue une source riche d’informations sur la santé, contenant plus de 3 000 métabolites (= molécule produite ou utilisée lors du métabolisme – soit l’ensemble des réactions chimiques qui se déroulent dans un organisme vivant pour maintenir la vie). Ces éléments reflètent notre nutrition, notre hydratation, notre équilibre hormonal et notre métabolisme. Rien que ça… Mais comment ça marche ?

Vue éclatée du galet, avec au milieu la cartouche d’analyse interchangeable, d’une durée de vie de maximum 3 mois.
Vue éclatée du galet, avec au milieu la cartouche d’analyse interchangeable, d’une durée de vie de maximum 3 mois. - Withings

Un laboratoire miniature pour 349€

Le U-Scan de l’entreprise français Withings a été annoncé il y a plus de deux ans, mais est le fruit de 7 années de recherche ; le temps de mettre au point ce qui représente un laboratoire d’analyse d’urine qu’on accroche dans la cuvette de sa toilette. « L’histoire de U-Scan a commencé par une intuition simple : l’urine offre une fenêtre précise et complète sur notre santé. Le défi était de transformer cette intuition en un laboratoire si compact qu’il puisse s’intégrer directement dans les toilettes, sans modifier les habitudes de quiconque… », explique Eric Carreel, le fondateur de Withings.

Le kit de base est composé du galet d’analyse, de son crochet pour le fixer à la toilette (comme on fixe un galet de savon), de sa station de lavage/recharge et de sa cartouche d’analyse, de type Nutrio pour le moment (d’autres cartouches analysant d’autres données seront disponibles prochainement).

L’installation est assez simple, via l’application Withings, celle où vous pouvez déjà rassembler les données issues des montres Scanwatch, des stations de santé (pèse-personnes améliorés), du tensiomètre, du thermomètre/stéthoscope ou encore du matelas d’analyse de sommeil de la marque. Le galet est connecté à votre routeur Wi-Fi et votre smartphone en Bluetooth, et il peut s’ouvrir pour être configuré et accueillir la cartouche d’analyse (celle-ci permet 22 analyses d’urine, au rythme de minimum 2 analyses/semaine, ça donne une durée de vie de 3 mois maximum). Les analyses sont transmises à l’application Withings en Wi-Fi, et disponibles en quelques minutes.

Comme tous les objets connectés, l’analyseur d’urine doit être mis à jour…
Comme tous les objets connectés, l’analyseur d’urine doit être mis à jour… - RTL info

Avant d’être installé comme un support de galets de savon désinfectant
Avant d’être installé comme un support de galets de savon désinfectant - RTL info

Dans le cadre de mon test, les analyses sont manuelles – quand on est une famille avec enfants, c’est plus facile. Il faut donc, via l’application qui vous le rappellera, réveiller le galet avant d’uriner dessus au moins 6 secondes. Une petite pompe se met en route (on l’entend), récolte l’urine et l’analyse dans la foulée. Il est possible d’automatiser en partie ces analyses dans l’application, via la création d’un programme et d’un abonnement.

Qu’est-ce qui est analysé ?

Avec la cartouche Nutrio, celle qui m’a servi de test, tout est plutôt lié à l’alimentation (il en existe une autre qui intègre le calcium, et d’autres sont en développement). Quatre résultats apparaissent donc dans mon application lors d’une analyse :

  • Bio-Acidity (pH urinaire) – Indique l’équilibre acido-basique ; une acidité chronique signale un stress métabolique ou une alimentation inadaptée (faible en fruits et légumes, riche en protéines/céréales), affectant la récupération et l’inflammation.
  • HydroStatus (Densité urinaire) – Composante essentielle du suivi nutritionnel, la densité urinaire montre objectivement si l’apport hydrique répond suffisamment aux besoins métaboliques et de performance. En clair : buvez-vous assez d’eau ?
  • Cétones – Le niveau de cétones montre lorsque le corps brûle des graisses au lieu du sucre pour produire de l’énergie (cétose), aidant à évaluer le métabolisme des graisses, la gestion du poids et le suivi de régimes pauvres en glucides.
  • Vitamine C – En tant que vitamine hydrosoluble et antioxydante, son niveau est une mesure directe de l’adéquation de l’apport alimentaire et de la protection contre les dommages cellulaires, essentiels pour la santé générale et la récupération.

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Lors de chaque analyse, vous voyez où se situe votre corps par rapport à ces 4 éléments. Il y a conseils et des explications au sein de l’application. Ces analyses peuvent vous guider dans votre alimentation/hydratation ; et si tout est mauvais, tout le temps, il est sans doute préférable d’aller consulter un médecin…

Peut-il détecter une infection urinaire ou tout autre problème lié au système urinaire/rénale ? Non, pas pour le moment en tout cas. Il n’est pas homologué comme un dispositif médical dans le cadre de sa commercialisation en Europe. Mais le potentiel technologique existe : avec des cartouches dédiées et des homologations (médicales) spécifiques, le U-Scan pourrait un jour analyser des biomarqueurs indiquant des infections (présence de leucocytes, nitrites, sang, etc.) ou des anomalies rénales. « C’est un service sur lequel Withings travaille », m’a-t-on confirmé.

La « science longitudinale »

Quand on prend un peu de recul, on aperçoit une chose : l’arrivée des mesures de santé à la maison (au poignet, sur la balance, au lit et désormais dans la toilette) ouvre une nouvelle perspective : celle de l’analyse de données continues, sur le long terme. Au lieu d’attendre d’avoir mal au ventre ou en urinant pour réaliser une telle analyse en laboratoire, après avoir consulté un médecin, U-Scan permet d’avoir des données régulières (minimum 2X par semaine). L’approche de Withings est « ancrée dans la science longitudinale – la constitution d’ensembles de données quotidiennes qui révèlent comment le corps s’adapte sur des semaines, des mois et des années. L’avenir de la santé ne réside pas dans la collecte de plus de données, mais dans la compréhension de la symphonie biologique qui les sous-tend – et ce, de manière naturelle, dans la vie réelle. », poursuit Eric Carreel.

La face cachée du galet à placer dans la cuvette.
La face cachée du galet à placer dans la cuvette. - Withings

Mais on n’en est qu’au début, en réalité. Il faudra quelques années de données sur des milliers de personnes pour déceler des corrélations, pour des analyses pertinentes et des conseils personnalisés. L’IA pourra certainement contribuer à la juste compilation des informations mondiales (mais anonymisées) ; et contribuer donc, on l’espère, à un système de santé modernisé car en partie basé sur la prévention – avec un coût, on l’espère là aussi, plus supportable pour les collectivités…

C’est l’avenir ou c’est flippant ?

Les amateurs de technologies et de progrès scientifiques crient au génie avec les avancées de la santé connectée. Mais d’autres avis émergent : a-t-on envie d’avoir sous les yeux, en continu, ses constantes de rythme cardiaque, de sommeil et maintenant de composition d’urine ? Et probablement, dans quelques années, des analyses de sang indolore et continue intégrée dans un dispositif au poignet ? C’est une question philosophique, finalement : doit-on tout savoir et tout mesurer pour tout éviter et vivre mieux et plus longtemps ? Ou doit-on attendre d’avoir des symptômes avant d’aller se faire soigner, au risque qu’il soit déjà un peu (ou beaucoup) trop tard pour y remédier ? Vivre en mode surveillance quitte à être stressé ou obnubilé par le fait de voir dans ses urines les verres de vin ou le saucisson de la veille ; ou se laisser aller de temps en temps sans penser aux conséquences ? Les deux ne sont peut-être pas incompatibles, cependant. Comme toujours, c’est sans doute une question de nuance et de juste milieu…

Un mot sur le prix, pour terminer : après les 349€ de départ, il vous en coûtera 99€ par cartouche, donc par bloc de 3 mois maximum. Des formules d’abonnement existent pour être livré automatiquement. Ce prix inclut l’abonnement à Withings+, auparavant facturé 9€/mois, et qui pousse au maximum les analyses des autres données de santés et d’activités physiques.

Des données sur le long terme, et des indicateurs inédits pour la santé « à la maison »
Des données sur le long terme, et des indicateurs inédits pour la santé « à la maison » - Withings

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