Les tests de Mathieu: ce smartphone abordable de Google intègre complètement l'IA et lui donne "la vue"

La course pour améliorer l'intelligence artificielle et la rendre utile au quotidien pour le grand public (elle l'est déjà au niveau pro) ne faiblit pas en 2025. Tous les grands acteurs, d'OpenAI (ChatGPT) à Meta/Facebook (Llama) en passant par Google (Gemini), sont à la recherche de la killer app, cette fonctionnalité qui rendrait l'IA indispensable, justifierait les abonnements parfois importants (20€ par mois) et dès lors, les milliards investis depuis quelques années. OpenAI s'est récemment offert un joli coup de pub (controversé, mais soit) en rendant accessible sa nouvelle formule magique de génération/transformation d'image :

Mais Google n'est pas en reste et, comme un vieux diesel, a trouvé son rythme de croisière ; il innove constamment et met enfin à profit son plus gros avantage sur la concurrence: la maîtrise du matériel (ses smartphones Pixel), du système d'exploitation (Android) et de sa plateforme IA (Gemini). Un trio inédit qui permet une percée spectaculaire, pour l'instant réservée au Pixel 9a (549€) qui vient de sortir (les Pixel 9 et les Samsung Galaxy S25 en profiteront très bientôt gratuitement, les autres utilisateurs Android devront être abonnés à Gemini Advanced): Gemini Live "voit". 

Comment ça marche et qu'est-ce que ça apporte ? 

Vous connaissiez peut-être Gemini Live, une interface 100% vocale de l'IA générative de Google, qui permet une conversation fluide, en français, avec une IA. Une communication naturelle, durant laquelle vous pouvez interrompre la voix de Gemini, ce qui facilite la notion de diaologue: c'est une conversation et non une succession de questions-réponses, l'IA agit en fonction du contexte global. 

C'est précisément ce Gemini Live, un écran habituellement vierge, qui vient de recevoir de nouveaux boutons. Le premier à gauche lui permet d'allumer la caméra, et de partager le flux avec Gemini. Le deuxième en partant de la gauche lui permet de "regarder" votre écran (par exemple, si vous avez pris des photos, vous pouvez alors en parcourir quelques-unes et poser des questions ou discuter du contenu de ces photos).

Gemini Live reçoit donc la vue grâce à cette mise à jour. J'ai fait quelques tests pour voir à quel point il comprenait ce qu'il voyait, et c'est assez performant - tout en étant rapide. Je lui ai montré un thermomètre de santé et il a compris ce que c'était, me disant dans la foulée comment je devais l'utiliser (voir capture d'écran ci-dessous). Je lui ai montré un routeur WiFi 5G et il m'a posé des questions sur ma démarche, me demandant si je cherchais à améliorer mon réseau local, et comment fonctionnait un routeur basé sur la 5G. Il essaie aussi d'aller plus loin, de comprendre ce que vous avez en tête, sans que vous ayez à le dire. En partageant mon écran, je lui ai montré quelques photos d'un voyage à Barcelone, notamment un joli plafond : il a reconnu le style et l'a décrit, et nous avons discuté quelques minutes à propos de l'architecte Gaudi. 

La killer app ? 

Alors, soyons clairs, ça n'est sans doute pas encore la killer app dont je parlais au début de cet article. Parce qu'on n'a pas l'habitude de ce genre d'interactions, parce qu'au quotidien, on ne se pose pas des questions particulières sur ce qui est autour de nous ou ce qui se trouve sur l'écran de notre smartphone. Dans sa communication, Google évoque la déco ou la mode, Gemini Live pouvant observer votre garde-robe ou votre intérieur et faire des suggestions de style: pas certain que le grand public ait régulièrement de tels besoins. Mais c'est un pas dans la bonne direction: celle d'une IA générative plus intégrée, plus futée car dotée de la vue, plus facile/rapide à utiliser. C'est en réalité un savant de mélange de fonctions qui existaient déjà (comprendre une image et répondre à des questions) ; mais qui, englobées dans un téléphone et accessibles d'un simple appui prolongé sur le bouton latéral, pourraient créer des usages, encourager de nouveaux utilisateurs qui n'ont pas envie d'écrire des prompts, asseoir l'IA comme un compagnon de tous les jours qui se trouve dans la poche. Et c'est déjà pas mal pour un appareil, rappelons-le, vendu 549€ ; et tandis qu'Apple est complètement largué avec l'intelligence artificielle dans ses iPhone...

Et le reste ? Que vaut le Pixel 9a?

Au-delà de l'intégration poussée de Gemini, le Pixel 9a se présente comme une évolution réfléchie de la gamme A de Google, cherchant à offrir une expérience équilibrée et compétitive sur le segment des 549€. Son design a été repensé, abandonnant la barre de caméra traversante pour un bloc plus compact et légèrement bombé, inspiré par les gouttes d'eau. Ce nouveau look lui donne un côté très simple et "petit iPhone", tout en restant élégant et (un peu) identifiable comme un Pixel. Sa couleur rose "Peony" lui apporte sans conteste une touche de fraîcheur. Google met aussi en avant la durabilité avec un cadre en aluminium recyclé et une résistance à l'eau et à la poussière certifiée IP68 (peut être immergé), une amélioration par rapport à l'IP67 du Pixel 8a. 

L'écran "Actua Display" de 6.3 pouces (légèrement plus grand que les 6.1 pouces du 8a) promet une belle expérience visuelle avec un taux de rafraîchissement adaptatif de 60 à 120 Hz pour la fluidité et surtout, une luminosité de pointe impressionnante de 2700 nits, le rendant très confortable en extérieur, et surpassant nettement le 8a (2000 nits). Les bordures sont assez larges, mais c'est logique pour un appareil de cette gamme. Sous le capot, on trouve la puce Google Tensor G4, épaulée par 8 Go de RAM (comme le 8a), 128 ou 256 GB de stockage et la puce de sécurité Titan M2. Google annonce des performances améliorées, notamment une navigation web 30% plus rapide que son prédécesseur. Cette puce permet surtout de faire tourner les dernières fonctionnalités IA "maison", comme Gemini Nano directement sur l'appareil, mais aussi les outils photo avancés.

Côté photo, si le capteur principal passe de 64MP sur le 8a à 48MP (f/1.7, OIS+EIS) sur le 9a, Google met l'accent sur les capacités logicielles et les nouvelles fonctionnalités. Il est accompagné d'un ultra grand-angle de 13MP (f/2.2, 120° FoV). Le "Super Res Zoom" jusqu'à 8x est toujours là, mais le 9a gagne le mode "Macro Focus" pour les clichés de très près, une première sur la série A, fonctionnant aussi en vidéo 4K. Pas de miracle cependant, si les photos sont globalement bonnes et les prises de vue assez polyvalentes, il y a un écart assez marqué avec le haut de gamme (vendu le double du prix, rappelons-le). 

Les fonctions IA comme "Best Take" (pour corriger les visages sur les photos de groupe), les améliorations de la "Gomme Magique Audio" (qui permet maintenant d'amplifier certains sons et pas seulement d'en réduire d'autres), et les options de "Magic Editor" ("Reimagine" via texte et "Autoframe") vous donnent la possibilité de vous amuser avec vos photos. Déjà présente sur les autres Pixels et désormais aussi chez de nombreux concurrents, c'est devenu assez élémentaire, même à 549€. La fonction "Add Me" utilise la réalité augmentée et l'IA pour vous intégrer facilement aux photos de groupe que vous prenez, elle reste une "exclu" des smartphones de Google. 

L'autonomie est un point fort, avec une grosse batterie de 5100 mAh (contre 4492 mAh pour le 8a), promettant plus de 30 heures d'utilisation, soit 2 jours si vous ne passez pas votre journée à regarder des vidéos. La charge rapide filaire et la charge sans fil Qi sont également de la partie. Enfin, Google maintient sa promesse de support logiciel étendu avec 7 ans de mises à jour (OS, sécurité et Pixel Drops), un argument de poids face à la concurrence dans cette gamme de prix. Le Pixel 9a s'affirme donc comme un smartphone complet, misant sur l'IA, la photo logicielle, un écran très lumineux, une grosse batterie et une durabilité accrue pour justifier son positionnement tarifaire.