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Les entreprises les plus valorisées au monde (à qui les bourses mondiales octroient donc une valeur en actions, temporaire et fluctuante en fonction des conditions du marché) sont des entreprises technologiques. Dans le top 10 de juillet 2025, les 6 premières places sont occupées par NVIDIA, Microsoft, Apple (c’est l’exception, l’IA n’est pas son business principal), Amazon, Alphabet/Google et Meta, des mastodontes américains qui fournissent le matériel ou le logiciel permettant l’IA, et pour certains, développent les modèles les plus puissants.
Et OpenAI ? Avec une valeur d’environ 80 milliards de dollars, il s’agit pour le moment d’un pure player (il ne fait que de l’IA, contrairement aux autres) qui est très loin des 3.800 milliards de Microsoft. Et pourtant, l’entreprise de Sam Altman, vous le savez, est à la pointe de l’IA avec ChatGPT, qui vient de lancer une nouvelle option cet été : Agent. Je l’ai essayée, et c’est assez dingue…

Un agent qui travaille à votre place (y compris en surfant le web)
La notion d’agent dans l’intelligence artificielle n’est pas neuve. C’est le principe de configurer une IA pour lui faire exécuter des tâches précises, sans devoir expliquer ce que l’on veut (« prompter ») à chaque nouvelle conversation. Mais avec ChatGPT agent, OpenAI va un pas plus loin : il a créé l’assistant numérique du futur, qui travaille sur un ordinateur virtuel sous vos yeux, qui clique à votre place et remplit des champs de données (entre autres choses bien plus complexes, mais pour le grand public, c’est le plus parlant).
Vérifier mon visa pour les États-Unis…
Je pars bientôt aux États-Unis. En plus d’un passeport valide, il faut un visa, qu’on obtient désormais en ligne. Il a une durée de vie de 2 ans, je devais donc vérifier si le mien était encore valable. Je l’ai fait par moi-même, bien entendu. Une procédure pas très complexe mais qui nécessite de trouver le site officiel (il y a de nombreuses arnaques) de l’ESTA, d’y encoder des données personnelles et celles de mon passeport. L’idéal pour tester les capacités de ce nouvel agent de ChatGPT !
Sur la page d’accueil de ChatGPT, dans une nouvelle conversation, on peut effectivement activer la fonction Agent :

Je lui ai simplement fourni une photo de mon passeport (car je sais qu’il a besoin des données qui s’y trouvent à la page principale) et je lui ai demandé de vérifier si mon ESTA était encore valide. Une instruction très courte, dans un français de tous les jours. La preuve qu’il ne faut pas vraiment s’y connaître pour utiliser l’IA...
Après 3 secondes de réflexion, il a transformé la zone de réponse en écran de navigateur, et il a commencé sa recherche. Il a combiné ce qu’il sait (comment vérifier un ESTA) et ce qu’il a constaté en réalisant lui-même cette tâche, à la première personne. Il a donc été sur la page officielle (il la connaît, pas besoin de passer par Google, ce qui évite les sites d’arnaque), et il a lu la page. Il a déduit qu’il fallait cliquer sur le bouton « Vérifier le statut ESTA », puis il a rempli tous les champs nécessaires, grâce aux informations trouvées sur la photo de mon passeport que j’ai jointe à la requête initiale. Il a compris que certaines données étaient facultatives et ne les a pas prises en compte. On le voit naviguer et (tenter de) remplir les champs «date». Et à chaque étape, il décrit brièvement ce qu’il fait (« je vais scroller le menu déroulant pour trouver le chiffre 22 »).

Après 9 minutes (il a eu du mal à cliquer sur le 22 de mon jour de naissance, justement) d’encodage et de réflexion, il a « fermé » sa fenêtre de surf et m’a fourni la réponse que je savais déjà : mon ESTA est toujours en ordre, je peux partir aux USA… J’ai été plus rapide que lui, mais il a réussi - et on peut le laisser travailler et fermer la fenêtre, on recoit une notification quand il a terminé. Une prouesse inimaginable il y a même 2 ans. C’est un peu dingue, et un peu effrayant si on réfléchit à tout ce qu’il peut désormais faire « de lui-même » (même s’il réagit à une requête).

Conclusions : qu’allons-nous encore faire en 2040 ?
ChatGPT agent, disponible pour les abonnés payants (environ 20€/mois), est un pas de plus vers une intelligence artificielle active, qui dépasse la notion d’outils fournissant des réponses à des questions ou requêtes précises. Avec une courte phrase et une photo, l’agent d’OpenAI a vérifié si mon visa était encore valide. L’exemple n’était sans doute pas le meilleur, car il vaut mieux éviter de confier des données et une tâche aussi sensible à une plateforme en ligne. ChatGPT dit qu’il peut acheter des tickets de cinéma, et même vérifier votre agenda pour voir quand vous êtes disponibles en soirée pour y aller. J’ai essayé et forcément, il vous demande de reprendre la main pour effectuer le paiement ou remplir certaines données personnelles, il vous demande de vous connecter à Google pour qu’il lise votre agenda. Cela n’a rien de très intelligent, c’est plutôt de l’assistance numérique, finalement.
Une chose est sûre, comme avec Google il y a 20 ans, la confiance va s’installer au fil des années, et vous allez lui donner tous les accès nécessaires car vous préférez qu’il s’occupe de certaines tâches à votre place. En 2024, ChatGPT (et les autres IA génératives du marché) résumait un long texte en espagnol et le transformait en email en français. En 2030, il pourrait s’occuper de 90 % de la procédure de « réservation de vacances idéales pour l’été prochain ». Mais qu’allons-nous encore faire en 2040, alors ? Personne n’a la réponse : le débat éthique et philosophique s’ouvre, et il est bien trop long pour cet article…


















