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Xiaomi sort un appareil photo Leica (qui est aussi un smartphone): que vaut le 15 Ultra ?

N.3 mondial du smartphone avec une croissance annuelle de 15%, le géant chinois de l'électronique veut prouver au monde entier, juste avant le Mobile World Congress de Barcelone, que c'est lui le meilleur. Tous les muscles sont bandés et les Samsung, Apple et Google n'ont qu'à bien se tenir: le Xiaomi 15 Ultra, un appareil assez exotique à 1.499€, va leur faire mal. Explications. 

Les appareils photos conventionnels sont désormais réservés aux professionnels ou aux amateurs avertis ; la grande majorité des utilisateurs se contentent d'utiliser un smartphone qui, année après année, parvient à améliorer la qualité globale des photos. L'importance des capteurs et du traitement logiciel est telle que plusieurs marques s'associent à des grands noms de la photo pour aller un pas plus loin.

C'est le cas de Xiaomi et Leica (Leica est la contraction de Leitz Camera, du nom de son fondateur, Ernst Leitz, on est au début du 20e siècle). Cela fait d'ailleurs 100 ans que le Leica 1 est sorti ! Mais ce duo dépasse l'aspect 'marketing' : le pionnier allemand de la photographie fournit du matériel (lentilles) et du traitement logiciel - en plus, bien sûr, d'une belle image de marque. Pour être la star du Mobile World Congress de Barcelone, l'entreprise chinoise a présenté ce dimanche, juste avant l'ouverture du salon et dans un centre de convention gigantesque, son Xiaomi 15 Ultra, nouvelle tentative du photophone ultime vendue 1.499€ tout de même (le Xiaomi 15 normal, moins balaise en photo, démarre à 999€). J'y étais, et j'ai pu mettre la main sur ce concentré de tech pour faire quelques comparaisons. Et ce qui saute aux yeux, fatalement, c'est le look "appareil photo vintage" particulièrement réussi, fait d'aluminium et de fibre de verre. Il est très confortable car arrondi sur ses bordures, mais un peu lourd à mon goût, avec beaucoup de poids sur le haut du smartphone, où se trouve l'imposant bloc de capteurs. 

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© RTL info

Mieux qu'un long discours: une comparaison

Avant de rentrer dans les détails, allons à l'essentiel: le Xiaomi 15 Ultra et sa débauche de moyens photographiques fait-il mieux que le Google Pixel 9 Pro XL, une des références photos de ces derniers mois ? La réponse est oui, mais ce oui est surtout visible quand on zoome. J'ai emmené ces deux appareils autour de la Sagrade Familia, et voici le résultat quand on cherche les détails : 

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© RTL info
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Mes constats: le zoom de Xiaomi est moins baveux (on le voit bien sur le lion) tandis que la plage dynamique (donc équilibre zones claires et foncées) est mieux gérée avec la statue à la couronne (on voit que l'arrière-plan est plus sombre, mais beaucoup plus fidèle à la réalité, notamment au niveau des couleurs du vitrail). Pour des photos plus élémentaires, comme la Sagrada Familia vue de loin, les différences sont minimes: c'est une question de chaleur, et Google est plus sobre (mais un peu plus fidèle, car il faisait plutôt grisâtre...) :

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Cependant, en regardant de plus près dans ces deux clichés, je constate que Xiaomi enregistre plus de détails: l'effet "pixel carré" arrive plus tard quand on zoome à la main sur la photo (ce qu'on ne fait pas très souvent, avouons-le). Mais Google gère un peu mieux les contrastes. On parle de détails, cependant. 

Les aspects techniques simplifiés: pourquoi c'est un "photophone" ?

Si le Xiaomi est le meilleur, c'est sans doute grâce au déploiement, inédit sur un smartphone, de technologies liées à la photo. Le 15 Ultra est équipé d'un système de caméras polyvalent couvrant une plage focale de 14 mm à 200 mm. Cela signifie que les différents objectifs (4 au total) sont aussi doués pour du 14 mm (ultra grand-angle pour un paysage ou une photo de groupe) que pour du 200 mm (un zoom avec pas ou peu de perte de qualité sur des objets éloignés, ou simplement pour réussir un portrait 'gros plan' sans être collé au visage de la personne). 

L'appareil intègre des objectifs Leica Summilux (le haut de gamme de Leica, qui laisse entrer plus de lumière) et une lentille asphérique 8P (c'est-à-dire composée de 8 pièces) avec double revêtement anti-reflet. Difficile de faire mieux dans un smartphone...

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Le capteur principal est un Sony LYT-900 de 1 pouce ; une taille plus importante que la moyenne, qui laisse à nouveau entrer plus de lumière, ce qui permet de mieux gérer mieux les ambiances sombres. Il est de 50 MP (ça fusionne 4 pixels en 1, donc les clichés sont de 12 MP) et couplé à un objectif Leica Summilux offrant une ouverture de ƒ/1.63 et des focales variables de 23 mm, 28 mm et 35 mm. La plage dynamique annoncée est de 14 EV, ce qui signifie que l'appareil photo peut enregistrer dans un même cliché de nombreuses variantes de luminosité (au lieu d'être ébloui par un rayon de soleil qui "brûlerait" l'image). Et c'est plutôt rare, voire très rare...

Pour le zoom, un téléobjectif Leica de 100 mm avec capteur de 200 MP est présent, et peut atteindre 200 mm via un zoom sur capteur. Le capteur a une taille de 1/1,4" et une ouverture de ƒ/2.6. Un objectif ultra grand-angle de 14 mm complète le système, c'est pour prendre des photos en 0,6X.

En vidéo, l'appareil permet de filmer en 4K à 120 fps avec les caméras principale et téléobjectif périscopique. La stabilisation optique (OIS) et électronique (EIS) est intégrée. L'enregistrement Dolby Vision est possible en 4K à 60 fps, et d'autres fonctionnalités qui concernent surtout les amateurs avertis...

Amusant, mais aussi la preuve que Xiaomi va jusqu'au bout de son idée: un kit optionnel à 199€ (mais offert au lancement), le Xiaomi 15 Ultra Photography Kit Legend Edition, est proposé, incluant une poignée, des commandes dédiées et une batterie supplémentaire de 2 000 mAh.

Ajoutez à cela des modes de prise de vue innovants liés au portrait, à la vidéos ou la photo de rue (prise sur le vif), et vous avez ce qui ressemble le plus à un photophone en 2025. 

Et le reste ? 

Dans le reste de la présentation de la série Xiaomi 15, l'entreprise a surtout évoqué un trio de fonctionnalités liées à HyperOS 2, son écosystème logiciel très développé (on est au niveau d'Apple et Samsung):

  • HyperCore qui soigne la performance et la personnalisation de l'interface, surcouche logicielle assez imposante d'Android 15 qui a droit à une grosse mise à jour. C'est bien entendu très fluide, notamment grâce au combo puce Snapdragon 8 Elite, 16 GB de RAM et 512 GB de stockage ultra rapides. Les transitions graphiques, minutieusement intégrées un peu partout dans l'interface, rendent la navigation intuitive, agréable et plutôt stylée ! J'aime toujours autant le double balayage haut-bas: réalisé à gauche, vous verrez les notifications ; à droite, le volet d'état et de raccourcis. On peut également s'amuser avec des effets de transitions entre les fonds d'écran verrouillage et accueil assez cools. 
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  • HyperAI, bien sûr ! On est en 2025 et tout le monde veut montrer qu'il est roi de l'intelligence artificielle. Xiaomi a l'intelligence de s'associer le plus possible avec Gemini, l'IA de Google facilement intégrable à Android. A partir de Gemini, on peut donc interagir avec les applications de Xiaomi (notes, calendrier, alarme), en plus de la suite Google (Gmail, etc). L'appli Magnétophone (enregistreur vocal) permet de structurer et résumer de l'audio ou des interviews, et la galerie photo est remplie d'outils de retouche et de génération de contexte qui peuvent s'avérer utiles, notamment grâce à l'IA "on device" (donc le calcul est fait par la puce Snapdragon 8 Elite, et non par des calculs sur des serveurs distants). De plus, dans son application Notes, Xiaomi intègre des outils d'IA générative pouvant vous aider dans l'écriture et le résumé de contenu. 
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  • HyperConnect. Xiaomi rentabilise ici la très large gamme d'appareils électronique grand public qu'il commercialise depuis de nombreuses années. Ce qui représente 860 millions d'appareils connectés dans le monde, ai-je appris lors de la présentation. Fusion des interfaces des smartphones et tablettes, combinaison de leurs appareils photos. Certains appareils Apple, tout comme Windows, peuvent également bénéficier de ces fonctions. 

Bien entendu, le Xiaomi 15 Ultra, ainsi que le Xiaomi 15, a une fiche technique totalement haut de gamme. En plus de ce que j'ai déjà évoqué, il y a la charge rapide 90W en filaire (80 ou 50W sans fil) pour la batterie de 5.410 mAh (c'est le seul petit bémol, car ça n'est pas extraordinaire, Oppo et OnePlus sont à 6.000 mAh). Mais bon, je pinaille car ça représente 14,27h d'autonomie. La résistance à l'eau IP68 et aux griffes sont de la partie, et il y a un écran de 6,73" à la très haute résolution, tout comme des améliorations au niveau de la connectivité, etc. 

D'autres appareils présentés

Lors de l'évènement du 2 mars, Xiaomi a également montré la Watch S4 (159€), la Pad 7 (399€), les Buds 5 Pro (200€) ; soir une montre, une tablette et des écouteurs. Et il y avait aussi une trottinette à 629€ (Electric Scooter 5 Max).  

Conclusions

Plus de doute possible: Xiaomi, avec sa série 15 (et surtout son 15 Ultra très audacieux), se positionne comme un fabricant de smartphones premium, visant la première place du podium (il est 3e pour l'instant). Au niveau du matériel et du logiciel, avec ses photos au-dessus de la concurrence et HyperOS 2, il a les armes en main pour y arriver ; mais on sait que les utilisateurs européens qui mettent entre 1.000 et 1500€ dans un smartphone, font davantage confiance à Apple et Samsung. Avec de telles ambitions, je pense cependant que Xiaomi peut continuer à grapiller des parts de marché en 2025, surtout à Samsung, qui a une stratégie assez similaire (un large écosystème matériel, les voitures et les trottinettes en moins...) - et peut-être passer de la 3e à la 2e place...

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