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Dresser des toiles et des ombrières, et faire pousser de la végétation partout: Paris doit accélérer sa transformation pour faire face aux canicules, selon un rapport d'élus qui égratignent parfois le bilan de la maire PS Anne Hidalgo.
Dans un rapport voté à l'unanimité jeudi après six mois d'auditions, et consulté mardi par l'AFP, les élus de la mission "Paris à 50°C" formulent 85 recommandations pour adapter la ville "aux vagues de chaleur".
Si "la Ville de Paris a déjà mis en place de nombreuses actions" pour limiter les effets des canicules, "le risque que Paris surchauffe et devienne inhabitable à moyen terme est réel", préviennent ces élus de tous bords.
Selon les prévisions, la capitale "pourrait connaître des vagues de chaleur en moyenne 34 jours par an d'ici 2080, contre 14 jours par an dans les années 2010", et le nombre moyen de nuits tropicales pourrait y passer de 5 à 35 par an.
Dans une ville "particulièrement minérale et dense", urbanisée "à plus de 80%", les matériaux (pierre, béton, asphalte, zinc) et les activités humaines "génèrent une augmentation supplémentaire de la température pouvant aller jusqu'à 8 ou 10°C par rapport à ses alentours, notamment la nuit", souligne encore la mission présidée par l'écologiste Alexandre Florentin.
Les élus valident les projets de végétalisation déjà menés en nombre par la maire socialiste Anne Hidalgo, comme les "rues aux écoles" - 57 aménagées ou en travaux - ou les "cours oasis" - 100 réalisées à ce stade dans les écoles.
Ils lui demandent aussi d'aller plus loin avec "une placette oasis par quartier" et en généralisant la "débitumisation des places de parking et de vélo", remplacées par de l'herbe. Ils réclament de végétaliser les "façades les plus exposées" à la chaleur avec "des plantes grimpantes à faible entretien".
- Repeindre le zinc ? -
Sur le bâti existant, la mission préconise le développement "des toits-terrasses collectifs" incluant collecteurs d'eau, végétation et production d'énergie renouvelable.
Lorsque cela n'est pas possible, elle demande de peindre les toits "plats et non patrimoniaux" avec "un revêtement clair", et de renforcer l'isolation intérieure des bâtiments historiques, sur leurs derniers étages.
Un sujet sensible compte tenu de l'attachement aux toits traditionnels en zinc, mais qui participent à la hausse des températures. Le groupe socialiste propose ainsi "de réfléchir au remplacement des toits en zinc par des matériaux d'imitation".
Toiles tendues, pergolas, ombrières: les élus recommandent aussi "d'ombrager les grandes places et les avenues", allant jusqu'à proposer "des ouvrages d'envergure sur certaines places fortement minéralisées".
Les projets urbains de la maire PS Anne Hidalgo hérités de sa première mandature, en particulier la Tour Triangle en cours d'édification, sont contestés par ses alliés EELV et des militants écologistes.
"Un urbanisme favorable aux ilots de chaleur urbains a été mis en place et réalisé ces dernières décennies, et semble se poursuivre de nos jours", souligne ainsi Albert Lévy, architecte urbaniste et chercheur au CNRS.
Réalisée sous son prédécesseur Bertrand Delanoë, l'actuelle place de la République est aussi souvent critiquée pour sa minéralité. "L'aménagement de la ville ne fait qu'aggraver les conséquences des fortes températures", abonde la rapporteure de la mission Maud Lelièvre, issue de l'opposition (MoDem).
Et si l'organisation des Jeux olympiques de 2024 a donné un grand coup d'accélérateur au projet d'ouvrir la Seine à la baignade -- un moyen de se rafraîchir en été que les élus veulent généraliser, ils préconisent aussi de "ne pas disperser les ressources pour l'organisation de grands évènements ou de grandes manifestations".
Pour se préparer à "l'éventualité d'un dôme de chaleur", ils recommandent enfin l'aménagement de plusieurs "espaces refuges" pour la population : souterrains, parkings, stations de métro désaffectées...
Ces recommandations pourront être intégrées à deux textes actuellement révisés par l'exécutif de gauche, le plan local d'urbanisme (PLU) et le Plan climat, qui doivent être présentés au conseil municipal en juin et juillet.