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Ce jeudi matin, en pleine mer du Nord, des activistes de Greenpeace Belgique ont mené une action spectaculaire contre le Marvel Swallow, un navire transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. À bord de zodiacs et soutenus par l'Arctic Sunrise, leur bateau emblématique, ils ont manifesté leur opposition à la dépendance persistante de l'Europe au gaz fossile.
Sur leurs bannières, les activistes ont affiché les visages de Vladimir Poutine et Donald Trump, accompagnés du slogan "Leur gaz, votre argent". Par ce message percutant, Greenpeace dénonce une situation paradoxale : bien que l'Union européenne ait récemment interdit le transbordement de gaz naturel liquéfié russe (GNL), les importations de ce même gaz continuent d'augmenter.
"Alors que l’interdiction de transbordement de GNL russe est entrée en vigueur hier, force est de constater que dans le même temps, et avec beaucoup d'hypocrisie, nos importations en GNL russe ne cessent d’augmenter", s'indigne Mathieu Soete, chargé de campagne chez Greenpeace Belgique, présent sur place. "Au lieu de rendre l’Europe plus indépendante et résiliente, nos responsables politiques jouent le jeu de Trump et Poutine. Notre dépendance à leur gaz est un cadeau pour le trésor de guerre de Poutine, renforce la position de force de Trump, et nous risquons d’en payer le prix dans nos factures énergétiques."
Quelques heures après avoir confronté un méthanier américain, des activistes de Greenpeace Belgique ont mené jeudi après-midi une action auprès du méthanier Fedor Litke, en provenance de l'Arctique Russe, annoncent-ils dans un communiqué. À bord de deux zodiacs et soutenus par le navire de Greenpeace Arctic Sunrise, les activistes voulaient ainsi dénoncer la dépendance persistante de l'Europe à l'égard du gaz fossile.
Une consommation de GNL en forte hausse
Depuis la guerre en Ukraine, l’Europe compense la réduction des importations de gaz russe par gazoduc par une augmentation massive des livraisons de GNL, transporté par des méthaniers américains. Or, ce gaz liquéfié est non seulement plus cher, mais aussi plus nocif pour le climat que le gaz naturel classique. Selon Greenpeace, cette situation est largement influencée par le lobbying intensif de l’industrie gazière.
La Belgique joue un rôle central dans ce commerce. Le terminal de Zeebrugge est devenu une plaque tournante pour le GNL en Europe, principalement en provenance de Russie, des États-Unis et du Qatar. Récemment, la capacité de regazéification du terminal a été augmentée et un nouveau contrat d’importation de GNL américain a été signé, tandis qu’un pipeline supplémentaire est en cours de construction vers l’Allemagne.
Un appel à la sortie du gaz fossile d’ici 2035
Face à cette dépendance croissante, Greenpeace appelle à une sortie progressive mais définitive du gaz fossile d’ici 2035. L’organisation interpelle notamment le nouveau ministre belge de l'Énergie, Mathieu Bihet, pour qu’il prenne position en faveur d’une transition énergétique ambitieuse.
"Quel futur énergétique voulons-nous dessiner pour l’Europe ?", questionne Mathieu Soete. "Nous ne pouvons tout simplement pas remplacer le gaz de Poutine par le gaz de Trump. Dans un contexte géopolitique tendu, il est urgent d’accélérer les investissements dans les énergies renouvelables locales, d’adopter des plans massifs d’isolation des logements et de garantir à tous un accès à une énergie verte et abordable."
Via cette action en mer du Nord, Greenpeace rappelle que la transition énergétique ne doit pas seulement viser une diversification des fournisseurs de gaz, mais bien une réduction globale de la consommation de gaz fossile au profit des énergies renouvelables.


















