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L'Otan protège au Kosovo le monastère médiéval de Decani

Situé au pied des montagnes des Balkans, le monastère chrétien orthodoxe de Visoki Decani, symbole de l'héritage religieux de la Serbie au Kosovo, qui a survécu à de nombreux conflits, est aujourd'hui protégé 24 heures sur 24 par des soldats de la Kfor, la force de paix dirigée par l'Otan.

Ils sont postés aux abords du monastère, leur véhicule blindé surmonté d'un gros canon contrastant avec la vallée bucolique où se dresse le monastère, bâti au XIVe siècle, inscrit depuis 2004 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et dont la cathédrale conserve ses fresques originales.

Dans l'enceinte du monastère, les uniformes de camouflage des soldats se mêlent aux robes noires des 20 moines orthodoxes qui y vivent.

La Kfor, un temps chargée de la protection de l'ensemble des sites majeurs orthodoxes au Kosovo ne surveille désormais plus que Decani.

La question des biens religieux est explosive alors que le Kosovo, dont Belgrade n'a jamais reconnu l'indépendance déclarée en 2008, est vu par la Serbie comme le berceau historique de l'orthodoxie serbe, où se trouvent certains de ses monastères les plus importants, dont certains sont devenus des cibles.

Bien que la situation se soit largement pacifiée depuis la guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais, en 1999, lors de laquelle l'Otan est intervenue, les tensions restent latentes au Kosovo, où vivent environ 120.000 Serbes sur une population de 1,8 million d'habitants, en grande majorité des Albanais kosovars.

Les relations entre les deux communautés ne cessent de s'envenimer depuis l'intronisation en mai par Pristina de maires kosovars albanais dans des municipalités à majorité serbe du Nord du Kosovo. L'arrestation mi-juin par Belgrade de trois policiers kosovars a encore aggravé la crise.

- Un refuge -

Si ces préoccupations semblent absentes dans le décor paisible et recueilli du monastère de Decani, ses moines savant que la violence a souvent envahi le site.

"Deux guerres des Balkans, deux guerres mondiales, le communisme... la cathédrale a beaucoup souffert. C'est une sorte de miracle qu'elle ait survécu dans de telles conditions", a déclaré l'un d'eux, le père Petar, aux journalistes dont l'AFP qui se sont rendus sur place sous escorte de la Kfor fin juin.

Le moine ne s'est pas attardé sur les menaces auxquelles le site est confronté aujourd'hui, mettant plutôt l'accent sur le mélange d'architecture gothique, byzantine et orientale du monastère.

"C'est une combinaison des plus beaux éléments de l'art chrétien, de l'est et de l'ouest", explique le père Petar, soulignant que la cathédrale n'avait "jamais changé" au cours de ses 700 ans d'histoire.

Pendant et après le conflit de 1999, le monastère a été un refuge pour des personnes de différentes confessions religieuses, face aux menaces ethniques, a-t-il souligné.

Il a été fondé par le roi serbe Stefan Decanski, d'après qui le monastère et le village voisin ont été nommés, et construit entre 1327 et 1335.

Les fidèles viennent de loin pour prier sur le tombeau du roi Stefan, un saint de l'Eglise orthodoxe.

Les soldats de la Kfor patrouillent à l'intérieur et à l'extérieur du monastère, pendant que les moines accomplissent leurs rituels.

"Notre travail est de maintenir de bonnes relations avec tous les éléments de la municipalité, qui appartiennent à des ethnies différentes bien sûr", rappelle le sergent de la Kfor, Manuel Cetrullo, dirigeant l'unité présente sur le site.

Pendant les affrontements de 1998-1999, la région était un haut lieu de l'Armée de libération du Kosovo (UCK).

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