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Mélenchon fustige une "république bananière" après l'interdiction de sa conférence sur la Palestine

Jean-Luc Mélenchon et la militante franco-palestinienne Rima Hassan ont convoqué leurs partisans sur une place de Lille jeudi soir après une nouvelle interdiction de leur conférence controversée sur la Palestine, que le leader LFI a dénoncée comme "un abus de pouvoir".

Invoquant un risque de "trouble à l'ordre public", la préfecture du Nord a interdit la conférence prévue dans une salle privée. L'université de Lille où elle devait se tenir initialement, l'avait déjà interdite, s'inquiétant de "la sérénité des débats", après la récente attaque de l'Iran contre Israël.

"Hier l'université. Mais aujourd'hui la préfecture (...) Nous interdire de réunion au prétexte de notre sujet est un abus de pouvoir de république bananière", a déploré le chef de file LFI sur X.

"Aux cafards qui ont voté pour les pesticides contre les fourmis, un message: même les abeilles qui se sont abstenues en sont mortes", a ajouté le triple candidat à la présidentielle, dans une sibylline métaphore animale.

Le patron des socialistes Olivier Faure a dénoncé "un affront à la démocratie", les écologistes (ex-EELV) une décision "attentatoire aux libertés publiques".

"Je suis pour qu'on respecte les lois de la République. Après, je suis pour ma part toujours favorable à ce que les gens puissent s'exprimer librement, quand bien même je combats leurs idées", a commenté le président Emmanuel Macron, en marge d'un sommet européen, en réaction à cette interdiction et celle d'une réunion controversée à Bruxelles de représentants de la droite nationaliste, dont Eric Zemmour.

- Vigipirate -

LFI a annoncé "un rassemblement public" avec Jean-Luc Mélenchon jeudi à 18H30 dans le sud de Lille. Une cinquantaine de militants étaient sur place vers 18H00, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La préfecture justifie son interdiction par "des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations" opposées à la conférence, comme l'union nationale inter-universitaire (UNI) ou l'union des étudiants juifs de France (UEJF), pouvant entraîner "des heurts sur la voie publique".

Elle souligne aussi que les forces de sécurité sont déjà mobilisées jeudi par le plan vigipirate, le match de coupe d'Europe Lille-Aston Villa et une commémoration à la synagogue de Lille.

Enfin, elle note que la salle privée réservée in extremis pour l'évènement, limitée à 328 personnes, ne permettait pas d'accueillir le public attendu. Quelque 1.200 personnes étaient présentes mercredi soir à Roubaix pour un meeting avec M. Mélenchon et Mme Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de cette conférence.

- "Mauvais signal" -

Objet des critiques, comme le relève la préfecture dans son arrêté, les "propos tenus par la principale conférencière", Rima Hassan, "sur l'action terroriste du groupe Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023".

La militante, qui a qualifié Israël d'"entité coloniale fasciste", est accusée d'avoir estimé après le 7 octobre qu'il était "vrai" que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime. Un extrait d'interview tronqué, a-t-elle répondu depuis.

Egalement en cause, le logo de l'association étudiante organisatrice, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Une manière de "nier l'existence de l'Etat d'Israël" pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann, ce que l'association réfute.

LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l'un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin. Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités.

Un responsable CGT a par ailleurs été condamné jeudi à Lille à un an de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme" dans un tract de soutien aux Palestiniens, "un très mauvais signal" pour "la liberté d'expression sur ce conflit", a commenté le député LFI Ugo Bernalicis, présent au tribunal.

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