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L'homme d'affaires Vincent Bolloré et plusieurs de ses sociétés se sont désistés des actions en diffamation engagées contre les auteurs de "Vincent tout-puissant", un livre-enquête paru en 2018 notamment consacré à ses activités africaines, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
Dans un courrier du 10 janvier adressé au tribunal correctionnel de Paris et consulté par l'AFP, Vincent Bolloré, Canal+, Vivendi, Bolloré SE et Bolloré Africa Logistics avaient fait part de leur souhait de "se désister de leur action" en invoquant la "cession récente de plusieurs sociétés".
Contacté par l'AFP, l'avocat de l'homme d'affaires, Me Olivier Baratelli, a confirmé que "le groupe Bolloré a décidé de se désister en raison de la cession de ses activités de concession portuaire en Afrique". Le tribunal en a pris acte lors d'une audience relais le 16 janvier.
Co-auteur de l'ouvrage, le journaliste indépendant Nicolas Vescovacci a salué auprès de l'AFP la fin d'une "procédure-bâillon" et d'une "instrumentalisation de la justice". Son avocat Me Christophe Bigot s'est, lui, félicité qu'ait cessé "la pression judiciaire" qui pesait sur ce livre.
Avant même la sortie de cet ouvrage en 2018, M. Bolloré avait tenté d'en empêcher la publication en engageant une procédure au civil qui s'est retournée contre lui et lui a valu une condamnation en mars 2019 pour "procédure abusive".
Après la parution, M. Bolloré et plusieurs sociétés de son groupe avaient déposé des plaintes pour diffamation visant, selon M. Vescovacci, une "centaine" de passages du livre. L'audience était prévue sur deux jours à la fin mars.
Selon Me Bigot, ce désistement n'est toutefois pas suffisamment "tardif" pour justifier une action en "procédure abusive" contre les plaignants, qui aurait pu permettre aux auteurs d'obtenir des dommages et intérêts.
"Tout ça coûte de l'argent, nous prend du temps et mobilise la magistrature pour rien", a déploré M. Vescovacci, qui devra donc assurer les frais d'avocats engagés dans cette procédure.
Le milliardaire Vincent Bolloré et son groupe, coutumiers des procédures à l'encontre de journalistes ou de médias, ont déjà été condamnés pour "procédure abusive" dans plusieurs dossiers.