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C’est un choc pour l’économie française : Brandt, fondée en 1924, va disparaître. Le tribunal des affaires économiques de Nanterre a refusé le plan de société coopérative et participative proposé par les salariés, condamnant l’entreprise à la liquidation judiciaire. Sept cents emplois sont directement menacés.
La nouvelle a aussitôt ravivé le souvenir d’une figure culte de la publicité française : la mère Denis. Depuis l’annonce de la faillite, les journaux télévisés rediffusent les images de cette lavandière normande devenue, dans les années 1970 et 1980, le visage souriant des machines à laver Vedette. Interrogée dans le spot sur sa satisfaction, elle répondait dans son célèbre accent : « Ah c’est ben vrai, ça ! » Une réplique entrée dans la culture populaire, jusqu’au Japon.
Une époque révolue
À son apogée, cette campagne publicitaire était connue de 80 % des Français. Le slogan « Vedette mérite votre confiance » avait marqué une génération. Mais la nostalgie ne suffit plus à préserver l’industrie française, confrontée à une concurrence mondiale accrue et à des prix de production toujours plus tirés vers le bas.
Avec Brandt, ce sont quatre marques qui disparaissent : Brandt, Vedette, mais aussi De Dietrich et Sauter. Malgré leur mobilisation, les salariés n’ont pas obtenu le soutien bancaire nécessaire. Huit millions d’euros manquaient pour boucler le financement, alors même que l’État avait donné son feu vert.
Disparition d’un fleuron français
Le cas Brandt contraste avec celui du verrier Duralex, sauvé récemment grâce à une transformation en coopérative et à une campagne de financement participatif ayant recueilli 19 millions d’euros. Les Français n’ont pas manifesté le même élan pour sauver le fabricant d’électroménager.
Le ministre de l’Économie Roland Lescure a regretté la disparition d’« un fleuron français ». Les deux usines de Brandt étaient les dernières en France à produire des fours et des plaques de cuisson, avec 90 % des pièces fabriquées dans l’Hexagone. L’entreprise misait sur la qualité, mais cela ne suffisait plus dans un marché dominé par l’obsolescence programmée et les coûts de production à l’étranger.
La fin d’une aventure industrielle
Face aux difficultés financières, le principal actionnaire, un groupe algérien, avait décidé de vendre la filiale française, sans trouver de repreneur. Les 700 salariés, dépositaires d’un savoir-faire historique, vont perdre leur emploi à quelques jours de Noël.
La devise de Brandt proclamait : « Brandt construit pour durer ». L’entreprise aura tenu 101 ans.















