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Un "message d'alternance" mais pas de "désaveu complet". Emmanuel Macron semble toujours décidé à ne pas céder au Nouveau Front populaire, venu revendiquer Matignon vendredi à l'Élysée en ouverture des consultations voulues par le chef de l'État et censées déboucher sur la nomination d'un Premier ministre.
A la recherche d'une "solution institutionnellement stable", le président a multiplié les rendez-vous, recevant successivement les représentants de la gauche, du bloc central et de la droite.
Auprès de ses soutiens, il s'est notamment enquis des intentions de chacun en cas de gouvernement comprenant des ministres de La France insoumise. Or tous, d’Édouard Philippe à François Bayrou en passant par Gabriel Attal, ont fait valoir qu'ils censureraient un tel gouvernement.
"Pour l'immense majorité des parlementaires qui se sont exprimés, un gouvernement avec le programme du NFP, c'est-à-dire de LFI, et des ministres de LFI, c'est impossible", a déclaré à l'AFP le président du MoDem, François Bayrou.
Sur la même ligne, les députés LR voteraient "immédiatement une motion de censure" contre un gouvernement comprenant des ministres LFI, a assuré Laurent Wauquiez. Comme le RN, qui l'a déjà fait savoir.
Pour le groupe centriste Liot, dont les voix sont convoitées, LFI "est un point de blocage", a également déclaré son co-président Stéphane Lenormand, sans toutefois se prononcer sur une censure.
M. Macron s'entretiendra lundi avec le RN et Éric Ciotti, ainsi qu'avec les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Il n'est "pas exclu" que de nouvelles consultations se tiennent mardi, en fonction de l'issue de ces premiers échanges, selon l’Élysée. M. Macron a évoqué la nomination "rapide" d'un Premier ministre, selon le socialiste Olivier Faure. L'écologiste Marine Tondelier a exigé "une réponse" présidentielle mardi.
- La "tentation" de Macron -
Le NFP et sa candidate Lucie Castets avaient été reçus les premiers vendredi matin, pendant environ une heure et demie.
Emmanuel Macron "a semblé prendre acte du fait que les Français avaient demandé un changement de cap politique" et c'est "un immense progrès", a déclaré Mme Castets vendredi soir à Montpellier lors de la rentrée politique du PCF.
"Néanmoins, le président s'est plutôt présenté non pas comme un arbitre des institutions, comme le prévoit la Constitution de notre beau pays, mais comme un sélectionneur" et il "semble vouloir composer lui-même son gouvernement", a-t-elle ajouté.
Les législatives ont envoyé un "message d'alternance" au camp présidentiel, sans pour autant constituer un "désaveu complet", a en effet estimé M. Macron devant ses soutiens, selon des participants.
"Il a compris que les Français attendaient une politique différente de celle qui a été menée entre 2017 et 2024". "Après, on n'est pas en cohabitation. On a un président qui a face à lui une Assemblée nationale sans majorité", résume, dans le camp présidentiel, le président du Parti radical Laurent Hénart.
La perspective de voir la candidature de Mme Castets écartée a provoqué l'ire de la gauche. "Une telle décision serait une violation du résultat des élections législatives", a averti le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, promettant motion de censure et procédure de destitution.
"Ça s'appelle un autocrate: qui dirige tout seul", a lancé Jean-Luc Mélenchon vendredi soir en ouverture des Universités d'été de LFI.
Désavoué aux législatives provoquées par sa décision de dissolution, Emmanuel Macron a d'abord invoqué une "trêve politique" pendant les Jeux olympiques et renvoyé la nomination du Premier ministre à l'issue de discussions entre les partis et les groupes parlementaires, chargés de trouver la "majorité la plus large et la plus stable".
- Affaires courantes, record -
Le camp présidentiel cherche une entente avec la droite pour supplanter le NFP en nombre de sièges, loin, toutefois, de la majorité absolue.
La stratégie élyséenne a déjà permis de conserver la présidence de l'Assemblée nationale pour Yaël Braun-Pivet, au moyen d'un accord avec les LR de Laurent Wauquiez.
Devant les représentants de LR vendredi, M. Macron a glissé quelques exemples de prétendants possibles pour Matignon issus de leurs rangs, selon une source interne au parti: ceux des présidents de régions Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, ou encore du maire de Cannes David Lisnard.
Des noms qui en rejoignent d'autres qui circulent ces derniers temps, comme Jean-Louis Borloo (centre-droit) et l'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.
Une partie de la droite serait favorable à une alliance. Mais si LR a esquissé une main tendue en présentant un pacte législatif aux convergences évidentes avec le pacte d'action de Gabriel Attal, ses dirigeants ont exclu toute coalition.
Avec ce casse-tête né de la dissolution annoncée le soir des européennes, Emmanuel Macron n'a toujours pas nommé de successeur à Gabriel Attal, qui expédie les affaires courantes à Matignon depuis 38 jours, un record IVe et Ve Républiques confondues, et a même avancé sur l'ébauche d'un budget pour 2025. Vendredi à l’Élysée, il a conseillé à M. Macron de ne pas nommer un Premier ministre du camp présidentiel.