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C’est la deuxième fois dans l’histoire de France qu’un ancien chef de l’État est privé de sa Légion d’honneur. La précédente fois, c’était le maréchal Pétain, condamné à mort en août 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi. Sa peine avait été commuée par le général de Gaulle en détention à perpétuité.
Évidemment, Nicolas Sarkozy n’a pas été condamné pour des faits aussi graves. Dans l’affaire des écoutes, l’ex-chef de l’État a été reconnu coupable d’avoir, en 2014, tenté de corrompre un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, dans l’espoir d’obtenir des informations confidentielles avec l’aide de son avocat, Me Thierry Herzog.
Tous trois ont été condamnés, en première instance et en appel, à la même peine : trois ans de prison, dont un ferme. Or, la règle de la Légion d’honneur est très stricte : tout détenteur de la décoration est déchu automatiquement s’il est définitivement condamné pour un crime, ou s’il écope d’une peine d’emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme. Et cela vaut pour tout le monde, même pour un ancien président détenteur de la Grand-Croix, le grade le plus élevé. Il est aussi exclu de l’Ordre national du Mérite.
La perspective de cette déchéance avait pas mal secoué la classe politique, surtout à droite, dans le camp sarkozyste. Même Emmanuel Macron, solidarité de collègue oblige, avait exprimé des réserves : « De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision ».
Mais si le Président de la République est officiellement le Grand Maître de l’Ordre, c’est le Grand Chancelier qui applique le règlement. C’est donc le général François Lecointre qui a signé l’arrêté privant Nicolas Sarkozy de ses décorations. Cependant, il reste un espoir pour Sarkozy.
Ses avocats ont tenté un ultime recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, pour faire casser le jugement sur les écoutes. Dans ce cas, la condamnation tomberait, ainsi que ses conséquences. Il y a peu de chances…
Nicolas Sarkozy devra se consoler avec le fait d’avoir été libéré de son bracelet électronique au bout seulement de trois mois, alors qu’il aurait dû le porter un an. Il a bénéficié de clémence, car il a atteint l’âge de soixante-dix ans. Pour autant, ses ennuis avec la justice ne sont pas terminés.
Il a comparu début 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le jugement sera rendu en septembre. La Légion d’honneur, créée en 1802 par Bonaparte, Premier consul, n’a pas toujours fait l’unanimité en France. Son ministre de la Guerre l’avait qualifiée de hochet. Réponse du futur Empereur : « C’est avec des hochets que l’on mène les hommes ».

















